Dans une déclaration devant le parlement, le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a annoncé sa volonté d’engager un dialogue et d’entamer de nouvelles négociations, assurant que son « pays était prêt à écouter les demandes de l’Egypte, mais loin du processus du remplissage du barrage, et appelant l'Egypte à répondre aux demandes de l’Ethiopie ». En réplique à ces déclarations, le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Abu Zeid, a affirmé dans une intervention télévisée que les déclarations éthiopiennes renferment « un certain degré d’ambiguïté et que Le Caire a annoncé sa position officielle ». Il a clarifié : « Nous avons arrêté de poursuivre ce processus de négociation, qui n’aboutit pas à une fin claire et ne révèle ni de véritables intentions politiques ni une volonté de parvenir à un accord ». Abu Zeid a également souligné que « Le Caire a dit des centaines de fois qu'il n'était pas contre le développement de l'Ethiopie, qu'il était prêt à aider dans les projets de développement et qu'il n'était pas contre le principe de la construction du barrage, mais qu'il voulait garantir les droits des Egyptien en eau du Nil ».
Mi-juillet, le président Abdel Fattah Al-Sissi et Abiy Ahmed s’étaient donné quatre mois pour parvenir à un accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage. En vain. Le 10 septembre dernier, Abiy Ahmed a annoncé avoir terminé le remplissage du grand barrage de la Renaissance sans accord préalable avec les pays en aval, violant une nouvelle fois la déclaration de principes de 2015 concernant le barrage.
Pour l’expert en ressources hydrauliques à la faculté d’agronomie de l’Université du Caire Nader Nour El-Dine, « Abiy Ahmed n’est pas sérieux dans ses déclarations. Elles représentent seulement un message adressé à l’étranger pour montrer les soi-disant bonnes intentions de son pays, non seulement envers l’Egypte, mais également envers la Somalie ». En effet, outre les différends entre Le Caire et Addis-Abeba, les relations entre l’Ethiopie et la Somalie sont tendues suite à la signature d’un accord avec le Somaliland — territoire qui a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991 — pour la construction d’un port et d’une base militaire navale à l’entrée de la mer Rouge.
Pour Nour El-Dine, face à l’impasse actuelle, deux options restent possibles : « Le président Sissi et Abiy Ahmed doivent intervenir pour parvenir à un accord qui garantisse les droits des deux pays, notamment en s’accordant sur le fonctionnement des 13 turbines du barrage, au moins pendant 300 jours au cours de l'année pour éviter la perte des eaux et garantir la sécurité hydrique en Egypte. Notamment durant la période de sécheresse qui a commencé en 2023 et qui peut s’étendre au long des six prochaines années. Mais si ce n’est pas le cas, conformément à l’article 10 de la déclaration de principes, l’Egypte a tout le droit d'appeler à une médiation internationale destinée à parvenir à un accord consensuel entre les trois pays ».
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