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Syrie: Genève-2, l’espoir suspendu

Maha Salem avec agences, Mardi, 22 octobre 2013

La conférence de paix de Genève-2 reste suspendue à la participation d'une opposition forte et unie, faute de quoi toute tentative pour trouver une issue au conflit risque d'échouer.

Genève-2
Genève-2 vise à trouver une issue à la crise syrienne qui a détruit le pays. (Photo: Reuters)

Après des discussions acharnées, la communauté internationale a décidé la tenue de la conférence de paix de Genève-2 le 23 novembre. Face à l’enlisement du conflit, qui a fait plus de 115 000 morts en deux ans et demi, et à la dégradation de la situation humanitaire, la communauté internationale, les analystes et les experts estiment que la solution politique demeure le seul moyen de sortir de cette crise.

Mais l’élément le plus important, à savoir la participation de l’opposition, demeure incertain. Or, sans cela, comment envisager une issue pacifique à la crise ? « Si l’opposition ne participe pas à cette conférence, sa tenue sera vaine », répond Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. « D’un côté, il faut absolument réunir les deux camps pour trouver une solution. De l’autre, le régime d’Assad a jeté la balle aux mains de l’opposition. Cette dernière doit présenter des concessions car après près de trois ans de combats et de divergences, ils ne sont pas parvenus à en finir avec cette guerre civile. Au contraire, sur le terrain, la position des rebelles s’affaiblit », explique l’analyste.

Efforts diplomatiques intenses

C’est justement pour convaincre l’opposition que l’émissaire de l’Onu et la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, est actuellement en tournée dans la région. Après l’Egypte, il doit se rendre au Qatar et en Turquie (qui soutiennent l’opposition), puis en Iran, allié régional du régime d’Assad, en Syrie et ensuite à Genève afin d’y rencontrer des représentants russes et américains, à l’origine de ce projet de conférence, essayant ainsi de mener à la table de négociations tous les partis en conflit. Pour réaliser le même objectif, les ministres de 11 pays occidentaux et arabes et l’opposition syrienne se retrouvent depuis ce mardi à Londres afin de préparer cette conférence, plusieurs fois repoussée, et convaincre l’ensemble des opposants d’adhérer au processus. « Il y a de nombreuses difficultés qu’il faudra encore surmonter pour que cette conférence soit un succès », a affirmé le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, après avoir rencontré M. Brahimi au Caire. Ce dernier a jugé pour sa part que la conférence n’était pas envisageable sans une opposition crédible, représentant une partie importante du peuple syrien opposé au régime.

Les Amis de la Syrie vont tenter à Londres de convaincre l’opposition syrienne que la future conférence internationale de Genève sur la transition politique en Syrie est la seule issue possible pour parvenir à la paix. Les ministres des Affaires étrangères de ces pays vont insister pour que l’opposition se présente « unie et forte ». La Coalition sera représentée par son président Ahmad Jarba, élu en juillet, accompagné notamment de Mostafa Sabbah, son adversaire à cette élection. La délégation devrait représenter un large spectre de la Coalition, au-delà du leadership actuel. Ahmad Jarba a fait part de ses exigences fin septembre. « Genève-2 doit avoir un but clair et un cadre clair dans le temps ». Il a aussi réclamé des garanties internationales pour que les décisions soient suivies d’effets ainsi que l’assurance d’un départ de tous les groupes étrangers de Syrie, à commencer par le Hezbollah (mouvement chiite libanais) et les milices iraniennes, alliés du régime.

L’opposition très divisée

Campant toujours sur sa position, l’opposition, très divisée, doit décider la semaine prochaine à Istanbul de sa participation à Genève-2. Le Conseil National Syrien (CNS), le groupe le plus important de la Coalition de l’opposition, a annoncé qu’il n’irait pas à Genève et a menacé de faire scission si la Coalition y assistait.

Sur le terrain, elle paraît déjà décrédibilisée à la suite de la défection de 70 groupes rebelles du sud de la Syrie ces derniers jours, après celle en septembre d’une dizaine d’autres groupes. Selon Georges Sabra, chef du Conseil, un processus de transition démocratique ne peut s’engager tant que des civils syriens sont assiégés et affamés par l’armée. « L’opposition doit être convaincue que la seule solution est les négociations parce que la communauté internationale ne va pas intervenir militairement dans la Syrie. Et, les rebelles demeurent toujours incapables de surmonter l’armée syrienne », explique Sameh Rached, spécialiste du dossier syrien.

Ces nouveaux efforts diplomatiques interviennent plus d’un mois après la conclusion d’un accord russo-américain sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien, qui a éloigné la menace d’une frappe américaine, lancée après une attaque chimique meurtrière imputée au régime le 21 août près de Damas.

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