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L’Occident tergiverse en Ukraine

Sabah Sabet , Mercredi, 13 décembre 2023

En Occident, le soutien financier et militaire à Kiev est désormais l’objet de dissensions politiques, ce qui renforce la position de la Russie.

L’Occident tergiverse en Ukraine

Contrairement au début de la guerre en Ukraine en février 2022, la mobilisation européenne et américaine à Kiev n’a plus la même ampleur. L’aide militaire fournie à l’Ukraine par l’Union Européenne (UE) et les Etats-Unis fait désormais l’objet de désaccords politiques freinant lourdement la prise de nouveaux engagements. Le Congrès américain a échoué, mercredi 6 décembre, à avancer sur une grande enveloppe de plus de 106 milliards de dollars réclamée avec insistance par le président américain, Joe Biden, comprenant des fonds pour l’Ukraine et Israël au coeur de tractations très acrimonieuses, réclamant des concessions significatives sur la politique migratoire des Etats-Unis en échange de ses voix. Tentant de convaincre l’opposition républicaine qui a refusé de soutenir ce texte, Biden avait prévenu, quelques heures plus tôt, au cours d’un discours très solennel, que le fait de refuser une nouvelle aide à l’Ukraine serait « le plus beau cadeau » offert à Vladimir Poutine. Si le président russe parvenait à s’emparer de l’Ukraine, il « ne s’arrêterait pas là ». Le démocrate a clairement évoqué l’hypothèse d’une attaque russe contre un pays membre de l’OTAN, ce qui déclencherait l’entrée en guerre des Etats-Unis et donc des « soldats américains combattant les soldats russes », a-t-il dit.

Outre les Etats-Unis, des enveloppes européennes supplémentaires sont actuellement bloquées, ce qui a fait chuter les nouvelles promesses de dons (à la fois militaires, humanitaires et financiers) à leur plus bas niveau depuis le début de la guerre. Selon les données arrêtées à fin octobre de l’institut de recherche allemand Kiel Institute, publiées jeudi 7 décembre, sur le trimestre d’août à octobre, les nouvelles promesses d’aide à l’Ukraine ont chuté de près de 90 % par rapport à la même période en 2022.

Moscou mise sur les dissensions

« La rue européenne s’insurge de plus en plus contre l’octroi d’importantes sommes de leurs budgets pour le soutien à l’Ukraine, alors que de nombreux pays européens subissent des crises économiques », explique Mohamed Abdel-Wahed, expert sécuritaire, en ajoutant que ce sentiment s’accroît en l’absence de progrès notables dans les combats de la part de l’Ukraine, malgré les aides militaires qui lui ont été accordées depuis le début de la guerre.

Cependant, malgré les différends, de nombreuses voix continent d’appeler à la poursuite des aides à l’Ukraine. La directrice du Budget de la Maison Blanche, Shalanda Young, a averti que le temps ne va pas jouer en faveur de Kiev. « Si le Congrès n’agit pas d’ici à la fin de l’année, nous serons à court de ressources pour livrer plus d’armes et d’équipements à l’Ukraine et pour fournir du matériel venant des stocks militaires américains », a-t-elle prévenu. De son côté, la Russie se réjouit. Le Kremlin n’a pas tardé à réagir en mettant la pression sur le Congrès américain. Le porte-parole de la présidence russe a dit « espérer » que les élus américains ne continueraient pas à « brûler l’argent des contribuables américains dans la fournaise de la guerre ukrainienne », alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a, lui, estimé que Poutine compte sur l’« effondrement » du soutien occidental. Le président ukrainien rapporte d’ailleurs que l’armée russe avait « augmenté la pression de manière significative » sur le front. Et cette pression devrait durer car l’objectif russe est de gagner le conflit à l’usure. Vladimir Poutine mise sur le temps long, disent les analystes, d’autant plus qu’après l’échec de la grande contre-offensive estivale de l’armée ukrainienne, qui n’est pas parvenue à percer les défenses russes, ce sont désormais les troupes de Moscou qui ont repris l’initiative.

La pression s’accentue donc de toutes les parts. « Les Etats-Unis vont s’efforcer de maintenir leur soutien à l’Ukraine, sinon la balance va certainement pencher en faveur des Russes », estime Abdel-Wahed. L’enjeu est d’autant plus grand que les divergences occidentales interviennent alors que Vladimir Poutine a annoncé être candidat à sa propre réélection à la présidentielle du 17 mars.

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