Le soutien militaire américain à Israël ne cesse de s’approfondir. Le 6 novembre, c’est un sous-marin nucléaire de classe Ohio qui est venu rejoindre les deux porte-avions américains en Méditerranée orientale. Depuis le 7 octobre, les Etats-Unis ont déployé d’importants moyens militaires dans la région. Environ 1 000 soldats été envoyés, outre l’engagement d’un nombre indéterminé de commandos d’opérations spéciales qui conseilleraient l’armée israélienne dans ses opérations à Gaza. Cette démonstration de force fait office de dissuasion pour empêcher l’expansion du conflit dans la région. « Notre message à tout pays ou groupe qui envisage d’essayer de profiter de cette situation pour élargir le conflit est le suivant : Ne le faites pas », a déclaré le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder. « Les Etats-Unis ne veulent pas s’engager dans une nouvelle guerre dans la région qui serait trop coûteuse pour eux, surtout qu’ils n’ont enregistré aucun succès au Moyen-Orient depuis la Tempête du désert en 1991. Il s’agit également de protéger leurs bases en Iraq, en Syrie et ailleurs dans la région pour prévenir toute attaque contre elles ou toute prise d’otages américains°», explique Amr Abdel-Atti, spécialiste des affaires américaines au Centre des études politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.
En effet, Washington réserve à Tel-Aviv sa principale aide militaire annuelle qui atteint plus de 3 milliards de dollars. En plus du soutien financier, les Etats-Unis engagent Israël dans des opérations mutuelles de haut niveau, y compris des exercices militaires conjoints, la recherche militaire et le développement d’armes. Mais ce n’est pas tout. L’Administration de Biden annoncerait prochainement une aide militaire supplémentaire pour renforcer les capacités de défense d’Israël, en particulier en réponse à la demande de Benyamin Netanyahu d’un « soutien américain d’urgence » pour le système de défense du pays Dôme de fer.
Le rôle des Etats-Unis n’est pas seulement militaire mais aussi moral. Sans la moindre réserve, ils ont endossé dès les premiers jours de l’offensive le rôle de soutien indéfectible d’Israël. C’est d’un ton ferme que le président américain a pris la parole le 10 octobre, confirmant être, comme toujours, aux côtés d’Israël. Il s’est même rendu en Israël et a assisté au Conseil de guerre du cabinet israélien. « C’est la première fois qu’un président américain rend visite à Tel-Aviv en temps de guerre », précise Abdel-Atti. Sans oublier les visites du secrétaire d’Etat, Antony Blinken, du secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, et du directeur de la CIA, William Burns.
« Les Etats-Unis ont aussi adopté la version israélienne des faits dans les médias en comparant le Hamas à Daech. Au cours de la visite de Biden en Israël, il a réitéré les propos israéliens disant que c’est le Hamas qui a frappé l’hôpital Al-Ahli de Gaza. Il s’agit d’un soutien moral et médiatique à Israël en plus du soutien militaire inconditionnel. Sans oublier l’appui absolu au sein de l’Organisation des Nations-Unies », explique Abdel-Atti. En effet, les Etats-Unis ont opposé leur veto, le 18 octobre, à une résolution du Conseil de sécurité qui condamnait les violences contre tous les civils et les attaques du Hamas, réclamait la libération des otages et demandait l’acheminement de l’aide humanitaire. « Cependant, la position américaine a connu un léger changement après l’escalade des attaques israéliennes contre les civils palestiniens. Pour la première fois, la position américaine a commencé à parler de l’idée de faciliter le passage des aides humanitaires à cause des pressions au sein de l’Administration américaine dues au coût humain de la guerre menée par Israël contre les civils à Gaza. En plus, Joe Biden appartient au Parti démocrate qui accorde un certain intérêt aux aspects humains. Le courant progressiste au sein du parti a commencé à faire pression sur l’Administration américaine pour apporter un soutien aux droits des Palestiniens. Sans oublier la crainte que le Parti démocrate ne perde les voix de l’électorat arabe et musulman dans les Etats décisifs. Tout cela a mené à un changement dans la position américaine », explique Abdel-Atti. Et d’ajouter : « La guerre israélienne contre Gaza a commencé à avoir un impact sur la hausse des cours du pétrole qui rappelle la crise économique déclenchée par la guerre russe en Ukraine dans un monde qui se remet à peine de la pandémie du Covid-19. Ce qui aura un impact sur l’économie mondiale et, par conséquent, sur l’économie américaine et sur le citoyen américain. Ceci entraîne un sentiment d’insatisfaction envers le soutien américain inconditionnel à Israël ».
Ce jugement est étayé par l’annonce faite par la chaîne CNN que des diplomates américains ont mis en garde l’Administration de Biden contre la colère croissante envers les Etats-Unis dans le monde arabe à cause de son « grand soutien aux attaques militaires israéliennes destructives et mortelles contre Gaza ». La CNN a rapporté que le deuxième plus important responsable à l’ambassade américaine à Oman a envoyé un message au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, à la CIA et au FBI dans lequel il a exprimé l’inquiétude des diplomates américains face à la colère arabe contre les Etats-Unis. « Le soutien américain aux actions d’Israël est considéré comme une responsabilité matérielle et morale dans des crimes de guerre potentiels », a écrit le diplomate américain.
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