Le pays des pharaons a connu une croissance touristique élevée au cours des 9 premiers mois de 2023. Un redressement qui devrait se poursuivre progressivement en 2024 malgré les effets négatifs de la guerre à Gaza et les troubles géopolitiques dans la région. Selon Ahmed Issa, ministre du Tourisme et des Antiquités, l’Egypte a marqué une croissance de plus de 34 % au cours des 9 premiers mois de l’année en cours. « Il y a eu un véritable redressement du secteur du tourisme en Egypte. On a pu atteindre les taux de croissance enregistrés avant le Covid et même les dépasser », note le ministre. Et d’ajouter que l’Egypte « devrait attirer en total plus de 15 millions de touristes en 2023. Le mois d’octobre a enregistré une croissance de 8 % en comparaison avec le même mois de l’année passée malgré la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre ».
Selon les chiffres publiés par la Banque Centrale, l’Egypte a enregistré au cours de l’exercice 2022-2023 des recettes de 13,6 milliards de dollars contre 10,7 milliards dans l’exercice précédent, soit une augmentation d’environ 30 %. Ce chiffre dépasse légèrement les 13,3 milliards de dollars enregistrés en 2019. Selon le rapport de la Banque Centrale, cette croissance est due à la hausse des arrivées touristiques de 35,6 %, soit 13,9 millions de touristes faisant 146,1 millions de nuitées, soit une croissance de 27,6 % par rapport à l’exercice précédent. Les Allemands, les Russes, les Saoudiens, les Italiens et les Anglais représentent les top 5 du tourisme à l’heure actuelle.
Selon Amr Al-Kady, président de l’Organisme de la promotion touristique (ETA), le tourisme égyptien a réalisé son but en 2023 malgré les défis auxquels il est confronté, à savoir la guerre russo-ukrainienne et la crise économique qu’elle a engendrée, les troubles géopolitiques au Moyen-Orient et la guerre de Gaza. « Au lendemain du déclenchement du conflit à Gaza, on a contacté nos partenaires à l’étranger, qu’ils soient des tour-opérateurs ou des compagnies aériennes, afin de les rassurer et leur clarifier la situation des destinations touristiques en Egypte qui sont bien loin des zones de conflit », explique Al-Kady. Il ajoute que le budget de la promotion touristique a augmenté à 100 %. « Une grande partie de ce budget est consacrée aux campagnes de co-marketing sur les marchés internationaux en coopération avec les méga-tour-opérateurs dans le monde, à l’organisation de voyages de connaissance (fam trip) pour les représentants des tour-opérateurs, des compagnies aériennes et des journalistes spécialisés dans le tourisme. Ces voyages visent à ce que les professionnels du tourisme dans le monde viennent voir de leurs propres yeux, sur le terrain, la stabilité et la sécurité qui règnent en Egypte », indique Al-Kady.
S’y ajoutent les foires touristiques, les conférences et les ateliers conjoints auxquels participent les responsables du tourisme en Egypte et à l’étranger. « La semaine dernière, on a accueilli à Hurghada un atelier auquel a participé une des plus grandes agences de voyages allemandes, All Tours. Un autre atelier a été organisé à Marsa Alam avec une agence polonaise. Cette semaine aussi, l’Egypte accueille à Louqsor la conférence annuelle d’une grande agence de voyages française, Travel Evasion », reprend le président de l’ETA.
Pour sa part, Mohamed Abdel-Rahim, membre de la Chambre de tourisme, estime que l’industrie du tourisme en Egypte est devenue de plus en plus forte et résiste aux crises. « C’est vrai que le tourisme est affecté par la guerre à Gaza, mais le taux d’annulation est encore minime, il ne dépasse pas les 10 %. Le problème se trouve dans les réservations futures qui témoignent d’une baisse considérable. Tout le monde guette la situation et attend avant de prendre la décision de voyager », indique Abdel-Rahim. Il ajoute que la stratégie de promotion du tourisme adoptée par le ministère du Tourisme repose sur la diversification du produit touristique égyptien et des marchés, notamment ceux émergents tels que la Chine, l’Inde, l’Australie, le Brésil et les pays de l’Asie centrale, ainsi que sur les campagnes de promotion qui mettent l’accent sur la sécurité des sites touristiques égyptiens dont le plus proche est à 300 km des frontières avec la Palestine.
En effet, le ministère du Tourisme adopte une stratégie touristique qui vise à confirmer la relance actuelle, dans le cadre de la Vision Egypte 2030 du développement durable. Cette stratégie repose sur la complémentarité entre les secteurs du tourisme et des antiquités afin de booster le mouvement touristique. Elle vise à exploiter les ressources touristiques naturelles, archéologiques et humaines pour garantir la durabilité de cette industrie cruciale pour l’économie nationale. Cette stratégie, qui a pour objectif d’attirer davantage de touristes, vise à améliorer la qualité des services présentés aux touristes afin de leur offrir une expérience touristique incomparable. Les infrastructures touristiques ont un grand rôle dans cette stratégie. Ainsi, l’Etat compte augmenter la capacité hôtelière pour atteindre un demi-million de chambres. En outre, les flots aériens et la capacité des aéroports devraient augmenter.
D’après Anwar Rached, tour-opérateur, les professionnels du tourisme doivent continuer à travailler dans le but d’attirer de plus en plus de touristes, même s’il y a des turbulences qui freinent la relance du secteur ces jours-ci. « On doit continuer à investir dans les infrastructures touristiques, à former des cadres touristiques et à faciliter davantage l’octroi de visas aux touristes par voie électronique et à leur arrivée aux aéroports égyptiens. Il faut également poursuivre les campagnes de promotion lancées sur les différents marchés », conclut Rached.
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