Comment exploiter la diversité de l’offre touristique de l’Egypte ? La question qui était au centre de discussions des membres du Comité du tourisme au cours de la première phase du Dialogue national. Plusieurs séances ont été consacrées depuis le mois de mai à deux sujets importants : « Dessiner une nouvelle carte touristique » et « Stimuler l’investissement touristique sous toutes ses formes ». Et ce, alors que l’Egypte a élaboré une stratégie pour développer le secteur du tourisme, visant à attirer 30 millions de touristes d’ici 2028. « Au cours de 12 ans, le secteur touristique a connu des hauts et des bas. Nous devons travailler à améliorer le produit touristique, développer le service et attirer les investissements », a déclaré Dr Noura Ali, présidente de la commission du tourisme et de l’aviation civile à la Chambre des représentants et rapporteur de la commission. L’importance de ce genre de débats vient du fait que le tourisme est toujours la clé de la relance économique en Egypte. Il s’agit d’une source importante de recettes en devises et de création d’emplois. Il représente environ 12 % du PIB national. Certes, l’Egypte a été, avec le Maroc, la première destination touristique africaine durant ces deux dernières années. Mais les pays africains ne pèsent qu’environ 6 % du tourisme mondial. Un niveau bien faible par rapport aux énormes potentialités du continent.
Une stratégie de trois axes
L’Egypte avait mis un plan pour développer l’industrie touristique, mais malheureusement, il a été durement affecté par la pandémie de Covid-19. Selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), le nombre des touristes a chuté de 13 millions de touristes en 2019 à 3,7 millions de touristes en 2020. La tendance s’est néanmoins améliorée ces 2 dernières années et l’Egypte a accueilli 11,7 millions de touristes pour l’exercice 2021 à 2022 contre 8 millions de 2020 à 2021. Le ministre du Tourisme et des Antiquités, Ahmed Issa, a affirmé qu’environ 7 millions de touristes avaient visité l’Egypte durant le premier semestre de l’année 2023.
Mais cette industrie reste influencée par la guerre russoukrainienne qui reste, selon le ministre, un facteur déterminant pour atteindre les prévisions de 15 millions d’arrivées pour 2023 et battre le record de 14,7 millions d’arrivées établi en 2010. Et pour y arriver, les autorités égyptiennes ont élaboré un plan de développement du secteur.
Pour soutenir ce secteur, le gouvernement a mis en place un programme intensif qui s’articule autour de trois axes principaux : l’aviation, l’amélioration des services et l’amélioration du climat des investissements.
Concernant le volet aviation, une coordination entre le ministère du Tourisme et des Antiquités et celui de l’Aviation civile est mise en place avec l’objectif d’augmenter le nombre de vols et de sièges et appliquer l’aviation à bas prix. A noter aussi que pour faciliter l’arrivée des touristes, les autorités ont simplifié les procédures d’obtention de visas en les accordant à l’arrivée pour ceux venant des grands pays émetteurs. En ce qui concerne l’amélioration des services, le gouvernement a pour but d’augmenter le nombre de chambres touristiques de 25 à 30 % par an. De même, afin d’attirer davantage de touristes pour visiter les sites archéologiques et les musées, le gouvernement a réussi durant les dernières années à développer un réseau de transport pour faciliter les visites touristiques comme la route Wadi Al-Natroune- Al-Alamein et la route Haute- Egypte-mer Rouge (Sohag-Safaga).
Plusieurs propositions
Au cours de leurs discussions, les membres du comité du tourisme du Dialogue national ont essayé de mettre l’accent sur plusieurs points intéressants pour développer l’industrie touristique. Ils ont signalé l’importance de dessiner une nouvelle carte touristique pour l’Egypte. « Il existe de nombreux gouvernorats prometteurs qui n’ont pas eu assez de chance et qui doivent être pris en considération lors de la prochaine étape pour les mettre sur la carte touristique, comme le gouvernorat de Minya, qui jouit de plusieurs sites archéologiques », a assuré Bassem Halqua, chef du syndicat des Travailleurs dans le domaine du Tourisme, durant le Dialogue national. Pas seulement Minya, mais en Haute-Egypte aussi se trouve le gouvernorat de Sohag avec ses riches sites archéologiques, allant du début de l’ère égyptienne antique jusqu’aux périodes ptolémaïque, gréco-romaine, copte et islamique. Cependant, malgré ses monuments historiques distingués, le gouvernorat est rarement visité par les touristes étrangers. Halqua a souligné l’importance du rôle des gouverneurs dans la revitalisation du tourisme en organisant de nombreux événements et en exploitant les fêtes nationales des gouvernorats pour organiser des événements et des carnavals.
Les membres du comité de tourisme ont signalé aussi l’importance de stimuler les investissements touristiques en élargissant la délivrance d’un plus grand nombre de licences pour les établissements et entreprises touristiques, afin de répondre à la demande croissante des touristes. Le pays aura besoin de 300 000 nouvelles chambres d’hôtels, surtout dans des d’hôtels de 3 étoiles comme dans les gouvernorats de Louqsor, Assouan et Qéna, où le déficit en infrastructures hôtelières est patent. Ils ont recommandé aussi d’investir dans le secteur de l’aviation, en développant les aéroports, et d’augmenter le nombre de vols.
Les recommandations ont également porté sur la nécessité de créer de nouveaux types de tourisme, tels que le tourisme du désert, le tourisme religieux et le tourisme médical, et de créer des programmes de formation et de sensibilisation liés à l’accueil et à la gestion des touristes. Ils ont mis le point sur l’importance de construire des toilettes publiques et des lieux d’attente qui manquent surtout dans les zones touristiques. Ils ont aussi demandé de lancer une application électronique au service des touristes pour leur fournir des informations sur les zones touristiques. Parmi les recommandations figure aussi la promotion du tourisme culturel comme le trajet de la Sainte Famille, les musées et les anciens quartiers, ainsi que la mise en place d’un programme touristique créatif qui attire les touristes.
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