Les fabricants locaux de bijoux en or se plaignent des difficultés à l’exportation. (Photo : Reuters)
Le marché de l’or en Egypte a connu plusieurs changements depuis le début de l’année. En 2023, les prix de l’or ont atteint un niveau record, enregistrant une hausse considérable sur le marché mondial, ainsi qu’en Egypte, où les prix ont été affectés par la hausse des prix mondiaux d’une part, et par la hausse du taux de change du dollar contre la livre égyptienne de l’autre, vu que les prix de l’or en Egypte sont déterminés en fonction du dollar. Mais les prix en Egypte ont dépassé les prix mondiaux, ce qui a incité le gouvernement égyptien à prendre la décision, en mai, d’exonérer l’or importé des douanes pour une période de 6 mois qui pourrait être prolongée. L’objectif de la décision est de stabiliser les prix du métal jaune sur le marché local.
Depuis la mise en oeuvre de l’exonération, les Egyptiens ont importé entre 600 et 1 500 kilos de bijoux en or, selon Ihab Nassef, président de la division des bijoux en or auprès de la Fédération des industries égyptiennes. « Les chiffres ne sont pas définitifs, puisque les six mois ne sont pas encore terminés », dit-il, ajoutant que cette quantité n’est pas considérable, compte tenu de la taille de l’industrie des bijoux en or en Egypte. « Cependant, quelques mois ne sont pas suffisants pour juger définitivement l’expérience. On prévoit que l’application de la décision sera prolongée à nouveau après la fin des six mois », explique-t-il, soulignant qu’il est préférable d’autoriser l’entrée de lingots d’or uniquement à la place des bijoux pour les expatriés égyptiens.
Ainsi, les acteurs du marché en Egypte estiment que cette décision n’a pesé ni sur les producteurs, ni sur les commerçants locaux, qui couvrent plus de 95 % des besoins du marché local, selon Nassef. « Il n’y a de problèmes ni pour l’industrie de l’or, ni pour sa commercialisation sur le marché local, car le système fiscal est équitable et les frais prescrits sont appropriés », constate Mamdouh Abdallah, propriétaire d’une usine de bijoux en or, exportateur et membre de la division des bijoux en or auprès de la Fédération des industries. Selon Nassef, entre 23 et 30 tonnes de bijoux en or sont fabriqués annuellement en Egypte, dont 70 % sont d’or de 21 carats, 17 % de 18 carats, 1 % de 14 carats. Ce chiffre atteint 70 tonnes si l’on ajoute les lingots d’or.
Obstacles à l’exportation
Si le marché local semble ne pas être un problème pour les producteurs et les bijoutiers en Egypte, les exportations le sont. Les fabricants locaux de bijoux en or se plaignent des difficultés à l’exportation. Selon l’Agence centrale de la mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS), l’Egypte a exporté pendant les cinq premiers mois de 2023 l’équivalent de 425 kilos d’or contre 766 kilos pendant la même période de l’année passée, soit une baisse de 45 %.
Ihab Nassef confirme qu’il existe des obstacles auxquels sont confrontés les fabricants lors de l’exportation. L’obstacle majeur est que le gouvernement réclame que les recettes des exportations soient déposées dans un compte bancaire dans un délai de 7 jours au maximum depuis la finalisation d’une transaction. « Ce délai n’est jamais suffisant, car nombreuses procédures sont requises pour exporter de l’or. En outre, les acheteurs à l’étranger nécessitent du temps pour examiner la qualité des bijoux qu’ils importent et pour tester la demande sur les produits avant de payer. Comment tout cela peut-il se faire en 7 jours, surtout en cas d’exportation vers de nouveaux marchés ? », se demande Nassef.
En effet, la division de l’or a, dans une récente réunion sur les exportations, réclamé que le gouvernement revient au délai précédent de 180 jours pour déposer les recettes des exportations dans les banques. Les exportateurs se plaignent en plus de la hausse des frais des services bancaires et des procédures complexes aux douanes. Mamdouh Abdallah demande que les autorités permettent à des représentants des fabricants de voyager à l’étranger avec des bijoux en or pour les montrer aux importateurs. « Cela donnera l’occasion aux commerçants à l’étranger d’examiner les artefacts et de vérifier la pureté et la qualité des produits et ne pas se contenter des photos », explique-t-il. Il propose que le gouvernement prenne des mesures pour éviter toutes sortes de fraude, en exigeant que les représentants rentrent en Egypte avec le même poids d’or brut qu’ils avaient amené à l’étranger et qu’ils déposent la valeur des produits manufacturés auprès d’une banque.
« La division des bijoux en or au sein de la Fédération des industries a un plan ambitieux pour leur commercialisation qui s’étale sur 3 ans, au cours desquels nous visons à atteindre un volume d’exportation de bijoux de 4 milliards de dollars d’ici 2025 », révèle Nassef. Et de préciser que les fabricants égyptiens ont des atouts importants qui se traduisent par leur capacité à fabriquer des bijoux en or avec un goût artistique raffiné symbolisant toutes les civilisations : pharaonique, grecque, romaine, islamique et autres. « Ainsi, nous avons toutes les chances de répondre aux différents goûts. L’Egypte est capable de devenir l’un des dix premiers pays exportateurs mondiaux de bijoux en or. Cela est cependant conditionné à la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les exportateurs », conclut Nassef.
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