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En Afrique, 10% des médicaments sont falsifiés : Medisafe

Heba Zaghloul , Samedi, 09 décembre 2023

En marge de la conférence sur la régularisation des médicaments en Afrique, tenue au Caire du 5 au 7 décembre, les représentants de Medisafe, projet d’Expertise France (Agence française de coopération technique internationale) font état de leur lutte contre les médicaments falsifiés en Afrique.

médicament
Dans les pays en développement, 1 médicament sur 10 est de qualité inférieure ou falsifié. WHO

Difficilement détectables, les médicaments falsifiés sont largement répandus en Afrique. Medisafe est un projet d’Expertise France qui a vu le jour en 2018. Financé par l’Union Européenne, il vise à lutter contre ce type de médicaments dans 11 pays de l’Afrique de l’Est, et de l’Afrique du Centre. Une mission ardue car les médicaments ne sont pas vendus dans les pharmacies, mais dans la rue.

Reychad Abdool, représentants d’Expertise France et chef d’équipe au département de Santé au sein de Medisafe, et Cepeda Garcia Juan, coordinateur du projet, ont expliqué à Al Ahram que bien qu’une coopération régionale soit primordiale, le combat doit commencer au niveau national de chaque pays. « Chaque année, plus d’un million de personnes meurent à cause des médicaments falsifiés dans le monde.
En Afrique, 90% des médicaments sont importés et plus de 10% % sont falsifiés », affirme Juan.

Alors concrètement, comment cette lutte se déroule-t-elle sur le terrain ? dans un premier temps, a lieu la mise en place d’un réseau d’experts juridiques, pharmaceutiques, et internationaux, explique Abdool. « Cela se traduit par une vérification des documents et des produits médicaux importés au niveau de la douane », ajoute-t-il.

Ensuite, à l’arrivée des médicaments, une vérification de leur aspect visuel est faite. « Il faut par exemple s’assurer que toutes les informations figurent sur les boites et la notice, vérifier la date d’expiration, etc »; poursuit Abdool. Selon lui, il y a des équipements qui permettent de détecter les faux médicaments, mais leur prix étant trop élevés, ils ne sont pas à la portée de tous les pays.

Cependant, ces procédures s’avèrent insuffisantes si elles ne sont pas accompagnées d’une sensibilisation afin que les falsifications de médicaments puissent être détectés par tous.

Un autre défi concerne les médicaments “sous- standards” ou de qualité inférieure, car bien qu’il n’y ait pas d’intention criminelle, il y a une corruption au niveau de la chaine d’approvisionnement lors de la fabrication du médicament. D’où l’importance de former la police et les douaniers sur place, travailler sur la communication entre ces derniers et les autorités de réglementations, et coordonner avec Interpole. « C’est
la seule façon de lutter contre les médicaments falsifiés. Il faut coordonner avec toutes ces différentes parties », souligne Juan.

Un autre champ d’action est la sécurisation de la chaine d’approvisionnement. La majorité des médicaments falsifiés proviennent de Chine ou d’Inde, mais leur fabrication peut passer par plusieurs pays. Un guide a donc été élaboré pour l'évaluation de la sécurisation de la chaîne d'approvisionnement, précise Abdool.

Mais un long chemin reste à parcourir. Il faut par exemple agir sur le plan juridique, car les peines concernant le trafic ou la distribution des médicaments falsifiés, ne sont pas proportionnés à l’offense. « Parfois, il s’agit d’une simple amende, ce qui n’est pas suffisant pour dissuader les trafiquants. Un manuel de référence des législations a donc été proposé aux pays concernés » poursuit-il.

« A la fin de ce projet, l’objectif est de donner aux pays africains un plan d’action nationale avec des recommandations pour les épauler dans leur lutte contre la propagation des médicaments falsifiés. Toutefois, c’est à chaque pays de prendre ou pas en compte les recommandations », conclut Juan.

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