Des enveloppes européennes et américaines supplémentaires sont actuellement bloquées, ce qui a fait chuter les nouvelles promesses de dons (à la fois militaires, humanitaires et financiers) à leur plus bas niveau depuis le début de la guerre, selon les données arrêtées à fin octobre de l'institut de recherche allemand Kiel Institute, publiées jeudi 7 décembre.
Près de 100 milliards d'euros
Sur le plan de l'aide militaire seule, l'Union européenne et les pays de l'Otan se sont déjà engagés sur près de 100 milliards d'euros à fin octobre, selon le Kiel Institute, qui recense les armes promises et livrées à l'Ukraine depuis l'invasion.
L'Europe au sens large (Royaume-Uni, Norvège et Turquie compris) a promis 51,5 milliards, les États-Unis 43,9 milliards. Mais les promesses européennes s'étalent sur plusieurs années, quand celles des États-Unis ont déjà toutes été livrées ou le seront d'ici un an. Pour les promesses de court terme (dans les 12 mois), l'Europe, avec 36,3 milliards d'euros, est derrière les États-Unis.
Par pays, les États-Unis sont suivis par l'Allemagne (17,1 milliards, dont 6,6 milliards à court terme) et le Royaume-Uni (6,6 milliards, intégralement à court terme). Berlin a annoncé fin novembre une enveloppe supplémentaire de 1,3 milliard d'euros.
Front désuni
A l'image des pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie), premiers contributeurs au regard de leur richesse, la plupart des pays limitrophes des deux belligérants ont fait de gros efforts budgétaires, mais ils ne font désormais plus front uni.
Soutien de la première heure, la Pologne a vu ses relations s'envenimer avec l'Ukraine, qu'elle accuse de concurrence déloyale dans les secteurs céréaliers et routiers. Varsovie n'assure plus que les livraisons d'armes "convenues antérieurement" avec Kiev, mais la perspective d'un nouveau gouvernement pro-européen - si le gouvernement minoritaire formé par la droite nationaliste populiste fin novembre n'obtient pas la confiance du Parlement dans les délais requis - pourrait changer la donne.
En Slovaquie, l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle majorité s'est accompagnée de tensions, le nouveau Premier ministre Robert Fico ayant bloqué début novembre, comme promis lors de sa campagne, une importante livraison d'armes programmée par l'exécutif précédent.
Chute des promesses d'aide
Les réticences de certains pays européens à débourser davantage compliquent la recherche d'un consensus au niveau de l'UE pour de nouveaux financements.
Une enveloppe de 20 milliards d'euros sur quatre ans proposée par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell est ainsi bloquée, tout comme celle de 50 milliards, envisagée pour consolider le soutien européen à l'Ukraine.
Quant à la nouvelle enveloppe américaine, elle est actuellement bloquée au Congrès américain, par des réticences d'élus républicains.
Résultat, sur le trimestre d'août à octobre, les nouvelles promesses d'aide à l'Ukraine, aides humanitaire et financière comprises, ont chuté de près de 90% à 2,11 milliards d'euros par rapport à la même période en 2022, qui avait été marquée par le vote d'une enveloppe américaine de 12 milliards de dollars. L'aide repose en outre sur un nombre de plus en plus limité de pays.
- Des armes légères aux chars -
Au début du conflit, face à la progression éclair des troupes russes, Kiev reçoit dans l'urgence des dizaines de milliers d'armes légères. Puis à partir d'avril, lorsque l'armée russe concentre ses efforts sur le Donbass et le sud, des armes capables de frapper derrière les lignes ennemies (obusiers, lance-roquettes multiples, hélicoptères de combat, drones).
Les alliés de l'Ukraine lui livrent ensuite des systèmes de défense anti-missiles, dont le Patriot américain, pour se défendre contre les frappes sur les infrastructures et les villes.
Début 2023, pour sortir de la guerre de tranchées qui s'installe dans l'est, Kiev obtient des chars lourds modernes: Abrams américains (livrés depuis fin septembre), Challenger britanniques et surtout Leopard allemands, réputés parmi les meilleurs du monde. Selon le Kiel Institute, 265 chars ont été promis, dont au moins 150 avaient été livrés à fin octobre.
Alors que l'Ukraine entame en juin une difficile contre-offensive, elle obtient de ses alliés des missiles de longue portée: des Storm Shadow/Scalp (portée de 250 km) livrés par la France et le Royaume-Uni à partir de mai, puis des missiles américains ATACMS (portée de 165 km) utilisés pour la première fois par l'Ukraine en octobre.
- Bientôt des F-16 -
Après un feu vert de Washington, les Pays-Bas et le Danemark s'engagent en août à livrer 61 chasseurs américains F-16. La Norvège suit. La formation des pilotes, assurée par une coalition de 11 pays, a déjà débuté et un centre d'entraînement a été inauguré mi-novembre en Roumanie où cinq premiers F-16 sont arrivés en provenance des Pays-Bas.
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