L’investissement et la fourniture d’une infrastructure solide sont parmi les principaux défis de l’Intelligence Artificielle (IA). L’Egypte a lancé un projet visant à développer les infrastructures de télécommunications afin d’être mieux préparée à recevoir des projets d’IA. Des subventions ont été accordées pour renforcer les capacités des chercheurs et des laboratoires, financées par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et par le Centre d’excellence scientifique, en plus d’un autre programme de soutien à la recherche fondamentale et appliquée.
Professeur à la faculté d’ingénierie de l’Université de Hélouan, Ahmed Seddik, spécialiste dans le domaine de l’IA, affirme que l’Egypte a réussi à franchir d’énormes pas en ce qui a trait à la mise en place d’une infrastructure appropriée aux services de l’IA dans différents gouvernorats de la République. Il rappelle qu’au cours des dernières années, les services Internet 4G ont été mis en place dans tout le pays. En 2022, l’Egypte a reçu le prix de l’Internet fixe le plus rapide du continent africain décerné par Ookla, leader mondial dans le domaine de la mesure et de l’évaluation des vitesses Internet. En plus, l’Egypte a pris des mesures constantes pour introduire la technologie 5G, le réseau de cinquième génération qui entraînera le développement et la modernisation du monde de l’espace et de l’information.
Il ajoute que toutes les nouvelles villes, les villes intelligentes créées par l’Etat au cours des dernières années, sont basées sur l’utilisation de l’IA dans les activités quotidiennes et économiques. C’est dans ce cadre, explique Seddik, que « les réseaux de télécommunications mis en place dans ces nouvelles villes, avec à leur tête la Nouvelle Capitale administrative, sont en fibres optiques. Cette infrastructure moderne assure la stabilité et la continuité des services même en cas de panne d’Internet. En plus, il s’agit de réseaux fortifiés et impénétrables à 15 mètres de profondeur sous terre. Ce qui fait de ces nouvelles villes les plus grands projets de transformation numérique en Egypte et un modèle d’application de l’IA ».
De même, l’Etat a mis en oeuvre un projet visant à connecter l’ensemble des quelques 31 500 bâtiments gouvernementaux du pays au réseau des fibres optiques. Jusqu’à présent, plus de 18 000 bâtiments gouvernementaux ont été connectés à ce réseau. Des travaux sont en cours pour achever la connexion avec le reste des bâtiments.
A noter que le coût du réseau mis en place à la Nouvelle Capitale administrative, seule, est estimé à environ 100 milliards de L.E. Un fardeau lourd qui nécessite, selon les spécialistes, la participation du secteur privé.
Une législation au service de l’IA
Si les aspects positifs de l’IA sont importants, certains dangers liés à l’usage de cette technologie nécessitent la promulgation d’une législation pour protéger les données. C’est ce que l’on appelle les droits de la propriété intellectuelle.
Le député Ahmed Badawi, président de la commission des télécommunications et des technologies de l’information au Conseil des députés, affirme que la commission est sur le point de commencer à discuter d’un certain nombre de clauses réglementant les activités de l’IA en Egypte. Ces nouvelles clauses peuvent être ajoutées à la loi sur les technologies de l’information, promulguée en 2018, ou peuvent constituer une nouvelle loi qui traitera de tous les détails de l’IA.
Bien qu’une législation spécifique à l’IA soit encore en cours d’étude au Parlement, certaines lois existantes, telles que la loi sur la réglementation des télécommunications (loi n°10 de 2003), régissent certains aspects de l’IA, même de manière indirecte. Cette loi, qui concerne principalement les services de télécommunications, aborde la gestion des données numériques, composante essentielle de l’IA.
En outre, la loi sur la protection des données de l’année 2020 joue un rôle crucial dans la réglementation de l’IA. Cette loi fixe les normes en matière de confidentialité et de sécurité des données. Ceci en relation avec les systèmes d’IA qui gèrent d’énormes quantités de données personnelles.
Soulignant l’importance de la promulgation d’une législation sur l’IA en Egypte, Seddik assure que, comme c’est le cas avec toute innovation, « certains utilisateurs profitent de cette nouvelle technologie pour faire des actions illégales ». Les étudiants peuvent rédiger leurs thèses, leurs doctorats et leurs projets via certaines applications de l’IA. Il y a aussi les pirates informatiques qui s’attaquent aux données personnelles, commerciales ou même sécuritaires des institutions ou des personnes. « Tous ces exemples montrent l’importance de la promulgation d’une loi sur l’IA pour réglementer les conditions de son utilisation », conclut-il.
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