Accomplir le processus de développement du Sinaï est un dossier prioritaire pour préserver la sécurité nationale de l’Egypte. Au cours des dix dernières années, l’Etat égyptien a adopté une vision globale pour le développement du Sinaï dans tous les domaines : industriel, agricole, touristique et urbain. En effet, la péninsule du Sinaï, porte orientale de l’Egypte, est considérée comme la première ligne de défense pour la sécurité nationale égyptienne. En novembre dernier, le premier ministre, Mostafa Madbouly, a déclaré que le gouvernement, après avoir achevé les projets de construction de l’infrastructure dans le Sinaï, va entamer les projets de la deuxième phase du développement avec notamment la mise en oeuvre d’un plan pour installer 8 millions de citoyens égyptiens dans le nord et le sud du Sinaï. En fait, plus d’un millier de projets ont été mis en oeuvre dans le Nord-Sinaï dans divers secteurs depuis juin 2014, avec un investissement total de 283 milliards de L.E. L’Etat devrait lancer plus de 300 projets de développement dans la péninsule avec un coût de 363 milliards de L.E. entre octobre 2023 et juin 2030.
Selon Nesrine Al-Charkawy, spécialiste au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS), « le développement du Sinaï est un dossier hautement stratégique. Il s’inscrit également dans les mesures prises par l’Etat égyptien pour barrer la route au projet israélien visant à liquider la cause palestinienne et à forcer les Gazaouis à se déplacer vers le Sinaï. Le timing du lancement de la deuxième phase, en pleine guerre à Gaza, reflète la capacité totale de l’Egypte à protéger sa sécurité nationale et à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour assurer la protection de ses frontières ». Un avis partagé par Rahma Hassan, chercheuse au ECSS, qui pense que les démarches de l’Egypte sur les plans interne et externe, ainsi que la mise en oeuvre par le gouvernement du plan visant à installer 8 millions d’Egyptiens dans le Sinaï, sont une réponse décisive à toute tentative israélienne de détruire la cause palestinienne et d’exporter la crise de Gaza vers l’Egypte ou les pays voisins.
Des projets en série
Implanter le développement et renforcer la souveraineté, tels sont les grands dossiers du nouveau mandat du président. En fait, le Sinaï a connu un développement sans précédent au cours des 10 dernières années. Plus de 1 000 projets ont été mis en oeuvre dans différents secteurs comme les services éducatifs qui comprennent 225 projets avec des investissements de 11,4 milliards de L.E. Parmi ces projets figure la création de l’Université d’Al-Arich et de la faculté de médecine, ainsi que la mise en place de 109 écoles, dont l’école japonaise d’Al-Arich et 24 Instituts d’Al-Azhar. En outre, dans le secteur de la santé, 14 projets d’une valeur de 937 millions de L.E. ont été achevés.
Quant aux services publics, 57 projets d’un coût de 584 millions de L.E. ont été mis en oeuvre dans les domaines de la jeunesse et du sport, de la culture, de la solidarité sociale, de la justice et de la technologie. 57 projets dans les mêmes secteurs devraient aussi être créés d’un coût de 2,2 milliards de L.E. au cours de la 2e phase. En ce qui concerne le développement agricole, 165 projets ont été mis en oeuvre d’un coût de 68 milliards de L.E. dans le nord du Sinaï et 19 nouveaux projets sont prévus dans la période prochaine d’un coût de 55 milliards de L.E. jusqu’en 2030. Quant au développement urbain, 476 000 logements ont été construits au cours de la période 2014-2022 d’un coût de 26 milliards de L.E. L’Etat a pour objectif de construire 35 000 nouveaux logements d’ici 2030 d’un coût de 114,6 milliards de L.E.
Par ailleurs, 5 projets industriels ont été mis en place dans le Nord-Sinaï d’une valeur de 6,5 milliards de L.E., dont l’usine de marbre à Gafgafa et celle de ciment dans la ville d’Al-Arich. Au cours de la prochaine période, l’Etat vise à lancer 24 projets industriels d’un coût allant jusqu’à 37,8 milliards de L.E., dont 2 zones industrielles dans les villes de Rafah et de Nakhl et 10 usines de sable noir dans la région d’Al-Hasna. Créer un environnement favorable pour attirer les investissements figure aussi parmi les grands objectifs du développement du Sinaï dans la période à venir. Pour réaliser cet objectif, un large réseau routier a été mis en oeuvre ces dernières années afin de relier le Sinaï à la Vallée et au Delta. Depuis juin 2014 jusqu’à aujourd’hui, 926 km de routes/tunnels ont été construits d’un coût de 43 milliards de L.E. Il est prévu de construire 4 227 km de routes et 499 km de voies ferrées d’un coût de 53,2 milliards de L.E. jusqu’en juin 2030. L’Etat a mis en place de nombreuses autres incitations pour attirer les investissements, notamment des facilités de crédit pour les projets à forte densité de main-d’oeuvre et pour les micro, petites et moyennes entreprises.
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