Le marché égyptien connaît une hausse de prix sans précédent depuis le début de l'année 2024. Photo : Al-Ahram
Tandis que le mois de Ramadan approche, les Egyptiens se ruent sur les magasins et les supermarchés pour faire leurs provisions de produits alimentaires. Les prix augmentent habituellement pendant les premiers jours du mois sacré. Cette année cependant, le Ramadan intervient dans un contexte de crise économique due notamment aux tensions géopolitiques régionales.
Durant les dernières semaines, les prix des produits alimentaires sont montés en flèche. Ainsi, le kilo de viande coûte 450 livres (contre 300 en janvier), le prix des volailles est passé de 120 à 150 livres, celui du lait de 30 à plus de 40 livres, le sucre est passé de 30 à 50 livres, le riz de 30 à 40 livres et les légumes de 70 à 160 livres. Des prix qui risquent de grimper encore avec la hausse traditionnelle du mois de Ramadan.
« La hausse des prix des denrées alimentaires est devenue un vrai fardeau qui pèse sur les budgets des familles. De nombreuses familles sont aujourd’hui obligées de renoncer à certains produits. Et à l'approche du mois Ramadan, cela nous cause un problème car c’est un mois qui a des rites spéciaux », explique Omaima Fouad, femme au foyer.
Les commerçants et les importateurs sont montrés du doigt qui pointent à leur tour le gouvernement.
En fait, l'instabilité des taux de change, la pénurie de devises étrangères, et les agissements de certains commerçants qui manipulent le marché sont les ingrédients de la crise.
« La hausse des prix est due à l’instabilité des taux de change. Le dollar entre directement ou indirectement dans les industries égyptiennes. Et certains commerçants, profitent de la crise, pour augmenter les prix. Le gouvernement doit mettre sur le marché des quantités plus importantes de produits alimentaires, résoudre les problèmes des importateurs et faciliter les exonérations douanières », explique Hicham Hamdy, économiste.
Islam Al Tamsah, économiste et membre des chambres de l’industrie et du commerce ajoute : « La cherté n’est pas seulement due aux commerçants mais à l’augmentation du prix mondiaux des produits importés. La fièvre des achats s'est emparée des consommateurs qui craignent la hausse des prix et les pénuries. Il faut trouver une solution à cette ruée des citoyens pour acheter les marchandises. Le gouvernement doit intervenir pour stabiliser les marchés et activer le rôle de l’Agence de protection des consommateurs »
Pour sa part, le gouvernement multiplie les efforts pour contrôler les marchés. Le ministère de l’Approvisionnement et du Commerce intérieur a annoncé l'inauguration, le 15 février, de l’exposition Ahlan Ramadan dans tous les gouvernorats pour vendre les denrées alimentaires à des prix convenables.
D'un autre côté, le parlement a promulgué une loi qui donne aux officiers de l'armée le pouvoir d'arrêter et de juger les commerçants qui monopolisent certaines denrées. De même, le rôle des inspecteurs de l’Approvisionnement et de l’Agence de Protection des Consommateurs, a été renforcé.
Il s’agit d’interdire aux commerçants de manipuler les prix ou de cacher certaines marchandises pour créer une pénurie et augmenter les prix. « Notre rôle se limitait à surveiller les dates d’expiration des marchandises et les composants des produits mais pas les prix », explique Eslam Hagazy, responsable à l’agence de protection des consommateurs.
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