Le commerce intra-africain reste relativement faible en comparaison avec les autres régions du monde. Il se situe entre 15 et 18 %, selon les différents panelistes et experts présents à la Foire, alors qu’il est de 59 % en Europe, 51 % en Asie et 37 % en Amérique du Nord. Et ce, par manque d’informations, d’analyses de marché et d’accès au financement, ainsi qu’à cause des contraintes du côté de l’offre et les mauvaises infrastructures.Dans son intervention, Jean-Louis Ekra, ex-président d’Afreximbank, a mis le doigt sur les raisons des déséquilibres des économies africaines. Selon lui, l’Afrique souffre du désavantage de focaliser sur l’exportation des matières premières contre l’importation de produits finis importés de l’étranger. Dans un continent où plus de 85 % des pays sont riches en matières premières et en ressources naturelles, les économies africaines continuent d’être exposées à des problèmes commerciaux défavorables, associés à des contraintes de liquidités et des défis macroéconomiques. « Régler ces contraintes reste la clé à l’accélération de la croissance et de la transformation structurelle de ses économies. La ZLECAF est le maillon qui manques », a-t-il analysé.
Dans les panels dédiés à la reconception de l’industrialisation et au développement des chaînes locales d’approvisionnement et de valeur, deux solutions incontournables ont été avancées pour réaliser une intégration économique, à savoir le développement de l’industrie manufacturière et le transfert vers des chaînes d’approvisionnement régionales et locales. Helen Brume, directrice des projets et des financements basés sur des actifs à Afreximbank, a révélé que l’Afrique possède 70 % des richesses minérales qui sont exportées à l’état brut, au lieu d’être exportées finies ou semi-finies pour avoir une valeur ajoutée qui se répercute plus tard sur le PIB. « Il faut renforcer le rôle de l’industrie manufacturière locale et de la fabrication pour réaliser des rendements économiques à hauteur de 500 milliards de dollars », a-t-elle ajouté.
Diversifier les chaînes d’approvisionnement
Le Covid-19 a perturbé les chaînes mondiales d’approvisionnement. Le panel consacré à ce débat a souligné l’importance des chaînes locales et régionales pour diversifier les fournisseurs. « Nous avons besoin d’une base de données dans chaque pays et sur le niveau continental pour que tous les maillons de la chaîne de fabrication se connaissent. Depuis les fournisseurs des matières premières jusqu’aux fabricants et exportateurs », a déclaré Yéhiya El Wathk, sous-secrétaire d’Etat égyptien et président des services commerciaux auprès du ministère de l’Industrie et du Commerce intérieur. Et de reprendre que l’intégration est possible surtout sous la ZLECAF, d’autant plus que 47 pays ont déjà finalisé leur accréditation et peuvent bénéficier de zéro douanes.
Pour Mohamed Qassem, président de l’Association des exportateurs égyptiens, il faut établir des analyses sectorielles pour combler les lacunes. « Si nous parlons par exemple du coton, il est produit dans beaucoup de pays africains. Mais, quand il s’agit d’industrialisation du secteur de tissage et de prêt-à-porter, je dirais par exemple que nous avons besoin de plus d’investissements dans les cycles en amont de l’industrie ».
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