Al-ahram hebdo : Votre élection à la tête de la Fédération s’est faite après 3 ans de conflits internes. Quelle est votre première décision en tant que présidente de la Fédération ?
Lamiaa Saqr : La Fédération, dissoute en 2011, a connu beaucoup de conflits internes. En 2012, les conflits entre les candidats ont provoqué l’annulation des élections. C’était une période de confusion qui a fortement affecté le niveau des athlètes à cause de l’instabilité. Notons que la dissolution de la Fédération a eu pour conséquence la dissolution de toutes les commissions. A cause de cela, les trois disciplines de la sélection égyptienne, à savoir la gymnastique artistique, rythmique et le trampoline, ont travaillé 2 ans sans commission technique chargée d’élaborer un programme d’entraînement et de formation. L’absence de cette commission a également affecté le niveau des entraîneurs qui n’ont reçu aucune formation pour actualiser leurs techniques d’entraînement. C’était donc le chaos total. C’est pour cela que ma première décision concernait la création de nouvelles commissions et la nomination de responsables chargés de mettre en oeuvre un plan de travail qui s’étend jusqu’en 2020.
— A la suite de votre élection, plusieurs personnes ont qualifié ces élections d’illégitimes. Comment allez-vous aborder cette situation ?
— Effectivement, je confronte une guerre acharnée contre moi depuis mon élection. L’histoire a commencé lorsque les membres de la Fédération qui ont élu mon concurrent, Wagdi Aboul-Maati, ont intenté un procès pour ces élections illégitimes, selon eux. Ensuite, le Comité olympique a envoyé une lettre à la Fédération internationale de gymnastique pour ne pas reconnaître les résultats des élections. Mais j’ai reçu un ordre de la part du ministre des Sports, Taher Abou-Zeid, pour commencer le travail car les élections sont transparentes. De mon côté, je vais mettre ces problèmes de côté car j’ai un programme à mettre en oeuvre. Nous devons nous préparer aux Jeux Olympiques (JO) de Rio de Janeiro en 2016 et aux Championnats d’Afrique en 2014. Je vais également travailler pour rassembler la famille de gymnastique. L’instabilité affecte non seulement le niveau des gymnastes, mais aussi leur état psychologique.
— Quelle est votre évaluation du niveau actuel des athlètes ?
— La discipline a connu un vrai recul ces dernières années. La meilleure performance égyptienne a été réalisée au début des années 2000 par Raouf Abdel-Kérim et Walid Al-Déreini qui ont remporté des médailles dans de nombreux tournois internationaux. Je ne peux pas nier que la sélection nationale renferme des gymnastes très prometteurs, mais ils ont besoin d’une bonne formation pour les mettre sur la voie du professionnalisme. En tant qu’ancienne membre de la Fédération, j’ai suivi de près quelques stars comme Mohamad Al-Saharti qui s’est classé 12e dans l’épreuve du cheval d’arçon aux JO de Londres. Il y a aussi Ali Aboul-Qassem qui a pu réaliser un véritable exploit pour la gymnastique égyptienne en se classant 5e à la Coupe du monde 2012 en Belgique. Chez les filles, il y aussi des stars comme Fadwa Mahmoud, la seule gymnaste qui a pu, à 18 ans, remporter une médaille d’or aux JM de Mersin, en Turquie, en juin dernier dans l’épreuve du saut de cheval. Malgré ces exploits, ces gymnastes peuvent faire mieux si la Fédération leur accorde plus d’intérêt.
— Pouvez-vous nous parler de votre programme pour la réhabilitation de ces stars ?
— En premier, je recruterai un expert étranger dans le but d’assurer la relève des sélections juniors et seniors. Deuxièmement, je vais signer un protocole avec la Fédération française de gymnastique afin que la sélection s’entraîne avec la sélection française pendant quelques mois. La sélection égyptienne aura ainsi une assistance technique et médicale. Sur le plan technique, les experts français vont aider nos gymnastes à améliorer leur technique de jeu, surtout la vitesse et la souplesse qui font partie des points faibles de nos gymnastes. Ma troisième démarche visera l’augmentation du budget alloué à la Fédération qui ne dépasse pas quelques milliers de L.E. Afin de réaliser cela, j’ai eu recours à un groupe d’économistes. Je fais en sorte à ne pas dépendre du budget du ministère des Sports et fournir les moyens financiers qui me permettront d’augmenter le nombre des tournois internationaux et de stages.
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