Ecouter les appels de la terre.
Comme d’habitude, Nazli Madkour lance une invitation à se reconnecter avec soi-même. Et ce, en soulevant plusieurs interrogations : faut-il rejeter la société actuelle ? Changer radicalement de mode de vie ? Etre plus en accord avec son environnement naturel ? Les 40 toiles de son exposition actuelle, Earthing (mettre à terre), à la galerie Picasso, marquent un retour à la terre, l’un des thèmes favoris de l’artiste. « Nous rêvons d’un espace protecteur où les plantes ne demandent qu’à pousser et où l’homme parvient à s’épanouir dans un milieu favorable, sans stress et sans conflit. Notre salut peut se trouver dans le retour à la nature. Sans la terre, l’homme risque de se perdre à jamais », souligne Nazli Madkour.
Dans ses oeuvres, qui laissent libre cours à l’imagination et la réflexion, l’artiste est constamment à la recherche d’une dimension utopique et abstraite. Ses toiles misent sur une gamme de couleurs brillamment agencées et sur de belles compositions abstraites, nous plaçant dans un tourbillon de vie. Elle anime ainsi tout un monde de sens et de sensations, miroir des états d’âme et des émotions humaines. C’est une multitude de mémoires, de désirs, de passions, de joies et de peines qu’elle met en avant. « Il incombe à chacun de façonner la réalité à sa manière. A partir de là, il saisira sa place dans le cosmos et le sol pourra lui transmettre son énergie. Car les corps humains sont de bons conducteurs d’énergie », ajoute Madkour, qui utilise parfois du sable, du papyrus, du papier mâché, des cordes ou de la pâte à modeler dans ses toiles en acrylique. Tous des éléments qui viennent de la terre.
Déceler les détails cachés dans chaque toile.
De la suggestion
Avec des frappes de pinceaux, entre l’accéléré et le ralenti, le puissant et le serein, elle nous communique une sorte d’énergie électrique en mouvement. « Earthing n’est pas un récit qui raconte des histoires, mais une terre qui communique des sensations humaines », affirme Nazli Madkour qui est toujours en quête d’un état originel et éthéré, d’un monde en train de se former et de se développer.
Le va-et-vient parmi ses peintures ressemble à une aventure lyrique. Voici la terre qui pointe le jour sous l’effet du soleil. Dans une autre toile, nous retrouvons l’haleine du printemps. Et dans une troisième, la terre vit dans le brouillard. « J’ai besoin de défier mes sentiments dans un langage libre. (…) L’abstraction introduit de nombreuses ambiguïtés dans l’oeuvre et fait remonter les sentiments refoulés à la surface. (…) Je n’ai jamais eu l’intention de peindre des fleurs, des déserts, des maisons de campagne ou même des femmes, mais c’est plutôt leur effet que j’ai voulu saisir », a écrit Nazli Madkour dans un livre qui porte son nom, aux éditions Al-Karma, pour résumer un style bâti sur la suggestion.
Jusqu’au 22 février, de 10h à 21h (sauf le dimanche), à la galerie Picasso, 10, rue Hassan Assem, Zamalek.
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