Alors qu’Israël poursuit sa politique de la terre brûlée dans la bande de Gaza, l’Egypte a convoqué un sommet régional et international sur l’avenir de la cause palestinienne. Portant le nom du « Sommet du Caire pour la paix », il devrait avoir lieu le samedi 21 octobre. La convocation de ce sommet intervient alors que Le Caire est au coeur des démarches politiques et diplomatiques internationales et arabes intensives visant à trouver une issue à l’escalade meurtrière dans la bande de Gaza. Selon le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, « ce sommet convoqué par l’Egypte vise à ce que la communauté internationale s’exprime d’une seule voix pour restaurer le calme dans les territoires palestiniens et ouvrir de nouveaux horizons pour le règlement juste du conflit sur la base de la solution de deux Etats ».
En effet, cela s’inscrit dans une longue liste de décisions émises le 15 octobre à l’issue de la réunion du Conseil de sécurité nationale présidé par le président Sissi. Selon Mohamad Ibrahim, expert stratégique, « les décisions du Conseil de sécurité nationale constituent une feuille de route intégrée pour résoudre la question palestinienne en commençant par s’attaquer aux raisons de la détérioration de la situation actuelle entre Israël et la bande de Gaza jusqu’au règlement définitif de cette cause centrale pour tous les Arabes ». Et d’ajouter : « Pour atteindre cet objectif, ces décisions regroupent d’une manière objective, précise et réfléchie les démarches tactiques requises et les démarches stratégiques nécessaires. C’est la nouvelle approche que l’Egypte entend présenter au monde entier en ce moment où la stabilité de toute la région est menacée ».
Poursuivre les contacts avec les acteurs internationaux et régionaux pour aboutir à une désescalade et pour « cesser de cibler les civils » figure à la tête des décisions prises par le Conseil de sécurité nationale. Pour l’Egypte, cibler des civils, quelles que soient les circonstances, est inacceptable. « Il est nécessaire de respecter les règles humanitaires internationales dans les conflits armés et de prendre en compte la nature particulière de Gaza en termes de densité de population », a insisté Choukri. Le Conseil de sécurité nationale a également souligné l’importance d’« intensifier les contacts avec les organisations humanitaires internationales et régionales afin de fournir les aides humanitaires nécessaires ». « C’est la priorité des démarches actuelles de l’Egypte pour sauver les habitants de la bande de Gaza d’une catastrophe humanitaire imminente », explique Ibrahim.
Les lignes rouges
Les décisions du Conseil de sécurité nationale ont porté également un message clair et ferme : le rejet catégorique de « la politique de déplacement forcé ou des tentatives de liquidation de la cause palestinienne aux dépens des pays voisins ». Selon Mohamed Mansour, expert au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS), l’Egypte accueille plus de 9 millions d’étrangers. Mais pour ce qui est des Palestiniens, cela revêt une dimension particulière. Puisque selon l’expert, « le déplacement forcé est une tentative israélienne de réinstallation des Palestiniens pour changer l’identité de la terre et mettre fin à la cause palestinienne afin d’étendre les projets de colonisation dans les territoires palestiniens occupés ».
L’armée israélienne a ordonné à plusieurs reprises à la population de Gaza de rejoindre le sud en prévision d’un assaut terrestre. Selon les observateurs, il est évident qu’Israël cherche à opérer un grand changement démographique via la destruction d’une ampleur jamais vue des infrastructures, pour pousser les Palestiniens à fuir vers le Sinaï. Un rêve israélien ancien.
Selon les observateurs, réessayer de déplacer les Palestiniens dans le Sinaï est un ancien rêve adopté par les gouvernements israéliens successifs pour éradiquer le Hamas et liquider la cause palestinienne. Une option rejetée tant par les Palestiniens que par les pays arabes. Il s’agit d’« une seconde Nakba », selon les termes du président palestinien, Mahmoud Abbas.
En effet, plus de 70 % des Palestiniens à Gaza sont des réfugiés qui ont été déplacés pendant la Nakba de 1948. « Le peuple palestinien ne veut pas émigrer à nouveau, mais veut plutôt vivre dans la dignité et la liberté sur sa terre palestinienne », a déclaré l’ambassadeur Muhannad Al-Aklouk, représentant permanent de la Palestine auprès de la Ligue des Etats arabes.
Pour Le Caire, un déplacement des Palestiniens vers le Sinaï est complètement exclu. Le Conseil de sécurité nationale l’a dit : « La sécurité nationale de l’Egypte est une ligne infranchissable ». Selon Ibrahim, la bande de Gaza fait partie de la sphère directe de la sécurité nationale égyptienne. La longueur de la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte est d’environ 14 km. Ce qui signifie, selon le spécialiste, que « l’Egypte ne permettra à personne de menacer sa sécurité depuis la bande de Gaza. En outre, les frontières de l’Etat palestinien adoptées par l’Egypte, conformément à la position de la communauté internationale, sont la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et la bande de Gaza. Alors que l’accord d’Oslo stipule dans l’une de ses clauses que Gaza et la Cisjordanie constituent une seule unité géographique et politique. C’est pourquoi l’Egypte a rejeté totalement toute forme d’indépendance de la bande de Gaza ». Et d’ajouter : « L’Egypte a beaucoup souffert de la détérioration des conditions sécuritaires dans le nord du Sinaï, qui était un foyer de terrorisme. Mais elle a réussi à assurer la sécurité en fermant les tunnels dans cette région. L’Egypte ne permettra donc pas le retour du terrorisme dans le Sinaï ».
« La paix est l’option stratégique de l’Egypte pour régler la cause palestinienne », a souligné le président Sissi lors de son discours en marge de la cérémonie de remise des diplômes aux nouvelles promotions des écoles militaires, la semaine dernière. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a mis également en garde contre le fait que « des parties cherchent à éloigner la cause palestinienne des concepts de la paix ». Et de conclure : « Tout conflit qui ne vise pas la paix est de l’absurde. L’Egypte est prête à consacrer toutes ses capacités à une médiation aboutissant à la paix ».
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