Au milieu des ruines, l’espoir … (Photo : AP)
Envers et contre tout. Envers et contre tous. Malgré les multiples appels à un cessez-le-feu humanitaire, malgré l’horreur que subissent les civils, Israël entend aller jusqu’au bout de sa logique de guerre. Fort du soutien inconditionnel et éternel des Etats-Unis, qui ont, par leur veto, empêché l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat », Israël intensifie sa guerre. Les raids aériens contre la bande de Gaza se poursuivent sans relâche. Les combats terrestres avec les combattants du Hamas aussi. L’étau se resserre autour des villes du sud, notamment aux alentours de la ville de Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre. Mais aussi au coeur de la Gaza-ville.
Au milieu de ce chaos, des centaines de milliers de civils tentent désespérément de se protéger. La population est coincée dans un périmètre de plus en plus exigu, également cible de frappes, du sud de Gaza. Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis, soit 85 % de la population, ayant fui les bombes se retrouve acculée à Rafah, transformée en un vaste camp de réfugiés. « Il n’y a pas d’endroit vraiment sûr dans la bande de Gaza, même les locaux de l’ONU (…) ont été touchés », a déclaré lundi le directeur de l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini. Le système de santé menace de « s’écrouler » selon l’Organisation mondiale de la santé, tandis que le bilan des victimes ne cesse de s’alourdir. Il aurait dépassé les 18 000, d’après les chiffres fournis par le ministère de la Santé du Hamas lundi 11 décembre.
Guerre des nerfs
C’est donc une politique de la terre brûlée que mène Israël pour vider la bande de Gaza de ses habitants, les pousser à l’exil et imposer une nouvelle réalité. Or, « Israël est face à un vrai dilemme, il ne sait pas comment finir cette guerre alors qu’un jour ou l’autre, elle va se terminer, comme toutes les guerres », estime Dr Mona Soliman, politologue. Elle ajoute : « La situation sur le terrain est très complexe. Israël n’a pas de plans clairs. Il s’est simplement fixé trois objectifs : libérer les otages, assassiner les leaders du Hamas à Gaza, en premier lieu Yahya Sinwar, et mettre en place une zone de sécurité à la frontière entre la bande de Gaza et Israël pour empêcher de nouvelles attaques depuis Gaza. Mais ces objectifs n’ont toujours pas été atteints malgré l’intensité des frappes et la supériorité militaire de l’armée israélienne ».
L’armée israélienne serait-elle en train de trébucher ? En tout cas, en attendant d’atteindre ses objectifs, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, joue la carte de la guerre des nerfs. Dimanche dernier, il a appelé les combattants du Hamas à déposer les armes et a évoqué de nombreuses redditions qui annonceraient « le début de la fin » du Hamas. Une guerre des nerfs que livre aussi le Hamas : non seulement il a démenti la reddition de combattants, mais il diffuse aussi de nombreuses images sur les combats au sol et les « succès » qu’il enregistre. Le Hamas a aussi prévenu qu’aucun des otages encore retenus dans la bande de Gaza n’en sortirait « vivant » sans négociation et sans « répondre aux exigences » du mouvement.
C’est dire que la guerre n’est pas près de prendre fin. « Il se peut que le conflit se poursuive jusqu’à la fin janvier, peut-être plus, et que la guerre soit parsemée de trêves humanitaires en contrepartie d’échange de détenus », estime Soliman. Et de conclure : « Mais la plus grande inconnue demeure l’après-guerre ».
Une délégation du Conseil de sécurité à Rafah
Des ambassadeurs auprès du Conseil de sécurité se sont rendus lundi 11 décembre au poste-frontière de Rafah, point de passage vers la bande de Gaza. La visite a été organisée et coordonnée entre les missions égyptienne et émiratie auprès des Nations-Unies. Elle « intervient à un moment crucial où le Conseil de sécurité n’est malheureusement pas en mesure de prendre une décision sur un cessez-le-feu à Gaza », a déclaré le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Abu Zeid, précisant que la délégation du Conseil de sécurité identifiera les contraintes imposées par le côté israélien à l’entrée des aides et à l’évacuation des blessés via le passage de Rafah.
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