Tantôt c’est une proche que l’on désigne par un surnom mignon, Souma. Tantôt c’est une arlésienne qui se fait discrète, et dont on connaît très peu sur la vie intime. Plus qu’une voix, Oum Kalsoum est une légende. Elle nous accompagne depuis voilà 100 ans, date de son apparition sur scène. Ses chansons rythment notre quotidien, d’aucuns lui réservent des heures d’écoute bien fixes, matin et soir. Des cafés populaires portent son nom, et ne passent que ses chansons en boucle. D’ailleurs, celles-ci continuent à être au top des meilleures ventes, et sont parmi les plus écoutées sur les plateformes musicales, comme Anghami, notamment Al-Atlal (les ruines) et Enta Omri (t’es ma vie).
Durant ses obsèques en 1975, la foule s’est emparée de son cercueil. Il y avait même des personnes qui sont sorties de chez elles pieds nus pour rattraper le cortège, qui a progressé pendant trois heures dans les rues du Caire, de la mosquée de Omar Makram à la place Tahrir, jusqu’au cimetière d’Al-Bassatine où elle est enterrée. Les gens en deuil la pleuraient, ayant l’impression d’avoir perdu celle qui faisait le trait d’union entre les Arabes. Elle soudait les peuples, les communautés. Elle chantait avec véhémence les affres de l’amour, l’honneur de la patrie, les rais du soleil à la surface du Nil. Elle exhortait les fédayins à porter les armes pour libérer la Palestine.
Sur les photos d’archives, elle est le plus souvent entourée d’hommes, des intellectuels de tous bords, des politiciens, des musiciens, des poètes, qui ont contribué à la création de son mythe. Ses histoires d’amour restent bien enterrées et gare à celui qui ose s’en approcher ou chercher à ternir son image. Car on ne peut l’imaginer faible, cette voix de l’Orient, cette villageoise émancipée du Delta, cette première présidente du syndicat des Musiciens, est synonyme de dignité. L’Hebdo vous propose de partager son univers à travers ce dossier.
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