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A Gaza, une trêve, mais …

Abir Taleb , Mercredi, 29 novembre 2023

La trêve à Gaza a été prolongée jusqu’à ce jeudi 30 novembre, ce qui permet la libération de davantage de détenus de part et d’autre. Mais la guerre, elle, est loin d’être finie.

A Gaza, une trêve, mais …
L’incertitude reste entière quant aux scénarios de l’après-trêve. (Photo : AFP)

Deux jours de répit de plus. Grâce à une médiation de l’Egypte et du Qatar, la trêve entre le Hamas et Israël, initialement de quatre jours et qui devait prendre fin mardi 28 novembre au matin, a été prolongée de deux jours. L’annonce a été faite lundi soir, quelques heures avant l’expiration de la trêve, et confirmée par le Hamas, qui a affirmé que cette extension répond aux « mêmes conditions ». Ce n’est pourtant pas sans difficulté que l’accord de prolongation a été conclu. Les négociateurs égyptiens, qataris et américains ont multiplié les efforts afin de rapprocher les vues : selon certaines sources, le Hamas souhaiterait une prolongation de quatre jours, tandis que l’Etat hébreu pencherait pour une prolongation décidée de jour en jour. Immédiatement après, 11 Israéliens retenus dans la bande de Gaza et 33 prisonniers palestiniens ont été libérés. Un pour trois, l’équation est donc toujours la même. Cependant, pour le moment, il ne s’agit que de civils, explique Dr Mona Soliman, politologue. « La libération des soldats, elle, répond à une tout autre logique et à des discussions différentes, avec d’autres calculs. C’est souvent un soldat israélien contre des centaines de prisonniers palestiniens, comme ce fut le cas lors de la libération de Gilad Shalit en 2011 en échange d’un millier de Palestiniens ».

Tout au long des cinq derniers jours, Israël et la bande de Gaza ont vécu dans l’attente, celle de revoir les leurs libres pour les uns — les Palestiniens de Cisjordanie puisque la majorité des prisonniers proviennent de Cisjordanie et les familles des personnes détenues par le Hamas —, et celle, pour les autres, à savoir les Gazaouis, de voir enfin arriver davantage d’aides humanitaires cruciales pour leur survie.

Une hirondelle ne fait pas le printemps

La prolongation de la trêve a été largement bien accueillie à l’international, alors que les Etats-Unis, l’Union européenne et l’Otan avaient déjà appelé à son extension. Mais jugée pas suffisante par le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, qui a estimé que c’était « une lueur d’espoir et d’humanité », mais que ce n’était pas suffisant pour apporter l’aide nécessaire aux habitants de Gaza. « Même avec ce temps supplémentaire il sera impossible de satisfaire tous les besoins immenses de la population », a déclaré Antonio Guterres à la presse.

Mais une hirondelle ne fait pas le printemps. « Les opérations militaires israéliennes ne prendront pas fin avant deux ou trois mois, parce que si l’un des objectifs d’Israël est de libérer les Israéliens retenus en otage par le Hamas, l’Etat hébreu a aussi deux autres objectifs liés l’un à l’autre, celui de neutraliser le Hamas et celui de faire en sorte que la frontière avec la bande de Gaza ne soit plus source de menace », explique Mona Soliman, ajoutant toutefois qu’anéantir le Hamas est une mission impossible.

Or, Israël le dit et le répète : cela ne signifie en rien la fin de la guerre. En effet, si les responsables israéliens ont accepté cette prolongation, c’est parce qu’ils sont soumis à d’intenses pressions pour parvenir à la libération d’un plus grand nombre de personnes prises en captivité par le Hamas, réclamée avec force par une opinion publique. Et c’est aussi parce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir leur libération par le biais de l’opération militaire, malgré sa brutalité et son intensité. D’où la déclaration faite par le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, suite à l’annonce de la prolongation de la trêve : « Dès que le cadre (de l’accord) sera terminé, Israël poursuivra pleinement ses trois objectifs : éliminer le Hamas, s’assurer que la bande de Gaza ne sera jamais une menace à la sécurité d’Israël et libérer tous les otages ». D’ailleurs, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a demandé, lundi 27 novembre, à son gouvernement de se prononcer en faveur d’un budget « de guerre » de 30 milliards de shekels (8 milliards d’euros). Bref, il ne compte pas s’arrêter là dans sa machine de guerre. La branche armée du Hamas répète, pour sa part, que ses combattants sont « prêts » si les hostilités devaient reprendre.

Aussi, et c’est une première depuis le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005, Netanyahu s’est rendu dimanche 26 novembre sur place. Une visite symbole, où le premier ministre israélien a rencontré ses troupes et réaffirmé sa position. « On continue jusqu’à la fin, jusqu’à la victoire. Rien ne nous arrêtera », a-t-il martelé. C’est tout dire.

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