Selon l’Onu, 8 000 civils ont fui le Darfour vers le Tchad voisin la semaine dernière. (Photo : AP)
Alors que tous les yeux sont tournés vers Gaza, une autre crise humanitaire plane sur le Soudan, où d’intenses combats ont lieu à Khartoum et au Darfour, dans l’ouest du pays, entre l’armée régulière dirigée par le général Abdel-Fattah Al-Burhan et les Forces de Soutien Rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdan Daglo, en guerre depuis sept mois. « Plus de 800 personnes auraient été tuées au cours de ces derniers jours par des groupes armés à Ardamata, au Darfour-Ouest, une zone jusqu’ici moins touchée par le conflit », a indiqué l’Agence de l’Onu pour les réfugiés (HCR), dans un communiqué publié vendredi 10 novembre. L’Onu a mis en garde contre une augmentation des violations des droits humains au Darfour après l’intensification des combats au 7e mois de la guerre entre l’armée et les paramilitaires. « Des centaines de milliers de civils et de déplacés sont désormais en grand danger à El-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord, face à une détérioration rapide de la situation sécuritaire (et) un manque de nourriture et d’eau », a écrit sur X (ex-Twitter) Toby Harward, coordinateur humanitaire adjoint de l’Onu pour le Darfour, le 9 novembre, ajoutant que les combats entre les FSR et l’armée soudanaise pour le contrôle de la ville « auront un impact catastrophique sur les civils ». « Il y a 20 ans, le monde était choqué par les terribles atrocités et violations des droits humains au Darfour. Nous craignons qu’une dynamique similaire ne se développe », a déclaré le Haut-Commissaire du HCR, Filippo Grandi, dans un communiqué publié le 8 novembre, en appelant à un arrêt immédiat des combats « pour éviter une nouvelle catastrophe ».
Tension à la frontière avec le Soudan du Sud
Cette aggravation de la situation a eu lieu alors qu’un nouveau round de négociations parrainé par l’Arabie saoudite et les Etats-Unis s’est achevé la semaine dernière sans avancée.
Outre la région du Darfour, les combats entre les forces des deux généraux qui se disputent le pouvoir au Soudan se rapprochent de la frontière avec le Soudan du Sud et de la région d’Abyei, disputée entre les deux pays, ce qui suscite l’inquiétude à l’égard de l’extension de cette guerre. L’émissaire de l’Onu pour la Corne de l’Afrique, Hanna Tetteh, a mis en garde la semaine dernière contre les « importantes conséquences humanitaires, sécuritaires, économiques et politiques qui inquiètent les dirigeants du Soudan du Sud ». « Avec les développements militaires au Soudan, et récemment la prise par les FSR de l’aéroport et du champ de pétrole de Belila (dans l’Etat soudanais du Kordofan-Ouest), la confrontation militaire entre les Forces Armées Soudanaises (FAS) et les FSR se rapproche de la limite d’Abyei et de la frontière avec le Soudan du Sud », a dit Tetteh, précisant qu’avec cette offensive dans le Kordofan-Ouest, les FSR contrôlent « une partie de la frontière avec le Soudan du Sud ».
Le conflit qui a éclaté en avril au Soudan « a interrompu des signes de dialogue encourageants entre le Soudan et le Soudan du Sud », a commenté le patron des opérations de maintien de la paix de l’Onu, Jean-Pierre Lacroix. « Cela a suspendu le processus politique concernant le statut final d’Abyei et les questions frontalières », explique-t-il.
Le Conseil de sécurité doit se prononcer d’ici la fin du mois sur la prolongation de la mission de maintien de la paix de l’Onu à Abyei (Fisnua), établie en 2011 et comptant actuellement quelque 4 000 militaires et policier.
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