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Senthill Nathan : Je tiens à l’hybridité entre la machine (IA) et l’apport de l’être humain

Chennaï, envoyée spéciale, Par Dina Kabil, Mercredi, 14 février 2024

L’éditeur indien Senthill Nathan, fondateur de la maison Aazhi Publishers et l’un des organisateurs du Salon international du livre de Chennaï (Inde), investit dans le domaine de ChatGPT, pour faire évoluer l’industrie du livre. Entretien.

Senthill Nathan

Al-Ahram Hebdo : Quel est le centre d’intérêt de votre maison d’édition Aazhi Publishers ?

Senthill Nathan : Nous sommes connus pour nos livres en politique, économie et histoire. Nous avons étendu nos cercles d’intérêt pour répondre aux besoins des livres pour enfants, en plus du monde des affaires et de la technologie. Petite maison, nous avons commencé par un catalogue de 15 à 20 ouvrages, basés sur un travail de qualité et sur des recherches, puis grâce aux aides à la traduction et au Salon international de Chennaï, nous sommes arrivés à étendre notre travail, que ce soit le nombre de publications ou le recours à l’Intelligence Artificielle (IA). J’ai travaillé comme reporter politique dans la presse ; je me suis appuyé sur les sujets d’actualité en sociologie politique comme la question de la femme, l’anti-globalisation, le changement climatique. Je suis sûr que si je publie aujourd’hui un livre sur la Palestine, cela fera un franc succès, parce que la majorité des Indiens, en particulier au Tamil Nadu, sont solidaires avec les Palestiniens. Pendant le Printemps arabe, de nombreux ouvrages sont sortis en Inde, afin d’offrir une relecture des événements.

— Pouvez-vous présenter votre projet de ChatGPT ? Et comment est-il conçu afin de soutenir l’édition ?

— Aliyasa est une plateforme d’IA qui vise à créer, à traduire et à faire le design de n’importe quel contenu : livres, infos, marketing numérique, blogs. C’est un produit global, il est prévu dans plus de 100 langues. Il représente une grande aide pour les éditeurs, surtout dans leur travail de traduction. Mais il faut faire attention avant de construire des idées oniriques sur une traduction magique automatique. Je tiens à souligner que j’impose des règles très strictes à quiconque utilise cette application.

D’abord, la chose la plus importante est qu’il ne s’agit pas de traduire des livres de fiction. L’écriture créative en est exclue, selon mon point de vue. Par contre, les textes académiques, les oeuvres ne faisant pas partie de la fiction et les travaux de recherche, avec des données et une terminologie bien précises, sont tout à fait traduisibles.

Le second point est l’hybridité. Je tiens à l’amalgame entre la machine (IA) et l’apport de l’être humain. On ne peut pas compter entièrement sur l’automate. Bien évidemment, Google Translate, Google Lens et ChatGPT sont des engins principaux sur lesquels repose Aliyasa, en tant que plateforme de connectivité, mais l’apport humain reste important. Par exemple, vous voulez produire un livre scolaire ou académique, la plateforme vous permet de bien gérer votre temps. En quelques minutes, vous aurez le premier jet du livre, surtout que le travail de l’IA s’est beaucoup développé ces dernières années. Puis viennent les interminables possibilités de modifier, de restructurer, de rééditer … une fois que vous avez le contenu dans une langue, vous pouvez passer ensuite à d’autres langues. Cela veut dire que le processus n’est pas entièrement automatique, mais la plateforme vous garantit des données de base sur lesquelles vous pouvez construire.

— Concrètement, comment la plateforme peut-elle marquer positivement l’industrie du livre ?

— J’insiste sur la productivité, sur l’élément temps. Les grandes compagnies et maisons d’édition peuvent, grâce à cette formule, sauver beaucoup de temps. A travers Aliyasa, on peut préserver le contenu traduit vers une autre langue dans sa formule maquettée (Indesign), sans avoir besoin de refaire la maquette. Elle offre aussi une facilité de transformer le contenu, le texte en audio, automatiquement. En plus de la productivité, le temps nécessaire pour traduire un ouvrage passera de quatre mois à deux semaines, en tenant compte du fait qu’on sera amené à faire un travail de révision et de réécriture, à retoucher la traduction automatique.

En outre, le programme Aliyasa permet un contrôle total de l’éditeur sur le contenu, en toute sécurité, puisqu’il permet de protéger le partage de l’information. Vous avez le contrôle sur les propriétés intellectuelles. A vous de choisir si vous désirez les partager ou les protéger. C’est entièrement sécurisé.

— Que dites-vous à l’utilisateur ? Comment aura lieu l’accès « amical » que vous décrivez ?

— L’aspect le plus important dans Aliyasa c’est le Chat Books. Un lecteur peut visiter le site d’une maison d’édition, poser des questions et il aura tout de suite les réponses tirées du livre même. Le plus souvent, le chercheur ou le lecteur intéressé par un livre en particulier part d’une hypothèse, et s’il trouve que le livre répond à ses attentes, il l’achètera directement. C’est comme si vous visitez une librairie et que vous feuilletez un livre, mais ici vous aurez automatiquement les réponses à vos questions.

Actuellement, nous travaillons sur nos ouvrages en tamil et sur leur traduction vers l’anglais, cette initiative a eu beaucoup de succès. J’aimerais aussi faire des essais avec la langue arabe.

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