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Centrafrique, que faire dans ce marasme ?

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 26 novembre 2013

La mauvaise situation sécuritaire et humanitaire de la Centrafrique préoccupe la communauté internationale qui cherche à agir pour sauver ce pays du chaos.

Centrafrique, que faire dans ce marasme ?
Malgré le rétablissement du couvre-feu, le gouvernement de transition parait incapable de contrôler la situation. Photo:(Reuters)

Actes de violence, exac­tions, affrontements interethniques, viols, pillages : telle est la situation actuelle en Centrafrique, notamment à Bangui, la capitale. Face à cette insécurité chronique, le président centrafricain a annoncé le rétablissement « incessamment » du couvre-feu levé en octobre. « Je vais prendre le décret incessamment pour restaurer le couvre-feu de 22h à 6h. Tout individu en tenue militaire ou en armes la nuit serait au besoin désarmé par la force », a déclaré vendredi dernier, Michel Djotodia, lors d’une rencontre avec les notables de Bangui au palais prési­dentiel.

En fait, depuis la chute du régime Bozizé au mois de mars, les actes de violence prennent des proportions de plus en plus grandes. Depuis sep­tembre dernier, la violence s’est pro­pagée dans plusieurs localités. Le mécanisme est toujours le même : d’ex-combattants de la Seleka com­mettent des exactions qui provo­quent l’exaspération des populations locales qui, à leur tour, se consti­tuent en milices d’autodéfense et se soulèvent contre leurs agresseurs.

Et la violence a pris des tournures sectaires. En effet, des musulmans figurent parmi les agresseurs. Et, les populations des zones chrétiennes font l’amalgame et s’en prennent donc ensuite aux populations musul­manes qu’elles accusent de soutenir la Seleka.

Un engrenage de représailles, contre-représailles et attaques pré­ventives, auquel s’ajoutent de vieilles rivalités entre paysans locaux et pasteurs nomades, comme les Mbarara venus du Tchad. Des paysans en colère de voir leurs cultures détruites par les troupeaux qui traversent leurs terres. Devant ce chaos, le gouvernement de transition paraît incapable de contrôler la situation. Selon des spécialistes, même la décision de la dissolution de la rebelle Seleka début septembre n’a servi à rien. « La grande erreur du président Djotodia a été d’inter­dire la Seleka sans désarmer ses combattants », explique Christopher Fomunyoh, analyste et directeur du NDI, et d’ajouter : « Les armes sont partout. Et aujourd’hui personne ne peut dire qui contrôle quoi ».

Risque de génocide

Désormais, Washington, Paris et l’Onu évoquent un risque de géno­cide dans le pays, tant la situation est devenue incontrôlable. Le ministre français des Affaires étran­gères, Laurent Fabius, a pour sa part indiqué que le pays était au « bord du génocide ». Pour lui, il y a plus que jamais urgence à agir. « Aujourd’hui, c’est le désordre absolu, vous avez 7 chirurgiens pour 5 millions d’habitants, une mortalité infantile dans certains coins du pays de 25 %, un million et demi de per­sonnes qui n’ont rien, même pas à manger, des bandes armées, des bandits, etc. », a dénoncé Fabius la semaine dernière. La France, qui compte déjà sur place un peu plus de 400 militaires, envisage de faire passer ses effectifs à un millier d’hommes. Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, s’est dirigé vendredi à Libreville, au Gabon, où sont stationnés environ 900 militaires. Par ailleurs, 350 hommes ont embarqué samedi à Toulon à destination du golfe de Guinée, équipés de véhicules blin­dés légers et d’hélicoptères, pour être prêts à renforcer l’effectif fran­çais en Centrafrique quand l’ordre en sera donné.

Pour sa part, le président français, François Hollande, a appelé la com­munauté internationale à agir envers les exactions en cours affirmant que la France compte bien prendre sa part de responsabilités.

Comme action immédiate, le secrétaire général de l’Onu a propo­sé le déploiement de 6 000 à 9 000 casques bleus. « Il y a un besoin urgent de répondre à la crise avant que la situation n’échappe à tout contrôle et mène à un nombre plus important de victimes. Nous avons une opportunité et la responsabilité d’empêcher ce qui pourrait devenir des atrocités généralisées », a indi­qué Ban Ki-moon.

Washington, qui a déjà pris ses dispositions, a débloqué 40 millions de dollars (30 millions d’euros envi­ron) pour prêter main forte à la future force de maintien de la paix de l’Union africaine, et a appelé la communauté internationale à soute­nir la force africaine de maintien de la paix afin de rétablir la sécurité dans le pays. En revanche et selon le secrétaire d’Etat américain, John Kerry : « Les Etats-Unis ne voient aucune preuve que le gouvernement de transition de la République cen­trafricaine n’a ni la capacité, ni même la volonté politique de mettre fin aux violences » .

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