Al-ahram hebdo : Comment évaluez-vous la situation sécuritaire dans le Sinaï aujourd’hui ?
Sameh Seif Al-Yazal : Les efforts de l’armée ont réalisé de bons résultats dans cette région. Je peux dire que 60 % des problèmes ont été traités, notamment ceux qui concernent les tunnels reliant le Sinaï à Gaza et la contrebande de carburant. Près de 1 100 tunnels ont été détruits, et les quelques centaines qui restaient ont été submergés. Aussi, un grand nombre de terroristes ont été arrêtés. L’armée et la police intensifieront leurs efforts durant les mois à venir, afin d’éradiquer le terrorisme sur ce territoire.
— Mais les terroristes intensifient de leur côté les attaques qui visent l’armée et la police, et propagent la peur chez les habitants …
— C’est vrai, je crois que cela continuera pendant un moment. Surtout qu’ils ont commencé à utiliser d’autres stratégies, notamment l’utilisation d’éléments suicidaires et de voitures piégées. Il faut que tout le monde, y compris les citoyens ordinaires, soit vigilent.
— Les Egyptiens s’attendaient cependant à en finir avec le problème du terrorisme assez rapidement. Peut-on blâmer les appareils sécuritaires ?
— Non. Le terrorisme continuera au moins jusqu’à l’été prochain, et peut-être plus tard, selon le cours que prendront les événements.
— Ces éléments terroristes sont-ils identifiables ?
— Ce sont principalement des djihadistes et des salafistes liés à Al-Qaëda, ainsi que des groupes affiliés aux Frères musulmans. Ils sont logistiquement et techniquement aidés par des éléments étrangers qui leur assurent également une formation à l’utilisation des armes et à des tactiques jusqu’ici méconnues en Egypte. Parmi les terroristes arrêtés ou tués, beaucoup n’étaient pas des Egyptiens.
— Et qui en assure le financement ?
— Des sources étrangères et d’autres intérieures. Ces dernières reposent notamment sur le commerce et la contrebande à travers les tunnels. Et c’est très lucratif.
— A quel niveau se situe la coordination entre ces groupuscules alors que les dirigeants des Frères sont presque tous derrière les barreaux ?
— C’est une stratégie adoptée au niveau de l’organisation internationale des Frères musulmans et qui a été mise au point suite à une série de réunions en Europe et dans d’autres pays. C’est une stratégie à long terme et qui vise toute l’Egypte, pas uniquement le Sinaï, même si chaque opération est indépendamment planifiée.
— Pour le volet politique, peut-on prévoir une réconciliation imminente avec les Frères musulmans ?
— C’est très difficile d’en convaincre le peuple égyptien, notamment avec la poursuite des attentats terroristes qui continuent à faire des victimes innocentes, et l’insistance sur des demandes irréalisables, comme la réhabilitation du président Morsi … Parler de réconciliation dans des circonstances pareilles est une pure perte de temps.
— Le projet de la loi antiterroriste a soulevé une importante polémique. Quel impact pourrait avoir une telle loi dans cette « guerre contre le terrorisme » ?
— Je suis pour l’adoption immédiate de cette loi avant la levée de l’état d’urgence durant le mois courant. Il est très important d’avoir une loi antiterroriste, cela nous évitera le recours à des mesures d’exception. Par ailleurs, les citoyens n’ont aucune raison de redouter cette loi qui ne vise que les terroristes.
— De manière générale, la violence a révélé que les armes légères sont devenues accessibles pour les citoyens ordinaires. Avez-vous des chiffres concernant ce phénomène inquiétant ?
— Il y a un an et demi, une statistique officielle a donné le chiffre de 10 millions de pièces d’armes illégales. Ces armes proviennent des frontières, mais aussi de la production locale. J’ai tendance à croire ces chiffres.
— Quel sera, d’après vous, le chef d’accusation contre le président Morsi ?
— La coopération avec des services de renseignement étrangers et l’incitation au meurtre de citoyens innocents.
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