L’Egypte a grand ouvert les portières du terminal de Rafah pour accueillir les premiers otages libérés après plus d’une cinquantaine de jours d’une guerre acharnée menée contre les Palestiniens à la bande de Gaza. C’est suite à une coordination entre l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis qu’une trêve de quatre jours a été mise en oeuvre depuis le 24 novembre. Jusqu’au lundi 27 novembre, 63 personnes ont été libérées par le Hamas. Parmi elles, 14 Thaïlandais et un Philippin ont été relâchés grâce à une médiation égyptienne. Aussi, 117 prisonniers palestiniens ont été libérés.
Les communications égyptiennes se poursuivent actuellement pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu permanent. Lors d’un appel téléphonique le 26 novembre, le président Abdel-Fattah Al-Sissi et le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, ont convenu de la nécessité de prolonger la trêve et de prendre des mesures urgentes pour fournir une aide humanitaire aux Palestiniens et parvenir à une voie vers un règlement juste et global de la question palestinienne pour assurer la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient.
Dynamisme politique
Le président Sissi a également appelé la communauté internationale à faire reconnaître l’Etat palestinien par les Nations-Unies. Actuellement, la Palestine est un Etat observateur auprès de l’Onu et non un Etat membre. Ces propos ont été lancés lors d’une conférence de presse avec les premiers ministres espagnol et belge le 24 novembre. Le président a également rappelé que « la seule solution à la question palestinienne est la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël, à l’intérieur des frontières du 4 juin (1967), avec Jérusalem-Est pour capitale », affirmant être favorable à un Etat palestinien démilitarisé, potentiellement avec la présence de forces internationales — qu’elles viennent de l’Otan, des Nations-Unies ou des forces américaines ou arabes — afin de garantir la sécurité des Etats palestinien et israélien.
Le professeur de sciences politiques à l’Université du Caire Tarek Fahmy souligne que sans les grands efforts égyptiens de médiation entre la résistance palestinienne et l’occupation israélienne, la trêve humanitaire annoncée entre les deux parties n’aurait pas été possible. « L’Egypte a exercé une pression sur l’Administration américaine dans deux axes : le premier était la pression de Washington sur Israël pour qu’il accepte la trêve et le deuxième était la garantie américaine quant à l’engagement d’Israël aux termes de la trêve », explique Fahmy. Selon lui, les efforts ne se sont pas arrêtés là. Il assure que pendant le processus d’échange de prisonniers, les parties égyptienne, qatarie et américaine cherchent à formuler un accord plus important pour parvenir à un cessez-le-feu et mettre fin à la guerre.
Fahmy assure que l’Egypte, avec la pleine sagesse diplomatique, a réalisé jusqu’à présent trois énormes succès. « Son premier succès concerne l’entrée de l’aide aux civils malgré l’opposition initiale israélienne. Le deuxième succès, c’est d’avoir mis fin et très fermement aux propositions israéliennes visant à déplacer de force le peuple palestinien de Gaza vers le Sinaï. Le troisième, c’est la conclusion d’un accord de trêve entre la résistance palestinienne et l’occupation israélienne ». Et de conclure : « Les prochains jours verront un dynamisme égyptien très intensifié pour inciter le monde entier à reconnaître l’Etat palestinien ».
Les aides humanitaires multiplies
L’accord de la trêve a en outre permis à l’Egypte d’acheminer un nombre multiplié d’aides vers la bande de Gaza placée sous le siège total d’Israël pendant près de 50 jours. Les Nations-Unies ont déclaré que la trêve avait permis d’atteindre le plus grand volume de livraison de nourriture, d’eau et de médicaments depuis le début de la guerre. Il a été également capable de livrer 129 000 litres de carburant, soit un peu plus de 10 % du volume quotidien d’avant-guerre, ainsi que du gaz de cuisine, une première depuis le début de la guerre. L’aide a également atteint le nord de Gaza, via un « passage humanitaire », pour la première fois depuis un mois. L’Onu a déclaré qu’elle et le Croissant-Rouge palestinien avaient également pu évacuer 40 patients et membres de leurs familles d’un hôpital de la ville de Gaza vers un autre dans le sud. 187 autres camions de fournitures vitales ont été envoyés séparément aux organisations humanitaires opérant dans la bande de Gaza, a-t-elle indiqué.
L’Onu estime que 1,7 million des 2,4 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés de force par Israël. Depuis la trêve, des milliers de personnes sont retournées dans ce qui reste de leurs maisons.
Derniers chiffres annoncés par l’Organisme général de l’information
2 675 tonnes d’aide médicale
9 621 tonnes d’aide alimentaire
7 047 tonnes d’eau
82 tentes et bâches
1 992 tonnes de matériel de secours
788 tonnes de carburant
2 056 camions sont passés du terminal de Rafah à Gaza.
L’Egypte a accueilli 353 blessés, accompagnés de 292 personnes.
8 514 personnes de nationalité étrangère et 1 256 Egyptiens ont traversé le terminal de Rafah.
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