L’étoile à 14 rayons, symbole des générations saintes.
A une dizaine de kilomètres au sud de Jérusalem se dresse majestueusement l’église de la Nativité de Jésus, la plus ancienne église de Palestine. Inscrite sur les registres de l’Unesco en 2012, cette église est le premier bien culturel palestinien inscrit sur le plan mondial. Cet endroit sacré à l’origine du christianisme réunit plusieurs doctrines religieuses. La salle principale de l’église « renferme l’église grecque orthodoxe, l’arménienne et la latine », souligne Issa Thalgiya, pasteur de l’église grecque orthodoxe de la Nativité dans une vidéo sur YouTube. Il ajoute que les coptes, les Ethiopiens et les Syriens y viennent également célébrer le Nouvel An auprès de l’autel grec orthodoxe. Quant à la cour en plein air, elle comprend la mosquée portant le nom du calife Omar Ibn Al-Khattab. Le rassemblement de toutes ces doctrines et la présence d’une mosquée dans un seul lieu donnent à celui-ci une importance historique et ecclésiastique particulière.
Pendant le règne du tyran romain Hérode (73 av. J.-C.) qui, de peur de perdre son trône par l’un des enfants de ses sujets, assassine tous les nouveau-nés, la Vierge Marie s’enfuit de Nazareth à Bethléem et prend une grotte comme abri, où elle a accouché l’Enfant Jésus. Cette grotte renferme « une étoile à 14 rayons gravée sur le sol, symbole des 14 générations depuis Adam jusqu’à la naissance du Christ », explique le pasteur de l’église grecque orthodoxe, soulignant que cette étoile, qui symbolise l’étoile céleste qui est apparue au cours de la naissance de Jésus, date de 1717. La grotte renferme également un exemplaire de la crèche de l’Enfant Jésus. « Toutes les deux, l’étoile originelle dorée et la crèche, sont conservées actuellement au Musée de Rome », reprend le pasteur. Des scènes racontant la naissance de Jésus ornent les murs, tout en entourant l’étoile de la nativité. Sur cette grotte, l’impératrice Hélène et son fils l’empereur Constantin ont érigé une église en 325. Presque 200 ans plus tard, en 540, l’empereur Justinien a reconstruit l’édifice en gardant la planification originelle. Et ce, après sa destruction partielle par les Sumériens en 520. « L’empereur Justinien a embelli l’église avec des scènes religieuses en mosaïque », retrace l’ermite Yostos Al-Orchalimi, dans son livre La ville de la Nativité … Bethléem. Il souligne que l’église de Justinien est l’actuelle église de la Nativité. D’ailleurs, les dernières restaurations de l’église ont dévoilé des mosaïques couvrant le sol, datant de l’époque de l’impératrice Hélène.
La sculpture « Grotte de la nativité sous les décombres » remplace le sapin.
Modestie et prière
Afin de franchir le seuil de l’église de la Nativité, il faut passer par une porte étroite dont les dimensions sont 73 cm de large et 120 cm de hauteur. Derrière cette modeste porte se trouve une superficie globale de 1 2000 m2. « L’édifice de l’église est entouré d’une épaisse et grande muraille érigée par l’empereur Justinien, donnant l’impression que c’est une forteresse », retrace l’ermite Yostos Al-Orchalimi dans son livre. « A l’origine, la porte de l’église était grande et a été remplacée aux temps des Croisades par une porte surmontée d’une arche. Ce qui permettait l’entrée à l’église en étant à dos de dromadaires, d’ânes et de chevaux. Cet état a changé avec les souverains ottomans qui ont remplacé la porte des Croisades par l’étroite porte actuelle, afin d’empêcher l’accès des animaux dont l’entrée ne convenait pas à la sainteté et la valeur de l’église », raconte-t-il.
Parmi les lieux les plus distingués de l’église de la Nativité se trouve l’autel des grecs orthodoxes, construit en 1600 et renouvelé en 1853. Il se trouve au-dessus de la grotte de la Nativité. Ses icônes décrivent les contes du Livre Saint, la Nativité du Christ, la Vierge et Joseph le charpentier. Bref, les icônes racontent la vie du Christ depuis sa naissance jusqu’à son ascension.
L’église de la Nativité attire les touristes des quatre coins de la planète grâce à la présence de la grotte. C’est là où les fidèles sont en quête de la bénédiction de Dieu. C’est également l’un des lieux primordiaux du pèlerinage chrétien. « Le pèlerin doit suivre les pas du Christ dans les mêmes conditions de l’époque. Il doit aller à Jérusalem, visiter tous les saints, se diriger ensuite vers l’Ancienne Ville en passant par la rue de l’étoile, pour enfin visiter toutes les églises de Bethléem, notamment l’église de la Nativité. Le pèlerin doit prier à l’autel de sa doctrine. Il doit descendre à la grotte de la nativité, se pencher et caresser l’étoile à 14 rayons, afin de prendre la bénédiction de cet endroit saint, et enfin visiter la crèche de Nativité. C’est le pèlerinage à la Terre Sainte », explique le pasteur.
Quant aux célébrations de Noël et du Nouvel An, elles sont marquées par des ornements installés dans la cour en plein air de l’église avec le sapin décoré. Les membres du scout jouent du tambourin et portent les drapeaux. Ils devancent le cortège du patriarche qui entre à l’église pour faire les prières de la nativité à minuit. Mais cette année, toutes les festivités sont annulées. Une scène sculptée représentant les martyrs de la bande de Gaza, réalisée par le sculpteur Tarek Salsaa, a remplacé le sapin illuminé de la fête. Pas d’ornements, ni de pièces de théâtre ou de chants de fêtes. Seulement la prière au nom des martyrs et des victimes de Gaza est de mise. Une prière pour la paix.
Les préparations des festivités ont été annulées cette année.
L’église de la Nativité en dates
325-335 : Construction de l’église par l’impératrice Hélène et son fils l’empereur Constantin au-dessus de la grotte de la Nativité.
520 : Attaque et destruction partielle de l’église par les Sumériens.
540 : Reconstruction de l’église suivant la forme de la croix.
XIIe siècle : Enrichissement de l’église par des scènes religieuses en mosaïque qui embellissent les murs de la salle principale.
1600 : Irrigation de l’autel de l’église des grecs orthodoxes.
1853 : Rénovation de l’autel avec ses icônes qui décrivent les contes du Livre Saint, la Vierge et la vie du Christ depuis sa naissance jusqu’à sa crucifixion.
2012 : Inscription sur les registres de l’Unesco.
2013-2019 : Restauration globale de l’église.
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