La police monte la garde devant un poste de police pendant les élections nationales à Karachi, au Pakistan. Photo : AFP
Les candidats indépendants, pour la plupart liés au parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), ont remporté le plus grand nombre de sièges lors du scrutin, réduisant ainsi les chances de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) de l'ex Premier ministre Nawaz Sharif, soutenue par l'armée, d'obtenir une majorité pour diriger le pays.
Le parti d'Imran Khan n'a pas été autorisé à figurer sur les bulletins de vote, ses candidats devant se présenter comme indépendants. Mais les indépendants ne peuvent pas former un gouvernement, ce qui laisse augurer de semaines d'incertitude politique, où les partis rivaux vont devoir négocier d'éventuelles coalitions.
Les dirigeants du PTI affirment qu'ils auraient remporté encore plus de sièges si les élections n'avaient pas été truquées selon eux.
La coupure par les autorités des services de téléphonie et d'internet mobiles jeudi, jour du scrutin, et la lenteur du décompte des résultats ont fait soupçonner des tentatives de manipulations du processus électoral par les militaires, visant à faire gagner le PML-N.
"Dans tout le Pakistan, les élections ont été truquées de manière subtile", a déclaré le président du PTI, Gohar Ali Khan, lors d'une conférence de presse samedi, appelant ses partisans à "manifester pacifiquement" dimanche.
Les autorités ont prévenu qu'elles prendraient des mesures strictes, en vertu d'une loi de l'ère coloniale qui interdit les rassemblements de cinq personnes ou plus. "Certains individus incitent à des rassemblements illégaux autour de la Commission électorale et d'autres bureaux gouvernementaux", a déclaré dimanche la police de la capitale, Islamabad.
"Des poursuites judiciaires seront engagées contre les rassemblements illégaux. Il convient de noter qu'appeler à des rassemblements est aussi un délit."
Avenir politique "très incertain"
Un avertissement similaire a été émis à Rawalpindi, au sud d'Islamabad, tandis que des correspondants de l'AFP ont vu des dizaines de policiers équipés de matériel anti-émeute se rassembler près du Liberty Market de la ville de Lahore (est).
Le parti de M. Khan a dû affronter une répression de plusieurs mois qui a paralysé sa campagne mais n'a pas empêché ses candidats, forcés de se présenter en tant qu'indépendants, de sortir vainqueurs du scrutin.
Les résultats définitifs ont été annoncés dimanche : les indépendants ont remporté 101 sièges, le PML-N 75, le Parti du peuple pakistanais (PPP) 54 et le Muttahida Qaumi Movement (MQM) 17.
Dix petits partis ont remporté les 17 sièges restants, deux postes restant vacants.
"Les résultats indiquent clairement qu'aucun parti ne dispose d'une majorité simple permettant de former un gouvernement", a déclaré l'analyste politique Zahid Hussain. "L'avenir politique du pays est désormais très incertain", a-t-il estimé.
Néanmoins, les dirigeants du PTI estiment avoir reçu un "mandat du peuple" pour former le prochain gouvernement du Pakistan. "Le peuple s'est prononcé en faveur d'Imran Khan", a déclaré le président du PTI, Gohar Ali Khan dans un entretien accordé à Arab News.
Une alliance entre le PML-N et le PPP - qui a formé le dernier gouvernement après avoir évincé M. Khan par un vote de défiance en avril 2022 -, semble toujours être le scénario le plus probable.
Appelant les chefs de partis politiques à faire preuve de "maturité politique" et "d'unité", le chef de l'armée pakistanaise Syed Asim Munir a déclaré samedi dans un communiqué: "La nation a besoin de mains sûres et dotées d'un pouvoir de guérison pour rompre avec la politique de l'anarchie et de la polarisation".
L'armée occupe une place centrale dans le paysage politique pakistanais: le pays a été dirigé par des généraux pendant près de la moitié de sa jeune histoire, depuis la partition d'avec l'Inde en 1947.
Le PML-N, fondé par Nawaz Sharif - qui a été trois fois Premier ministre - et soutenu par l'armée, a revendiqué sa victoire en tant que parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges. Mais pour former un gouvernement, il sera contraint de conclure des accords avec des partis rivaux et des indépendants.
M. Khan n'a pas pu se présenter aux élections après avoir été condamné à plusieurs longues peines de prison, dans les jours précédant le scrutin. Début février, il a été reconnu coupable de trahison, de corruption et d'avoir contracté un mariage non islamique dans trois procès distincts, parmi les quelque 200 poursuites lancées contre lui depuis son éviction.
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