Au marché de Cocody, dans le centre de la capitale économique Abidjan, des commerçants maliens, sénégalais et ivoiriens se chambrent, convaincus des chances de leur sélection respective.
"La Côte d'Ivoire va battre le Mali en finale !", dit l'un. "Impossible, ce sera le Sénégal !", répond l'autre.
Avant le match d'ouverture de samedi entre le pays hôte et la Guinée-Bissau, l'ambiance monte peu à peu.
Et si beaucoup d'Abidjanais craignent les embouteillages les jours de matchs dans une ville habituellement déjà congestionnée, la tendance est plutôt à l'enthousiasme dans la population.
"Ce sera une ambiance de fou parce que tout le monde connaît la Côte d'Ivoire, un pays de gaieté et de joie !", prédit Lassina Kanta, un supporter de 21 ans qui espère aller au stade pour le match d'ouverture.
"Comme des petits pains !"
Et l'engouement dépasse les limites d'Abidjan.
"Je n'ai jamais eu la chance d'assister à une coupe d'Afrique. Je suis un homme heureux aujourd'hui et je ne manquerai aucun match au stade", assure à l'AFP Oumar Doumbia, mécanicien à Bouaké (centre) où le Burkina Faso et l'Algérie vont notamment jouer.
La Côte d'Ivoire n'a organisé qu'une seule fois la CAN, en 1984, une autre époque : seules huit équipes étaient alignées, contre 24 aujourd'hui.
Dans la capitale économique, des ballons blancs siglés "Akwaba" --"Bienvenue" en langue akan-- parsèment le pont qui mène au quartier du Plateau et les panneaux publicitaires aux couleurs de la sélection des Eléphants pullulent.
Sur les marchés, les commerçants habitués à écouler statuettes, masques et tissus, ont ajouté ces derniers jours les répliques du maillot officiel, vendu une dizaine d'euros, à leurs articles.
"Les maillots partent comme des petits pains ! Il y a des gens qui deviennent commerçants juste pour vendre les maillots", explique l'un d'eux, Lamine Koné.
Les 24 sélections sont attendues dans cinq villes : outre Abidjan et ses deux stades, les équipes seront réparties entre la capitale politique Yamoussoukro, la grande ville de Bouaké, le port de San Pedro (sud-ouest) et Korogo (nord).
"Mobilisons-nous pour faire de cette CAN une grande fête de la jeunesse, de l'hospitalité ivoirienne et de la fraternité africaine", a déclaré le président Alassane Ouattara lors de son discours du Nouvel An.
La réussite de cette CAN est en effet devenue une priorité absolue pour les autorités qui espèrent utiliser la compétition comme une vitrine du développement du pays.
Car le gouvernement n'a pas lésiné sur les moyens pour s'assurer du succès de l'évènement : 1,5 milliard de dollars ont été investis au total.
1,5 million de visiteurs attendus
Outre les six stades construits ou rénovés, des ponts, des routes, des hôtels, des cités CAN pour loger les équipes, sont sortis de terre ces dernières années. Avec un net coup d'accélérateur fin 2023.
Robert Beugré Mambé, le nouveau chef du gouvernement nommé en octobre --qui a aussi hérité du portefeuille des Sports--, a multiplié les déplacements dans les villes hôtes pour mettre la pression sur les derniers chantiers.
Jeudi, à l'occasion du conseil des ministres, il a assuré que la Côte d'Ivoire était prête à tous les niveaux : "Infrastructures sportives, dispositif pour l'accueil, transport et mobilité".
Les autorités veulent définitivement tourner la page du fiasco du 12 septembre lorsque le match amical Côte d'Ivoire-Mali avait été interrompu en raison de la pelouse détrempée par un orage, au stade d'Ebimpé en banlieue d'Abidjan.
Quelque 20.000 jeunes bénévoles, 17.000 membres des forces de l'ordre et 2.500 stadiers seront mobilisés pour ce mois de compétition, durant lequel les organisateurs attendent jusqu'à 1,5 million de visiteurs notamment des pays voisins qualifiés comme le Mali, le Burkina, la Guinée et le Ghana.
Jusqu'à la finale du 11 février, la compétition, remportée en 2022 par le Sénégal, est très ouverte. Les Eléphants de Côte d'Ivoire l'ont gagnée deux fois, en 1992 et 2015.
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