Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, lors de la session du Conseil du Sécurité, vendredi 8 décembre. Photo : AFP
Les violences à Gaza ne justifient « en aucun cas la punition collective » des Palestiniens, a jugé vendredi 8 décembre le secrétaire général de l'ONU, mettant la pression sur le Conseil de sécurité qui doit se prononcer sur son appel à « cessez-le-feu humanitaire immédiat ».
« Je condamne sans réserve » les attaques du 7 octobre, mais « les violences perpétrées ne peuvent en aucun cas justifier la punition collective du peuple palestinien », a déclaré Guterres qui a pour la première fois invoqué mercredi l'article 99 de la Charte de l'ONU pour provoquer cette réunion extraordinaire du Conseil sur un dossier qui « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
Guterres a répété que la situation humanitaire « au point de rupture » et le risque d'un « effondrement total de l'ordre public » dans la bande de Gaza.
« Le monde et l'Histoire nous regardent. Il est temps d'agir », a-t-il ajouté devant les membres du Conseil, leur réclamant de « pousser pour un cessez-le-feu humanitaire immédiat ».
Depuis le déclenchement de le début de la guerre, Israël impose un « siège complet » et pilonne massivement la bande de Gaza, réduisant en ruines de vastes zones.
Nourriture, eau, carburant et médicaments n'y entrent qu'au compte-gouttes, alors qu'environ 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont dû quitter leur logement selon l'ONU depuis le début des hostilités, qui ont fait plus de 17.000 morts selon le ministère de la Santé de Gaza.
Suite à l'invocation de l'article 99 par Antonio Guterres, les Emirats arabes unis ont préparé un projet de résolution, qui devait être soumis au vote vendredi matin. Mais le vote a été reporté à la fin de journée.
"Obligation d'empêcher les atrocités"
La dernière version vue par l'AFP souligne la « situation catastrophique dans la bande de Gaza » et « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat ».
Le texte très court appelle également à la protection des civils, à la libération « immédiate et inconditionnelle » de tous les otages et à « assurer l'accès humanitaire ».
Mais l'issue d'un vote est incertaine, quatre projets de résolution ayant été rejetés par le Conseil dans les semaines suivant le début de la guerre.
Le Conseil était finalement sorti de son silence mi-novembre, réussissant à adopter une résolution qui appelait à des « pauses et couloirs humanitaires » dans la bande de Gaza, pas à un « cessez-le-feu » ni même une « trêve ».
Les Etats-Unis, alliés d'Israël qui ont mis leur veto à un des projets précédents et qui ont rejeté l'idée d'un cessez-le-feu, répètent qu'un nouveau texte du Conseil ne serait « pas utile à ce stade ».
« Notre position n'a pas changé », a insisté jeudi l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood. « Nous pensons que la meilleure chose à faire, pour nous tous, (...) est de laisser la diplomatie discrète en coulisses se poursuivre et nous pensons que c'est le meilleur espoir pour essayer d'améliorer la situation sur le terrain, pour l'aide humanitaire, la libération des otages », a-t-il expliqué à quelques journalistes.
« Les Etats-Unis et tous les autres Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont l'obligation claire, en vertu du droit international, d'empêcher les atrocités », a commenté dans un communiqué la secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard.
« Nous espérons qu'aujourd'hui (...) le Conseil sera enfin capable d'appeler à un cessez-le-feu immédiat », a lancé de son côté l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour. « Le temps du courage est venu (...) Vous devez agir maintenant ».
* Article modifié par Ahraminfo
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