Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé mercredi 13 décembre à Oslo ses alliés européens et américains à poursuivre leur aide au moment où de nouvelles enveloppes sont bloquées par des dissensions tant à Bruxelles qu'à Washington.
"Bien sûr, on ne peut pas gagner sans aide", a dit M. Zelensky lors d'une conférence de presse après une réunion avec le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre. "Mais on ne peut pas perdre parce que la seule chose qu'on a, c'est son pays".
Aux Etats-Unis aussi bien qu'au sein de l'Union européenne, le versement de plusieurs dizaines de milliards de dollars au profit de l'Ukraine est actuellement entravé par des divisions internes.
La contre-offensive militaire lancée en juin par l'armée ukrainienne n'ayant pas apporté les résultats espérés, M. Zelensky cherche à remobiliser ses alliés parmi lesquels des dissensions apparaissent.
Arrivé à Oslo tôt dans la matinée, il devait participer à une réunion des dirigeants des cinq pays nordiques (Norvège, Suède, Danemark, Finlande, Islande) sur lesquels il compte pour financer son projet de production d'armes de type Otan sur le territoire ukrainien.
"Nous discuterons d'un renforcement de la coopération militaire, politique et économique, de même que de notre futur commun en Europe", a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).
Dans une lettre ouverte publiée dans le Financial Times, les cinq dirigeants nordiques ont fait valoir que "l'Ukraine ne peut se défendre contre la Russie qu'avec des mots" et que "la guerre ne se gagne pas sans armes".
"Ce n'est pas le moment de faiblir", soulignent-ils.
Après une étape en Argentine où il a assisté à l'investiture du président ultralibéral Javier Milei dimanche, le président ukrainien s'est rendu aux Etats-Unis pour tenter de débloquer de nouveaux fonds.
Il en est reparti sans parvenir à convaincre le Congrès, divisé sur la question, d'approuver une nouvelle enveloppe de 61 milliards de dollars pour son pays, disant simplement avoir reçu des signaux "positifs".
Depuis le début de la guerre en février 2022, les pays nordiques ont apporté une assistance conséquente à l'Ukraine.
La Norvège a consenti en début d'année une aide pluri-annuelle, civile et militaire, de 6,8 milliards d'euros à l'Ukraine sur la période 2023-2027.
Mercredi, elle a annoncé le versement d'un peu plus de 250 millions d'euros à Kiev dans le cadre de cette enveloppe, y compris de nouveaux armements antiaériens cruciaux alors que le pays continue d'être bombardé par la Russie.
Plus de cinquante personnes ont été blessées mercredi dans une attaque nocturne de missiles sur Kiev.
La Norvège et le Danemark voisin ont déjà donné notamment des chars, des canons et des munitions et promis qu'ils fourniraient des chasseurs F-16 à l'armée ukrainienne qui demande de tels appareils avec insistance.
La Suède réfléchit quant à elle à l'envoi d'avions de chasse Gripen.
Blocages et dissensions
L'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE et l'approbation d'une aide européenne de 50 milliards d'euros, sous forme de dons et de prêts, en faveur de l'Ukraine seront aussi au menu d'un sommet européen à Bruxelles jeudi et vendredi.
Mais là aussi, il y a des obstacles.
Le nationaliste hongrois Viktor Orban, seul dirigeant de l'UE à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a menacé de bloquer ces décisions clés pour l'Ukraine.
"Nous devons donner à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour être forte aujourd'hui. Afin qu'elle soit plus forte demain au moment de négocier une paix juste et durable", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg.
Le président russe Vladimir Poutine "compte" sur un arrêt de l'aide américaine à l'Ukraine, a aussi prévenu le président américain Joe Biden mardi après sa rencontre avec M. Zelensky.
"L'Histoire jugera sévèrement ceux qui ont tourné leur dos à la cause de la liberté", a-t-il affirmé.
Le Congrès a engagé plus de 110 milliards de dollars pour fournir l'Ukraine en équipements militaires et pour la soutenir économiquement, mais n'a pas réussi jusqu'ici à s'entendre sur la rallonge demandée par la Maison Blanche, pour tenir au moins jusqu'à la présidentielle de novembre 2024 aux Etats-Unis.
De son côté, le Kremlin a estimé mardi que toute nouvelle aide américaine était vouée au "fiasco", tandis que l'armée russe a revendiqué des avancées "significatives" sur une partie du front.
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