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Des musées tombés dans l’oubli

Doaa Elhami , Mercredi, 31 janvier 2024

Nombreux sont les musées peu visités malgré leur beauté et leur valeur patrimoniale. L’Hebdo en a visité cinq riches en histoire.

Des musées tombés dans l’oubli
(Photo : Doaa Elhami)

Le musée du palais Zaafaran

Au coeur de l’Université d’Aïn-Chams, située dans le quartier Abbassiya, se dresse le palais Zaafaran, dont le sous-sol a été transformé en musée. Ce dernier présente 167 pièces de plusieurs époques de la civilisation égyptienne.

La salle principale est rectangulaire et renferme deux sarcophages en calcaire. Dans une pièce circulaire adjacente se trouve un troisième anthropoïde en bois peint appartenant à un certain Weser-Hat-Set. Dans cette même salle, le visiteur découvre des vases canopes et des ouchebtis de l’époque tardive de l’Egypte Ancienne, ainsi que des pancartes explicatives des étapes de la momification.

Parmi les pièces exposées, certaines proviennent de la cachette de Karnak. Il s’agit de deux statues en granit noir qui ont été mises au jour en 1905 par l’égyptologue Georges Legrain de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO), ainsi que d’un disque solaire en calcaire datant du règne de Ramsès II. Il ne faut pas oublier non plus une statuette en bronze d’Imhotep, empruntée au Musée égyptien du Caire. Cette statuette, malgré sa taille modeste, est d’une grande valeur. Imhotep était médecin, chef des astronomes et architecte de la pyramide à degrés.

Outre les pièces datant de l’Egypte ancienne, le musée présente à ses visiteurs des papyrus et des manuscrits de l’époque islamique, tels que le Coran orné de motifs botaniques et géométriques colorés et le manuscrit culinaire qui décrit la gastronomie pendant l’époque islamique. Il ne faut pas oublier non plus les monnaies datant d’époques variées et exposées dans des vitrines. Le musée abrite également des pièces de l’époque alide, comme des médailles d’honneur et des aquarelles représentatives des souverains de toute la famille depuis son fondateur Mohamed Ali jusqu’au roi Farouq, dont une photo prise par le photographe Riyad Chéhata.

La moitié des pièces du musée proviennent de la région Arab Al-Hisne dans le quartier historique de Matariya, l’ancienne ville du soleil « Oun ». Ces pièces sont les résultats des fouilles de l’Université de Aïn-Chams entamées entre les années 2017 et 2022 sur le site Arab Al-Hisne. Parmi les chefs-d’oeuvre de cette collection surgit la façade de la chapelle en calcaire coloré du prince Neb-Maet-Râ, fils aîné du roi Ramsès IX (1125-1107 av. J.-C.) de la XXe dynastie. Habilement restaurée, elle est exposée sous un éclairage distingué.

Malgré la beauté des pièces exposées dans ce musée, une minorité s’y rend. Ce sont plutôt les étudiants de l’université, notamment ceux de la section d’histoire ou d’archéologie, qui le visitent. Quant au grand public, il ignore même l’existence de ce musée.

 Adresse : A l’intérieur de l’Université de Aïn-Chams

Horaires de visite : 9h-14h, sauf le vendredi

Entrée gratuite

Photographie gratuity


(Photo : Doaa Elhami)

 Le musée de la Poste

 Installé en 1934 sous le règne du roi Fouad Ier, le musée de la Poste a ouvert ses portes officiellement au grand public en 1940, sous la régence du roi Farouq. Renouvelé et ouvert en 2022, ce musée, situé à la place Ataba, au centre-ville du Caire, retrace l’histoire du développement de la correspondance en Egypte depuis l’aube des temps.

Le visiteur découvre dans ce musée une statue représentative du célèbre scribe de l’Egypte ancienne, des ânes portant des sacs postaux tirés par un ouvrier, un messager présentant une lettre en papyrus roulée à un roi, des statuettes de pigeons voyageurs utilisés pendant l’âge islamique, des exemplaires de trains, de navires et de types d’avions utilisés dans le transport des lettres, symboles de la poste rapide.

Le musée de la Poste contient également l’uniforme du facteur au début du XXe siècle, ainsi que les uniformes des hauts fonctionnaires. Le visiteur y trouve également les outils utilisés dans le transport des courriers, comme les balances, les sacs postaux, les portefeuilles pour timbres, les sceaux anciens et modernes, les boîtes à lettres et autres. Certaines de ces boîtes sont gravées de l’emblème de la famille alide.

Parmi les chefs-d’oeuvre du musée se dresse la statue symbolique de l’Union postale universelle. Cette statue est le fruit du congrès de l’Union postale tenu à Berne en 1874. Ce congrès a permis à l’Etat égyptien de fermer tous les bureaux postaux européens, tels que ceux de l’Angleterre, de la France, de l’Autriche, de l’Italie, de la Grèce et de la Russie, pour les unir sous la tutelle de la Poste égyptienne. Il est à noter que chaque communauté étrangère vivant en Egypte avait avant cette date son bureau de poste.

Le musée consacre une section particulière aux timbres. Un nombre considérable de ces timbres témoignent d’événements politiques, économiques, culturels, sociaux, sportifs et artistiques. Le musée présente notamment des timbres émis à l’occasion du centenaire de la fondation de l’Empire égyptien par Mohamed Ali (1849-1949), un autre au nom du roi de l’Egypte et du Soudan en 1951, des timbres publiés à l’occasion du mariage du roi Farouq et de la reine Farida en 1938 et, en 1951, la célébration de la naissance de l’émir Fouad II avec l’émission du timbre du roi Farouq et de la reine Narimane. Une troisième collection de timbres représente diverses conférences telles que le Congrès international de navigation tenu en 1926, celui de la médecine organisé en 1928 et le Congrès international de la navigation aérienne tenu en 1946. Les premiers Jeux méditerranéens, organisés à Alexandrie en 1951, sont également documentés.

Vu la rareté des visiteurs, la direction du musée de la Poste a organisé un concours de photographie. Les photos primées contribuent à la promotion touristique du musée. Grâce à l’annonce de ce concours, les photographes ont découvert l’existence de ce musée jusque-là ignoré. Les trésors du musée, notamment les timbres, pourraient inspirer les designers à créer de nouveaux emblèmes témoignant des célébrations, des conférences et des événements actuels.

 Adresse : Place Ataba

Horaires d’entrée : 9h-16h

Billet d’entrée: 10 L.E.

Photographie avec le téléphone portable seulement


(Photo : Doaa Elhami)

 Le musée ferroviaire

Lorsqu’on arrive à la gare du Caire, place Ramsès, nous remarquons un ancien wagon rouge placé devant un des bâtiments historiques de la gare. Ce bâtiment n’est en effet que le musée ferroviaire qui retrace l’histoire du développement du transport depuis l’époque de l’Egypte ancienne jusqu’à l’âge moderne.

Le musée ferroviaire est le premier de son genre créé en Orient. Il a été inauguré en janvier 1933, au cours du règne du roi Fouad Ier, à l’occasion de l’organisation de la Conférence internationale ferroviaire dont les participants étaient les premiers visiteurs.

Composé de deux étages, le musée renferme environ 300 pièces et exemplaires, ainsi que des documents et des cartes racontant le développement du transport et des rails. Le chef-d’oeuvre du musée est la locomotive fabriquée en Angleterre pour le wali Saïd pacha (1822-1863) qu’il conduisait lui-même pour se déplacer du palais de Montazah à celui de Ras Al-Tine, à Alexandrie. Le musée contient également le train du roi Fouad (1868-1936) qu’il utilisait durant ses excursions privées. Il comprend plusieurs wagons dont un salon royal et un autre consacré aux ministres.

Bien que la gare soit ouverte 24h/24, les horaires de visite du musée sont limités. Les raisons sont multiples : le musée est privé de guides pour accompagner les visiteurs ; il n’y a pas de pancartes claires mentionnant sa présence dans la gare ; il ne figure pas parmi les lieux de visite dans les programmes des agences de voyages. Par conséquent, le musée ne profite que de la visite d’une minorité de passagers en transit.

Adresse : Place Ramsès. Station de métro : Chohadaa

Horaires de visite : Tous les jours, de 9h à 14h, fermeture les vendredis

Billet d’entrée : 10 L.E.

Billet de photographie : 10 L.E.

Billet d’entrée pour admirer la locomotive de Saïd pacha : 20 L.E.


(Photo : Doaa Elhami)

 Le musée Naguib Mahfouz

 Au coeur du Caire fatimide, devant la mosquée d’Al-Azhar, se dresse majestueusement la tékiya de Mohammed bey Aboul-Dahab, qui fut à l’origine la demeure des soufis aux XVIIIe et XIXe siècles. Cette tékiya, qui a servi de décor à de nombreux romans du grand écrivain Naguib Mahfouz, abrite aujourd’hui un musée qui porte son nom.

Réparti sur deux étages, le musée, à travers ses sept salles, retrace la vie du grand écrivain, de sa naissance en 1911 à sa mort en 2006, en passant par ses activités littéraires, ses contributions cinématographiques et son prix Nobel de littérature, reçu en 1988.

En parcourant le musée, le visiteur se plonge dans un monde fabuleux créé par l’écrivain. Il entend les échos de la voix du romancier qui résonnent dans les écriteaux portant ses maximes. Chaque salle porte le nom d’un élément de ce monde fabuleux. Le visiteur se promène alors dans la « hara » (ruelle) où il est né et où se déroulent les événements de tous ses romans. Il découvre également la salle des « Harafiche », titre d’une épopée d’une série de romans qui esquissent le concept du pouvoir et de l’influence, répandu dans la hara pendant les XIXe et XXe siècles.

Le musée consacre une salle aux contributions variées de Naguib Mahfouz dans le domaine cinématographique. Le grand écrivain a participé à l’écriture des scénarios de nombreux films tels que Al-Montaqem (le vengeur) et Gaalouni Mogreman (ils m’ont rendu criminel). Il a également écrit le dialogue et le scénario de certains films du réalisateur Youssef Chahine.

Une autre salle est consacrée au prix Nobel. Le musée offre également à ses visiteurs l’occasion de contempler le bureau du grand écrivain, constitué de sa bibliothèque, de son bureau, de ses lunettes et de son stylo. Les dernières salles mettent en lumière l’attentat dont il a été victime en 1994. En somme, le musée résume la vie du grand romancier.

Adresse : Tekiyet Aboul-Dahab devant la mosquée Al-Azhar

Horaires de visite : Tous les jours de 9h à 17h

Prix des billets :

Egyptiens adultes : 10 L.E.

Etudiants : 5 L.E.

Etrangers : Adulte : 40 L.E.

Etudiants : 20 L.E.

Pour la photographie : Il faut avoir un permis du Fonds du développement culturel.


(Photo : Doaa Elhami)

 Le musée des carrosses

Ce musée a été conçu pour exposer et conserver le patrimoine culturel des carrosses royaux de la famille alide et tout ce qui s’y rapporte. Il met l’accent sur l’élevage des chevaux à cette époque. C’est pourquoi le visiteur y trouve les équipements équestres tels que les brides variant entre cuir pour les adultes et tissu pour les jeunes princes et princesses. Le musée conserve également les selles, les étriers, les licols et les longes. En somme, le cheval est le protagoniste de ce musée.

Le bâtiment du musée, situé rue 26 juillet à Boulaq, a été construit sur ordre du khédive Ismaïl (1863-1879) pour abriter les carrosses royaux et les chevaux. Il s’appelait à l’origine « l’Organisme des carrosses royaux ». En 1922, sous le règne du roi Fouad (1917-1936), le bâtiment a été renommé « Département des écuries royales ». Le palais royal accordait une grande importance à ce département et lui fournissait des spécialistes et des ouvriers qualifiés. Après la Révolution de 1952, l’édifice a été transformé en musée historique.

Le musée des carrosses offre à ses visiteurs une exposition d’une magnifique collection de carrosses royaux, variés en type et en taille, dont la plus ancienne date du règne de Mohammed Ali. La pièce maîtresse du musée est le « grand alalay privé ». Ce carrosse se distingue par la finesse de sa fabrication et l’élégance de ses décorations. Il a été offert au khédive Ismaïl par l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie en 1869, à l’occasion de l’inauguration du Canal de Suez. Il a été rénové en 1924 et utilisé à l’occasion de l’inauguration du Parlement égyptien.

Bien que le musée soit accessible du ministère des Affaires étrangères, qui se trouve à proximité, et qu’il dispose d’une salle VIP pour les visites officielles, il est rarement fréquenté par les personnalités de renom ou par le grand public qui ignore la valeur inestimable du bâtiment et du musée.

 Adresse : Rue 26 juillet. Boulaq, près de la station de métro Maspero.

Horaires : 9 h-17 h. Le guichet ferme à 16h30

Prix d’entrée pour les Egyptiens et les Arabes adultes : 30 L.E.

Pour les étudiants : 10 L.E.

Pour les étrangers : 160 L.E.

Pour les étudiants étrangers : 80 L.E.

Photographie gratuite. Flash interdit.

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