
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi suit l’évolution de la situation dans la bande de Gaza depuis le Centre stratégique de gestion des crises.
Avec l’intensification sans précédent des bombardements de l’armée israélienne sur la bande de Gaza en réponse à l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » lancée par le mouvement Hamas le 7 octobre 2023, tous les regards se tournent vers Le Caire, le médiateur incontournable à chaque nouvelle flambée de violence entre le Hamas et Israël. En effet, dès le déclenchement de la crise, l’Egypte est entrée immédiatement en action en menant une série de contacts intensifs à plusieurs niveaux avec les acteurs actifs de la communauté internationale afin de contenir l’escalade de la situation. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a publié un communique « direct et fort », dans les tous premiers instants de la crise, en mettant en garde contre le fait que « l’escalade actuelle risque de faire entrer la région toute entière dans un cercle vicieux de tensions menaçant la stabilité et la sécurité régionales ». Le communiqué a également appelé les acteurs internationaux impliqués dans les efforts visant à reprendre le processus de paix à intervenir immédiatement « pour exhorter Israël à mettre fin aux attaques et aux actions provocatrices contre le peuple palestinien et à adhérer aux principes du droit humanitaire international en ce qui concerne les responsabilités d’un Etat occupant ».
Selon le conseiller Ahmed Fahmy, porte-parole officiel de la présidence égyptienne, « l’Egypte est en contact direct avec les parties israélienne et palestinienne, ainsi qu’avec les parties régionales et internationales depuis le début du déclenchement de la crise jusqu’à présent, que ce soit au niveau du président Abdel-Fattah Al-Sissi ou du ministère des Affaires étrangères et des parties concernées ». Dans le but de coordonner des efforts pour mettre fin à l’escalade dans la bande de Gaza, le président Sissi a reçu plusieurs appels de dirigeants de plusieurs pays et de responsables d’organisations internationales. Lors d’un appel téléphonique avec Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies, le président a souligné l’importance de traiter la question palestinienne dans une perspective globale qui s’attaque aux racines de la crise, ainsi que la nécessité de trouver une solution juste à la cause palestinienne conformément aux résolutions internationales pertinentes. Le président a également discuté avec, entre autres, le président palestinien, Mahmoud Abbas, le prince héritier saoudien, Mohammed bin Salman, le roi Abdallah II, le président des Emirats arabes unis, cheikh Mohammed bin Zayed, le président français, Emmanuel Macron, le président du Conseil européen, Charles Michel, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le chancelier allemand, Olaf Scholz.
Sur un autre volet, le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, poursuit ses contacts avec ses homologues internationaux et régionaux pour explorer les moyens de mettre fin à l’escalade entre les parties palestinienne et israélienne. Le ministre des Affaires étrangères a reçu des appels téléphoniques du Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne, Josep Borrell, et de ses homologues américain, espagnol, allemand, russe, français, turc, émirati et jordanien.
Selon Ahmad Abdel-Razek, expert dans les affaires régionales, « l’escalade en cours représente une évolution naturelle des provocations israéliennes successives ces derniers mois et l’insistance de l’Etat hébreu sur le fait d’imposer un fait accompli sur le terrain qui s’oppose aux résolutions de la légitimité internationale. C’est pourquoi l’Egypte a mis en garde à plusieurs reprises contre ce scénario douloureux ». Selon l’expert, le rôle égyptien est central et stratégique dans toutes les phases d’escalade entre Israël et les factions de la résistance palestinienne, comme l’ont prouvé les précédentes interventions du Caire pour arrêter les quatre guerres dans la bande de Gaza, en 2009, 2012, 2014 et 2018. L’Egypte a pu également parvenir à conclure une trêve entre les deux côtés en mai dernier, après cinq jours de combats de missiles et de roquettes entre Israël et le mouvement du Jihad islamique palestinien.
Une question de sécurité nationale aussi
Selon beaucoup d’experts, le rôle égyptien repose sur des piliers fondamentaux et historiques. L’Egypte possède un engagement historique envers la cause palestinienne qui constitue une partie intégrante de la sécurité nationale égyptienne. En plus, Le Caire est presque la seule partie à disposer de canaux de communication solides et fiables avec les deux parties, qu’il s’agisse de celle israélienne et de ses services de sécurité et de renseignement, ou de celle palestinienne, représentée par l’Autorité palestinienne et toutes les autres factions palestiniennes. Ce qui lui confère un avantage dans la médiation dans les différents conflits.
En outre pour l’Egypte, il ne s’agit pas uniquement de faire taire les armes, mais son objectif ultime aussi est de remettre sur les rails le processus de paix, en état de gel depuis des années, et de convaincre le monde de la justesse de la cause palestinienne et de l’importance d’un règlement.
C’est pourquoi des sources égyptiennes de haut niveau viennent de mettre en garde, dans des déclarations aux médias égyptiens, contre les appels de faire pousser les civils palestiniens vers les frontières égyptiennes afin de vider la bande de Gaza de sa population. Cela suffit pour « liquider la cause palestinienne elle-même ». Les sources ont averti également que les frontières égyptiennes sont intouchables et c’est à Israël en tant qu’un Etat occupant d’avoir la responsabilité de créer des couloirs humanitaires pour secourir la population de Gaza. Et de conclure : « Le Caire avait une vision à long terme lorsqu’il a mis en garde contre la gravité de la situation et ses répercussions sur les constantes de la cause palestinienne ».
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