Elisabeth, née en 2001 en Belgique; Catharina-Amalia (2003) aux Pays-Bas; Ingrid Alexandra (2004) en Norvège; Leonor (2005) en Espagne; et Estelle (2012) en Suède: à l'avènement de cette nouvelle génération, la moitié des monarchies héréditaires européennes pourraient être dirigées par une souveraine.
Un nombre élevé de reines potentielles qui s'explique par une série de lois ayant éliminé la prédominance des héritiers masculins dans l'ordre de succession, selon les experts consultés par l'AFP.
"En 1980, la Suède a été le premier pays au monde à adopter un ordre de succession neutre en matière de genre", souligne l'expert suédois Roger Lundgren. L'Espagne, Monaco et le Liechtenstein constituent désormais les seules exceptions en Europe.
Cette loi permettra à la princesse Victoria de Suède, née en 1977 et mère d'Estelle, de monter sur le trône à la place de son jeune frère Carl Philip. Elle sera la seule femme pouvant monter sur le trône, avant l'arrivée de la génération Z.
La monarchie en question
Pour les observateurs, les monarques d'aujourd'hui sont confrontés aux mêmes défis et obligations immuables, qu'ils soient des hommes ou des femmes.
"Beaucoup de choses resteront les mêmes" car "une grande partie de ce que font les rois et les reines aujourd'hui et ce qu'ils feront dans 25 ans demeure ce que les rois faisaient il y a 200 ans", explique Roger Lundgren, en référence aux visites d'Etat, réceptions et cérémonies qui constituent le lot commun des monarques.
"Chaque nouvelle génération de monarques doit toujours faire face à un défi principal, et non des moindres: la remise en question de l'utilité de la monarchie", ajoute de son côté Lisa Castro, historienne des monarchies du XIXe siècle et docteur à l'université française Toulouse-Jean Jaurès.
Toutefois, la monarchie n'est pas exempte d'évolutions générationnelles.
Certaines des princesses actuelles ont suivi des études élitistes dans leur pays ou à l'étranger - comme Elisabeth de Belgique et Leonor d'Espagne, à l'Atlantic College au Pays de Galles - et reçu une formation militaire, contrairement aux reines précédentes.
Les futurs rois et reines promettent en outre de coller plus aux attentes et aux défis de leur époque et aux préoccupations sociétales actuelles: urgence climatique et environnement, cause de femmes et de la communauté LGBT+...
Environnement et féminisme
Les princesses du XXIe siècle ont grandi dans un monde marqué par la crise climatique, le mouvement Metoo, la pandémie de covid, la guerre en Ukraine, et sur fond d'explosion des réseaux sociaux.
"La cause environnementale est très bien incarnée par les monarchies scandinaves", note Lisa Castro.
"Il est impossible que l'air du temps n'imprègne pas l'institution monarchique", explique à l'AFP la journaliste espagnole Pilar Eyre, en citant la manière de "gérer la question de l'image" du prince William au Royaume-Uni et son épouse Kate.
"Il faut être sur plus de plates-formes (...), maintenant que les canaux médiatiques traditionnels utilisés par les générations précédentes de royauté n'atteignent plus tout le monde", renchérit l'experte suédoise en monarchie Ebba Kleberg von Sydow.
Autre exemple d'adaptation: aux Pays-Bas, en 2021, le Premier ministre Mark Rutte a confirmé que la princesse Catharina-Amalia pouvait épouser une femme si elle le souhaitait, comme le pays le permet à ses citoyens depuis 2001.
Un pas de plus après l'ouverture de nombreuses monarchies aux roturiers, comme dans le cas de l'Argentine Máxima Zorreguieta, épouse du roi Willem-Alexander des Pays-Bas, ou du Suédois Daniel Westling, entraîneur personnel et désormais époux de la princesse Victoria.
Les rois et reines épousent aussi de nouvelles causes. En Espagne, la reine Letizia, qui a rencontré son mari Felipe VI alors qu'elle était journaliste, a récemment visité une association d'aide aux femmes prostituées, ce qui est "inimaginable pour les générations précédentes", selon Eyre.
"C'est avec ces gestes qu'on gagne l'affection et le respect des citoyens, pas avec de grandes cérémonies ou de grands costumes", ajoute l'experte, pour qui les princesses actuelles "seront des reines féministes ou ne seront pas".
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