Les prix des cigarettes ont connu une nouvelle hausse et le marché est loin d’être stable. Et ce, malgré le recul des prix pendant les deux dernières semaines après la décision du principal producteur égyptien, Eastern Company, à la mi-août, d’augmenter sa production à 150 millions de cigarettes par jour. En effet, le 15 août, Eastern Company a augmenté les tarifs de distribution quotidiens accordés aux commerçants, de 20 % à 30 %, en vue de régler le double problème de pénurie de cigarettes et de dédoublement de leurs prix sur le marché. Par exemple, le prix d’un paquet de Cleopatra est passé de 24 à 60 L.E., alors que L&M a augmenté de 50 à 65 L.E. et Marlboro de 70 à 80 L.E.
Hicham Hamdi, analyste financier à la banque d’investissement Naeem Holding, attribue le problème à l’inexistence des entrants de production et aux difficultés des chaînes d’approvisionnement liées à la pénurie du dollar. Hany Aman, membre délégué d’Eastern Company, attribue cette hausse « à la résistance des commerçants » et la multiplication des stockages, après que la compagnie avait décidé d’accroître sa production. Avis partagé par Ibrahim Embabi, chef de la division tabac à la Fédération des industries égyptiennes, qui a déclaré que « la décision d’Eastern Company d’augmenter sa production n’a pas résolu le problème, mais a plutôt amplifié ses effets, car les commerçants en ont profité pour augmenter les tarifs ». Le marché connaît effectivement un phénomène de spéculation sur les prix qui varient d’un quartier à l’autre. Ramadan Ali, un commerçant dans le quartier de Mounira, au centre-ville, assure qu’il vend « le paquet de Cleopatra à son prix initial, soit 24 L.E., au moment où il est vendu au quartier de Garden City à 64 L.E. Même constat pour les autres marques : L&M et Marlboro sont vendues à 15 L.E. de plus à Garden City. Il y a aussi un énorme écart de prix chez les kiosques qui stockent les produits. Le problème est essentiellement la manipulation pratiquée par des distributeurs et des grossistes. Ajoutons à cela les quotas de distribution quotidiens qui ont baissé et les habitudes des fumeurs qui tendent à stocker de grandes quantités », explique-t-il.
Pour résoudre le problème, Embabi propose de renverser la pyramide de distribution de l’entreprise, d’annoncer la valeur de la taxe et de mettre les quantités saisies sur le marché parallèle dans des points de vente dispersés et dans les stations-service afin de s’assurer qu’elles soient vendues au prix officiel.
Eastern Company figure parmi les entreprises publiques les plus réussies. De juillet 2022 à mars 2023, elle a réalisé des bénéfices de 5,29 milliards de L.E. contre 4,25 milliards de L.E. au cours de la période correspondante de l’année précédente. Le chiffre d’affaires de la société au cours de la même période a atteint 14,6 milliards de L.E. contre 12,78 milliards de L.E. au cours de la période précédente, soit un taux de croissance de 14 % .
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