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Vers un accord avec le FMI

Marwa Hussein , Mercredi, 17 janvier 2024

Les discussions entre l’Egypte et le Fonds Monétaire International (FMI) progressent sur un prêt qui sera revu à la hausse.

Vers un accord avec le FMI
L’équipe du FMI est en discussion avec les autorités égyptiennes sur le programme de réforme.

Les discussions entre l’Egypte et le Fonds Monétaire International (FMI) avancent, après une période de stagnation. Une délégation égyptienne de haut niveau a visité Washington le 9 janvier pour mener des discussions avec l’équipe du FMI chargée du programme de réforme économique du pays, notamment en ce qui concerne le document sur la politique de propriété de l’Etat. Lors de sa visite, la délégation composée de Hassan Abdallah, gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), Mohamed Maait, ministre des Finances, et Rania Al Mashat, ministre de la Coopération internationale, a rencontré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Celle-ci a indiqué sur son compte X, après sa rencontre avec les responsables égyptiens, que « le FMI reste un partenaire solide de l’Egypte en ces temps difficiles ». Dans une conférence de presse, la porte-parole du FMI, Julie Kozack, a reconnu que l’Egypte était déjà confrontée à une situation macroéconomique complexe et difficile et que cette situation a été rendue encore plus compliquée par le conflit entre Israël et Gaza. « Et nous constatons bien sûr certains effets sur l’Egypte, en particulier, par exemple, à travers les perturbations dans la mer Rouge, ainsi que dans les domaines qui soutiennent la balance courante, comme le tourisme », ajoute-t-elle.

Elle a souligné que l’équipe du FMI est en discussion avec les autorités égyptiennes sur l’ensemble des politiques qui soutiendraient l’achèvement des première et deuxième revues du Mécanisme Elargi de Crédit (MEDC) que l’Egypte a signé avec le FMI. « Cet engagement fort que nous avons eu avec les autorités a permis de réaliser des progrès importants dans les discussions et nous espérons que ces discussions se poursuivront dans les semaines à venir pour concrétiser les principales priorités politiques », a-t-elle déclaré. Elle a clarifié que ces priorités politiques incluent la nécessité de resserrer la politique monétaire et la politique budgétaire, ainsi que l’application d’un système de taux de change flexible, qui soutiendrait l’engagement des autorités à la fois à réduire l’inflation et à passer progressivement à un régime de ciblage de l’inflation. En décembre 2022, l’Egypte et le FMI ont signé un accord de financement d’une valeur de 3 milliards de dollars sur 4 ans. L’Egypte a ensuite reçu la première tranche du crédit et devait recevoir les deuxième et troisième tranches en mars et en septembre 2023, mais elles ont été reportées sur fond de différends entre les deux parties.

Financement supplémentaire

Actuellement, il est acquis que le montant du financement augmentera. « Un financement supplémentaire sera essentiel pour garantir la réussite de la mise en oeuvre du programme. De nombreux détails, notamment le montant des décaissements et les politiques détaillées, font tous partie des discussions en cours. Nous aurons donc davantage à communiquer sur ces questions à temps », a conclu Kozack.

Georgieva avait déclaré en novembre que le FMI « envisageait sérieusement d’augmenter le programme de prêt de 3 milliards de dollars à l’Egypte, alors que le conflit à Gaza exerçait de nouvelles pressions sur le pays ». Différentes prévisions ont été projetées quant au montant supplémentaire du prêt, mais aucun chiffre n’a été annoncé. « Nous prévoyons un montant de 7 milliards de dollars. Le montant du prêt en question augmentera, en plus d’un prêt supplémentaire d’environ 1,5 milliard de dollars relatif à d’autres programmes du FMI », prévoit Mohamed Shadi, économiste auprès du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques.

En plus du soutien palpable des responsables du FMI, l’Administration américaine a exprimé son appui à l’Egypte. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, qui a également rencontré la haute délégation égyptienne à Washington, a promis le soutien américain à l’économie et aux réformes égyptiennes. Un communiqué du Trésor a indiqué que Yellen a discuté des défis posés à l’Egypte par la guerre à Gaza lors de la rencontre. « La secrétaire Yellen a souligné le ferme soutien des Etats-Unis à l’Egypte et à son programme de réforme économique. Elle a souligné que l’objectif est de renforcer l’économie égyptienne et de soutenir une croissance inclusive et durable », a déclaré le Trésor américain.

En parallèle, une mission de la Banque Mondiale (BM) est arrivée en Egypte la semaine dernière afin de discuter de l’élaboration du document sur la politique de la propriété de l’Etat et de la meilleure façon de gérer ses actifs, selon un communiqué du ministère de la Coopération internationale le 10 janvier. Le gouvernement avait publié une liste de plus de 30 entreprises publiques qui seront proposées au secteur privé. Le programme a avancé plus lentement que prévu mais a vu quelques progrès vers la fin de 2023. Récemment, le gouvernement a indiqué qu’il inclura dans le programme de nouveaux secteurs comme ceux des télécommunications, de l’électricité et du transport, ce qui comprendra les aéroports et les ports. « Le programme a trébuché à cause des différends sur l’évaluation des entreprises proposées mais l’introduction de la Société financière internationale (IFC) (l’arme de financement privé de la BM) dans l’évaluation a accéléré le processus. La persistance de deux prix de change rend les investisseurs hésitants mais en même temps la hausse du prix du dollar rend les prix des actions égyptiennes trop attirants », estime Shadi.


Le gouvernement cherche à accroître les ressources en devises. (Photo : Reuters)

Augmenter les ressources en devises

Il ne pense pas qu’un flottement de la livre égyptienne interviendra dans le court terme : « Le focus des discussions est sur l’accélération du programme d’offres publiques et son élargissement pour inclure de nouvelles entreprises ». Il explique que les responsables du FMI ont reconnu que le point de vue égyptien de ne pas recourir au flottement de la livre était le bon choix et ne font plus pression sur ce point. « Le gouvernement considère que cette décision est une question de sécurité nationale », résume-t-il. Depuis mars 2022, l’Egypte a dévalué sa monnaie à trois reprises en réaction à une pénurie de devises. Cependant, la crise persiste et l’écart entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle s’est élargi. Pour faire face aux répercussions de cet écart sur les prix des biens de consommation, le gouvernement a annoncé le 13 janvier qu’il préparait l’introduction d’un programme de protection sociale comprenant notamment des hausses des salaires et des pensions de retraite et une augmentation des exonérations fiscales.

Selon Shadi, le plan du gouvernement vise à augmenter l’offre en dollar pour réduire l’écart entre les taux de change officiel et ceux du marché parallèle. Le gouvernement vient d’annoncer des objectifs ambitieux pour augmenter le flux des devises à 300 milliards de dollars d’ici 2030, soit près du triple des recettes annuelles actuelles en devises étrangères. La feuille de route du gouvernement pour atteindre cet objectif comprend des plans pour augmenter les exportations et les revenus du tourisme d’au moins 20 % chaque année, ainsi que les envois de fonds des Egyptiens à l’étranger, les Investissements Directs Etrangers (IDE), y compris ceux dans l’immobilier, les revenus du Canal de Suez et la conversion de 38 % de la dette extérieure actuelle en IDE. Ceci devrait se faire notamment à travers la conversion de cette part de la dette en participations dans des entreprises publiques. « Le gouvernement va acheminer une partie du prêt du FMI vers le marché afin d’augmenter l’offre du dollar. Il envisage en outre de fournir les devises nécessaires aux importateurs pour alléger la demande sur le dollar dans le marché parallèle », conclut Shadi.

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