« Adapter le secteur de l’eau à la durabilité ». C’est le thème de la 6e édition de la Semaine de l’eau du Caire, organisée du 29 octobre au 2 novembre sous les auspices du président Abdel-Fattah Al-Sissi. Des représentants d’organisations régionales et internationales, des ministres et des experts prennent part à cette rencontre annuelle. Pendant cinq jours, des tables rondes et des ateliers de travail sont organisés sur la problématique de l’eau, de même qu’une exposition des technologies intelligentes de l’irrigation. Des concours sont également organisés pour les paysans et les étudiants dans le cadre de l’événement, et d’autres offrent des prix aux projets les plus créateurs en matière de rationalisation de la consommation de l’eau. « Les Semaines de l’eau du Caire sont devenues une plateforme internationale permettant à l’Egypte d’exposer ses efforts dans le domaine de la gestion de l’eau et d’aider les autres pays à préserver leurs ressources hydriques et à protéger leurs côtes », a déclaré le ministre de l’Irrigation et des Ressources hydriques, Hani Sweilam, lors de la séance inaugurale. Sweilam a souligné l’importance primordiale du travail collectif pour éviter la perte des eaux potables et de milliers de feddans de terres cultivées. « Les pertes et les dommages en Afrique dus au changement climatique sont grands, en plus de l’impact de la pollution sur les pays africains », a affirmé le ministre de l’Irrigation, soulignant que 120 millions de personnes en Afrique sont touchées par les risques météorologiques, climatiques et hydriques. Les questions liées à la technologie de l’eau ont été abordées en présence de nombreux experts dans ce domaine. La sécurité hydrique et alimentaire dans le monde s’est imposée également comme thème prioritaire. « L’Egypte fait partie des pays qui ont de très faibles pluies, celles-ci ne dépassent pas 1,3 milliard de m3 par an. Le pays dépend à 98 % des eaux du Nil comme source durable de vie », a affirmé Sweilam.
Sameh Choukri, ministre des Affaires étrangères, a souligné que l’Egypte souffre d’une pénurie d’eau et d’une absence de ressources renouvelables, le déficit d’eau dans le domaine de l’agriculture est estimé à 55 %. « L’Egypte est également affectée par les pratiques non coopératives dans le bassin du Nil car il s’agit d’un pays en aval », a déclaré Choukri. Et d’ajouter que « parvenir à une coopération et à un accord conformément au droit international est une approche qui génère des bénéfices équitables pour tous, maximise les ressources en eau et assure la prospérité et la stabilité pour tous les pays. Nous avons l’opportunité de parvenir à une coopération à l’approche de la Conférence sur le climat aux Emirats arabes unis, la COP28 ».
Responsabilité collective
Abdel-Hakim Al-Waer, représentant régional de la FAO, assure que la pénurie d’eau est l’un des défis internationaux les plus urgents. Pour lui, le thème choisi cette année, à savoir « Travailler sur l’adaptation du secteur de l’eau à la durabilité », confirme la responsabilité collective envers la protection de l’eau et des ressources naturelles. « Au cours de cette période critique, nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés comme les effets du changement climatique, les conflits et les tensions politiques, la croissance démographique et la pression croissante sur nos écosystèmes naturels ; nous devons donc prendre des mesures collectives décisives pour surmonter ces défis complexes », affirme Al-Waer. Et d’expliquer : « La part d’eau douce disponible par habitant dans notre région représente environ un dixième de la moyenne mondiale et ces taux continueront à baisser à mesure que la croissance démographique augmente. Avec la concurrence autour de l’eau, cette ressource devrait devenir le principal facteur de conflit dans la région arabe ».
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul-Gheit, a assuré que la sécurité hydrique arabe est exposée à des défis croissants car les ressources en eau baissent de manière inquiétante dans la région qui souffre déjà d’une pénurie d’eau. « Ces défis sont complexes et liés les uns aux autres. Pour y faire face, il est nécessaire de doubler les investissements arabes dans le secteur de l’eau et de renforcer l’action arabe commune, surtout dans des domaines comme l’échange des expériences. Il faut également promouvoir les initiatives qui permettront de conserver l’eau », a déclaré Aboul-Gheit.
Face à ces défis, pour la 1re fois, une journée a été dédiée à l’eau lors de la COP27, car c’est une ressource vitale vu les changements climatiques. C’est dans ce contexte que l’Egypte a lancé l’initiative Action on Water Adaptation and Resilience (AWARE), préparée en partenariat avec l’Organisation météorologique mondiale. Elle vise à réduire le gaspillage et à améliorer l’approvisionnement en eau. Elle tend également à promouvoir la coopération pour réaliser les Objectifs du développement durable 2030, a déclaré Choukri.
Face au déficit en eau, l’Egypte a élaboré un plan intégral pour la gestion et le développement des ressources en eau. Dans ce contexte, de nombreux projets ont été mis en oeuvre, notamment le traitement des eaux usées, le dessalement de l’eau de mer, la réhabilitation et le revêtement des canaux dont 7 300 km ont été achevés et 3 100 autres sont en cours d’exécution, ainsi que le recours aux systèmes d’irrigation modernes. « Au cours des 9 dernières années, l’Egypte a investi 4,4 milliards de dollars pour exploiter ses ressources hydriques. De même, elle a négocié avec les pays du bassin du Nil pour régler le problème du remplissage indiscipliné du barrage éthiopien », indique Hani Sweilam, ajoutant que la présidence par l’Egypte, durant 2 ans, du Conseil des ministres africains de l’Eau (AMCOW) a permis de résoudre beaucoup de problèmes hydriques du continent et a placé les défis de l’Afrique sur les agendas internationaux concernant les changements climatiques et leurs effets sur le manque de l’eau.
La Semaine de l’eau en chiffres
21 800 participants
20 concours
75 exposants
1 045 conférenciers internationaux et régionaux
90 organisations internationales et régionales
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