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Face à l’horreur, l’impunité

Abir Taleb , Mercredi, 08 novembre 2023

De plus en plus de voix s’élèvent contre les violations, par Israël, du droit international humanitaire. L’heure de rendre des comptes n’a cependant pas encore sonné.

Face à l’horreur, l’impunité
(Photo : AFP)

Crime de guerre : violations du droit international humanitaire, dont « l’attaque et le bombardement des villes, villages, habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus et qui ne sont pas des objectifs militaires ».

Crime contre l’humanité : « acte commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile », dont le « transfert forcé de population ».

Nettoyage ethnique : « politique délibérée conçue par un groupe ethnique ou religieux visant à faire disparaître, par le recours à la violence et à la terreur, des populations civiles appartenant à une communauté ethnique ou religieuse distincte de certaines zones géographiques ».

Génocide : tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Telles sont les définitions de ces termes telles qu’écrites dans le site des Nations-Unies. Et il suffit de les lire attentivement et d’observer ce qui se passe à Gaza pour réaliser que l’ensemble de ces violations, ou presque, sont aujourd’hui commises par Israël dans les territoires occupés. Dès le 7 octobre, Israël a enfreint le droit humanitaire international en imposant un siège total à la bande de Gaza. Et alors que la guerre est entrée dans son deuxième mois, de plus en plus de voix s’élèvent pour condamner les actes israéliens. « Je suis profondément inquiet concernant les claires violations du droit international humanitaire que nous voyons à Gaza », a déjà lancé le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, la semaine dernière.

« Grave risque de génocide »

Le 2 novembre, des experts de l’Onu, dont la rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, ont estimé que le peuple palestinien « court un grave risque de génocide ». Ils ont exprimé « une horreur croissante » face aux frappes aériennes contre le camp de réfugiés de Jabalia dans la bande de Gaza, lesquelles constituent, d’après ces experts, « une violation flagrante du droit international ». La veille, en effet, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’Onu a lui aussi estimé que les bombardements par Israël de ce camp de réfugiés « pourraient être des crimes de guerre ». Et le bombardement de ce camp et de celui de Maghazi, dimanche 5 novembre, sont venus se greffer à celui des environs de l’hôpital indonésien, le même jour, et de l’hôpital Al-Chifa de Gaza, frappé vendredi 3 novembre.

De son côté, la Cour Pénale Internationale (CPI) a estimé qu’« empêcher l’acheminement de l’aide peut constituer un crime ». C’est ce qu’a déclaré, la semaine dernière, Karim Khan, le procureur de la CPI, qui s’était rendu au poste-frontière de Rafah. Dans le même temps, l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a annoncé avoir saisi la CPI et avoir déposé, le 31 octobre, une plainte pour « crimes de guerre commis contre des journalistes ». Cette plainte concerne « 8 journalistes palestiniens tués dans des bombardements de zones civiles à Gaza par Israël » ; elle mentionne également « la destruction intentionnelle, totale ou partielle, des locaux de plus de 50 médias à Gaza ».

Cependant, la CPI, seule juridiction internationale indépendante qui mène des enquêtes sur les crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, n’a pas l’obligation de se saisir du dossier. Une enquête officielle est déjà en cours depuis 2021, mais Israël, qui n’est pas membre de la CPI, a refusé de coopérer avec cette enquête.

Les ONG, de leur côté, s’alarment tout autant. Amnesty International a évoqué des preuves accablantes de crimes de guerre, alors que les attaques israéliennes anéantissent des familles entières à Gaza. Quant à l’organisation internationale Human Rights Watch (HWR), elle a résumé toute la situation en critiquant « l’hypocrisie » et les « double standards » flagrants des Occidentaux. Et HWR de fustiger : l’Occident « reste silencieux concernant les violations du droit international humanitaire par Israël, alors qu’il n’hésite pas à dénoncer les violations russes dans sa guerre contre l’Ukraine ».

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