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L’Egypte récupère les antiquités fouillées par Israël

Nasma Réda , Jeudi, 05 octobre 2023

Le recouvrement du Sinaï a permis la restitution de la collection d’antiquités fouillées par Israël durant les années d’occupation.

L’Egypte récupère les antiquités fouillées par Israël
Masque funéraire gréco-romain (Université Ben Gorion).
Depuis 1980, soit deux ans après la signature de l’accord de Camp David, l’Egypte n’a pas cessé de revendiquer le retour de toutes les antiquités trouvées dans la péninsule du Sinaï durant l’occupation. Après avoir récolté assez d’informations sur les fouilles israéliennes au Sinaï lors de l’occupation, le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) a préparé un dossier complet qui fut remis par le ministère de la Culture au ministère égyptien des Affaires étrangères, afin de commencer les procédures de restitution. « Bien qu’on connaisse les fouilles organisées par le côté israélien depuis 1967, les accords de Camp David ont été signés le 17 septembre 1978 sans aucune clause concernant les pièces découvertes », retrace l’archéologue Mohamad Abdel-Maqsoud, membre du comité égyptien de restitution des antiquités et chef des 3 premières missions qui ont restitué des pièces d’Israël. Les négociations avec les responsables israéliens ont duré près de 10 ans et ont abouti finalement à accepter le retour des pièces antiques retrouvées depuis 1967 et jusqu’à 1982, date du retrait complet des soldats israéliens de la péninsule.

« En tant qu’archéologue égyptien, j’ai collecté dans les archives en Europe, surtout celles de France, tous les documents écrits sur les sites archéologiques de la péninsule du Sinaï lors de l’occupation israélienne. J’étais chanceux de faire une enquête sur le terrain et rencontrer des bédouins qui ont assuré les fouilles d’Israël et son détention d’un grand nombre d’antiquités », se souvient Abdel-Maqsoud, ajoutant que les documents saisis ont accéléré le travail de la délégation du CSA et en janvier 1993, un protocole a été signé entre les deux côtés stipulant la restitution de tous les objets trouvés par les expéditions israéliennes au Sinaï, sachant qu’ils les avaient étudiés en vue de faire des publications scientifiques. Selon Abdel-Maqsoud, Israël voulait rendre les objets fouillés sur une durée de 15 ans sous prétexte de les étudier, ce qui a été refusé par l’Egypte.


Pièce de la collection de poterie.

Selon l’accord, ces pièces ont été rendues en 4 envois dans les années 1993 et 1994, dont le dernier en décembre 1994, renfermant 838 boîtes de différentes dimensions renfermant des pièces antiques, grecques et islamiques en plus des stèles de l’Egypte Ancienne et des masques de l’ère perse, ainsi que des bijoux et pièces de monnaies en or et en bronze. Ces pièces ont été livrées à la délégation égyptienne présidée par Abdel-Halim Noureddine, secrétaire général du CSA. A savoir qu’Israël a organisé une exposition avec cette dernière collection intitulée « Sinaï : adieu et paix », dont la plupart des pièces étaient exposées aux musées de Bir Sabee, Tel-Aviv et à l’Université hébraïque de Jérusalem. Bien que l’accord stipule le retour de toutes les antiquités fouillées entre 1967 et 1982, quelques archéologues ont soupçonné que les 1 500 boîtes renfermant les pièces antiques, ainsi que les stèles, les documents et cartes archéologiques ne peuvent jamais renfermer toute la collection des fouilles déterrée au Sinaï pendant les années d’occupation. « L’Egypte n’a jamais su le nombre exact des pièces déterrées par une trentaine de missions archéologiques qui ont fouillé pendant 10 années. De même, cette collection restituée n’a pas renfermé les pièces fouillées pendant 5 mois par les Israéliens lors de l’occupation de 1956 », se lamente l’archéologue Abdel-Réhim Rihane, indiquant que selon la fille de Moshe Dayan (chef d’état-major de l’armée israélienne de 1953 à 1958, ministre de la Défense de 1967 à 1974 et ministre des Affaires étrangères de 1977 à 1979), ainsi que les témoignages des bédouins de la péninsule, ce responsable israélien a récupéré du site Sérabit Al-Khadem une collection rare durant la période d’octobre 1956 jusqu’à début 1957. « Une grande partie de la collection égyptienne fouillée par les Israéliens est en Palestine dans les musées de différentes institutions », assure Rihane, signalant que l’Egypte ne pourrait plus réclamer ces pièces. Selon lui, les preuves archéologiques collectées durant des années indiquent que les forces occupantes se sont emparées d’une centaine des pièces, dont des sarcophages scellés qui n’ont pas été restitués à l’Egypte.

Avec la restitution de la collection fin 1994, le CSA a exposé une grande partie des deux premiers envois au musée de Taba, alors que le reste des pièces était exposé au musée d’Al-Arich au Nord-Sinaï ou stocké dans les entrepôts d’Al-Qantara Charq au nord-est du Canal du Suez.

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