Le père palestinien, Mahmoud, grimaçait de douleur en voyant son enfant Ahmed et sa fille AlAmira Aisha, enveloppés dans des linceuls blanc. Photo : AP
Elle est née en pleine guerre, dans un hôpital sans électricité dans une ville du sud de Gaza bombardée quotidiennement par Israël. Sa famille l'a nommée Al-Amira Aisha, « Princesse Aisha » qui a été tuée dans une frappe aérienne israélienne, mardi 19 décembre, lors de destruction de sa maison.
« Sa famille était endormie lorsque les bombardements ont rasé leur immeuble à Rafah avant l’aube », a déclaré Suzan Zoarab, la grand-mère de l’enfant qui a survécu l’explosion.
Selon les responsables de l’hôpital, 27 personnes ont été tuées, dont Aisha, et son frère Ahmed âgé de deux ans.
« A peine deux semaines, son nom n’avait même pas été enregistré », a déclaré Suzan avec une voix tremblante au chevet de son fils, qui a également été blessé.
C’est la tragédie que les familles palestiniennes subissent au quotidien.
Selon le ministère de la Santé à Gaza, environ 20 000 palestiniens, femmes et enfant en majorité, ont été tués par l’armée israélienne. Ils sont victimes des frappes aériennes israéliennes qui ont pilonné, sans relâche, la bande de Gaza assiégée depuis 74 jours, détruisant des résidences de familles.
L’attaque israélienne est l’une des attaques les plus destructrices du XXIe siècle, dont 1,9 million de personnes ont été déplacés.
Plus de 80 % de la population sont à la recherche d’un abri, que ce soit dans des écoles, des hôpitaux, des camps de tentes ou dans la rue.
Mais les Zoarabes sont restés chez eux, dans leur immeuble de trois étages, où deux des fils de Suzan avaient des appartements aux étages supérieurs. Mais toute la famille s’était rassemblée au rez-de-chaussée, croyant que ce serait plus sûr.
Lorsque le raid a commencé, au moins 13 membres de la famille ont été tués, dont un journaliste, Adel, ainsi que des personnes déplacées hébergées à proximité.
« Toute la maison s’est effondrée au-dessus de nous », a indiqué Suzan.
Les secouristes les ont tirés des décombres, eux et d’autres victimes, vivants ou morts.
« Al-Amira Aisha n’avait que 17 jours, elle est née le 2 décembre dans une situation très difficile à l’hôpital du Croissant-Rouge émirati à Rafah, alors qu’il n’y avait pas d’électricité » a déclaré Suzan.
Lundi 18 décembre, l’ONU a déclaré que 28 des 36 hôpitaux de Gaza à la bande de Gaza ont été déclarés hors service, tandis que huit autres établissements de santé étaient partiellement opérationnels.
« Au milieu de cette dévastation, quelque 50,000 femmes palestiniennes sont enceintes » a déclaré l’OMS.
La mère des deux enfants, Malak, a survécu avec des brûlures et des ecchymoses au visage, et leur père, Mahmoud, a subi une fracture de bassin.
Alors que Mahmoud était couché dans son lit à l’hôpital koweïtien de Rafah, Suzan lui a emmené les deux enfants pour un adieu avant leur enterrement.
Mahmoud grimaça de douleur en se trainant jusqu’au berceau d’Ahmed, enveloppé dans un linceul funéraire blanc, avant de retomber en sanglotant. Sa femme tenait Al-Amira Aisha, également enveloppée dans un tissu blanc.
Des dizaines de personnes en deuil ont tenu une prière funèbre mardi matin devant l’hôpital de Rafah, avant de transporter Al-Amira Aisha, Ahmed et les autres victimes pour être enterrés dans un cimetière voisin.
« Je ne pouvais pas protéger mes petits-enfants, je les ai perdus en un clin d’œil » a déclaré Suzan.
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