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RDC : la paix reportée

Abir Taleb avec agences, Mardi, 19 novembre 2013

Le gouvernement de la RDC et la rébellion du M23 posent chacun ses conditions pour la signature d'un accord de paix. Le différend porte en grande partie sur des questions sémantiques reflétant le statut juridique du M23.

RDC

Malgré le rendez-vous raté de la semaine der­nière, l’espoir de voir un accord signé entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23 n’a pas complè­tement disparu. En effet, les autorités congolaises ont réaffirmé cette semaine leurs bonnes intentions pour trouver un terrain d’entente. Par la voix de son porte-parole, Lambert Mende, le gouvernement congolais a déclaré vouloir voir aboutir « dans un délai raisonnable » son dialogue avec les ex-rebelles du M23 pour mettre un terme à 18 mois de conflit armé.

« Le gouvernement de la RDC réaffirme sa volonté de mener à bon terme les pourparlers de Kampala (en Ouganda) en procédant à la signature, avec le M23, d’un docu­ment » qui mettra fin au conflit entre cette rébellion et l’armée congolaise, a dit Mende, lors d’une conférence de presse à Kinshasa.

Sans être un « accord », ce docu­ment permettrait « juridiquement de donner une force contraignante à la déclaration de renonciation à la rébellion qu’a faite le M23 le 5 novembre et de régler les questions liées au cantonnement, au désarme­ment, à la démobilisation et à la réinsertion sociale de ses ex-combat­tants », a ajouté Mende.

Si aucun consensus n’est trouvé « dans un délai raisonnable », le gouvernement appliquera les princi­pales dispositions sur lesquelles les deux parties s’étaient entendues avant le 5 novembre, date de la défaite militaire du M23, a indiqué le porte-parole, également ministre de la Communication.

Cela dit, Kinshasa refuse toujours de sceller avec le M23 un « accord de paix », estimant que cela équivau­drait, selon Mende, à donner « un statut légitime à une force négative », qui plus est défaite par les armes. Ainsi, en insistant sur le terme « déclaration » et non « accord », le porte-parole du gouvernement rap­pelle que Kinshasa n’a pas changé d’avis.

En face, l’ex-rébellion non plus. Le président du M23, Bertrand Bissimwa, affirme qu’il s’agit d’une question de principe. Il n’y a pas de raison de changer les termes de l’en­gagement pris le 4 novembre. Et ce, même si certains membres de l’ex-rébellion affirment publiquement être prêts à céder aux exigences de Kinshasa.

« Dialogue » vs « accord »

En effet, au départ, les deux parties étaient d’accord sur le texte lui-même qui devait être signé le 11 novembre dernier et sur les 11 articles qui le composent, mais c’est visiblement son intitulé qui a provoqué un blo­cage : une simple différence séman­tique qui signifie que les désaccords restent profonds.

Lundi 11 novembre, le texte soumis par la délégation congolaise s’intitu­lait : Conclusion du dialogue. Derrière ces mots, il y a tout un symbole. Pour Kinshasa, ce nouvel intitulé reflète le nouveau rapport de force après la défaite militaire du M23 sur le terrain. De son côté, la rébellion avançait que tout le monde s’était mis d’accord le 4 novembre, à la veille de sa défaite, et qu’il n’y avait donc pas lieu de modifier le nom de ce texte à signer, à savoir le terme « accord ».

Malgré les déclarations de bonne volonté, le scepticisme est de mise, d’autant plus que les négociations de Kampala ont été suspendues depuis l’échec de la semaine dernière. En effet, le risque que le texte ne soit pas signé est bel et bien réel, même si les deux parties se disent toujours enga­gées à aboutir à un texte.

L’autre risque, c’est que le fait de rester sur cette ligne dure puisse entretenir ou relancer des tensions entre les communautés dans l’est du Congo, comme, par exemple, vis-à-vis de la minorité tutsie congolaise, des Rwandophones souvent associés au Rwanda alors qu’ils vivent au Congo depuis des générations.

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