Les pays du monde se dirigent de plus en plus vers la formation de blocs et de partenariats stratégiques pour faire face aux défis croissants. C’est ainsi qu’à partir du 1er janvier 2024, l’Egypte sera officiellement membre du groupe des BRICS. L’adhésion de l’Egypte à ce bloc, qui regroupe 46 % de la population mondiale et représente près de 37 % du PIB mondial en 2023, est porteuse de nombreux intérêts aussi bien économiques que politiques. Même avant son adhésion officielle, l’Egypte maintenait de très bonnes relations commerciales avec le groupe des BRICS, formé de 5 pays (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), avec un volume d’échange de 31,2 milliards de dollars en 2022 contre 22,5 en 2020. Cependant, les membres du BRICS ont tendance à négocier en monnaies locales ou en devises autres que le dollar américain. Un fait qui contribuera fortement à alléger la demande sur le billet vert pour l’Egypte dont la pénurie de dollar représente un énorme défi au cours du 3e mandat du président Sissi. Bien plus, le 2 juin 2023, les ministres des Affaires étrangères des pays membres des BRICS, réunis en Afrique du Sud, avaient déclaré qu’ils souhaitaient créer une monnaie qui remplacerait le dollar en tant qu’unité de transaction entre eux. Une bonne nouvelle pour l’Egypte.
Cinq autres pays rejoindront également les BRICS, à savoir l’Arabie saoudite, l’Argentine, les Emirats arabes unis, l’Ethiopie et l’Iran. Cette adhésion signifie davantage d’investissements étrangers entre les Etats membres, ouvrant la voie à la création de nouveaux emplois et à des échanges commerciaux accrus.
Une forte présence africaine
Le renforcement des relations avec le continent africain a été une priorité pour le président Sissi depuis son accession au pouvoir en 2013. Une tendance qui devrait se renforcer davantage. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a été pendant deux ans à la tête de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernements du COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) qui compte 21 pays. Il vient de passer la direction en juin dernier à la Zambie.
Au cours de sa présidence du COMESA, l’Egypte s’est donné pour objectif de renforcer l’intégration régionale pour relever les défis actuels. Dans ce contexte, elle a présenté l’Initiative régionale d’intégration industrielle, qui vise à approfondir la production industrielle et à activer le rôle de l’Agence régionale d’investissement du COMESA, hébergée par l’Egypte, pour attirer les investissements dans le secteur de l’industrie. Les efforts de l’Egypte se sont traduits par une augmentation des exportations intra-COMESA qui ont atteint 13 milliards de dollars en 2022, la valeur la plus élevée depuis la création de la zone de libre-échange en 2000, alors que le volume des échanges commerciaux entre l’Egypte et les pays du COMESA a enregistré le chiffre record de 4,3 milliards de dollars.
La Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf)
L’Egypte est parmi les 6 premiers pays qui ont adopté les règles de la ZLECAf qui stipulent la suppression des droits de douane de 90 % des marchandises échangées entre les pays membres. La ZLECAf, en vigueur depuis deux ans, devrait stimuler le commerce intra-africain de 52,3 % d’ici 2025, augmenter les revenus de l’Afrique jusqu’à 450 milliards de dollars d’ici 2035, selon le FMI, et sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté. 2023 a été désignée « Année de la ZLECAf » par l’Union Africaine (UA). L’Egypte a d’ailleurs été élue pour un an premier vice-président du Conseil des ministres de la zone au cours des travaux de la 12e réunion du Conseil des ministres de la ZLECAf tenue à Dar es Salam en Tanzanie les 6 et 7 décembre 2023.
Partenariat Nord-Sud
Dans le contexte de l’intérêt et de la volonté de l’Egypte de poursuivre la coopération avec divers pays du monde, et notamment ses voisins du bassin méditerranéen, l’Egypte, en partenariat avec la France, a joué un rôle actif dans la création de l’Union pour la Méditerranée en 2008. Son objectif principal consiste à augmenter l’intégration Nord-Sud et Sud-Sud dans la région méditerranéenne afin de soutenir le développement socio-économique des pays et d’assurer la stabilité de la région. Le portefeuille de coopération de l’Egypte et de l’Union pour la Méditerranée comprend la mise en oeuvre de plus de 20 projets dans les domaines du développement des entreprises et de l’emploi, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de l’action climatique, des transports et du développement urbain.
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