C’est officiel. Global Investment Holding vient d’acquérir 30 % des actions du principal fabricant égyptien de cigarettes, Eastern Company. Le contrat a été signé au siège du cabinet ministériel il y a deux jours. Le ministre du Secteur des affaires, Mahmoud Esmat, a déclaré qu’en vertu de l’accord signé, Global Investment Holding Company Ltd. va acquérir 30 % du total des actions de la société Eastern Company pour un montant de 625 millions de dollars, soit l’équivalent de 19,4 milliards de L.E. L’acheteur fournira 150 millions de dollars pour acheter le tabac nécessaire à la fabrication. Selon les données du centre financier de Dubaï (Dubai International Financial Center, DIFC), les actionnaires de Global Investment Holding sont le jeune homme d’affaires émirati Abu Bakr Abdullah Al-Husseini et la British Egyptian Investment Company, cette dernière étant détenue par une participation majoritaire comprise entre 50 % et 75 % d’Al-Husseini et une participation minoritaire de l’homme d’affaires émirati Mohamed Alabbar, président du célèbre Emaar Properties.
La transaction intervient à l’encontre de toutes les prévisions selon lesquelles deux fabricants internationaux de cigarettes, Japan Tobacco International (JTI) et United Tobacco Industries-Morris, étaient en lice pour acheter le tiers des actions d’Eastern Company. Les analystes s’attendaient à ce que Philip Morris acquière les 30 % car détenant déjà des actions dans Eastern Company.
De nouvelles ventes d’actifs publics devraient également intervenir bientôt. Selon un rapport sur le programme gouvernemental d’introduction en Bourse, publié par le Centre d’information et de prise de décision, relevant du cabinet ministériel, le gouvernement prévoit d’attirer 5 milliards de dollars grâce à la vente de certains actifs d’entreprises publiques à des investisseurs stratégiques d’octobre 2023 à fin juin 2024. A cet égard, les investisseurs ont manifesté un intérêt aux secteurs de l’énergie, du tabac et bancaire parmi les 35 entreprises (32 initialement prévues) que le gouvernement entend offrir dans le cadre de son programme d’introduction en Bourse (Initial Public Offering, IPO).
Le rapport a indiqué que le gouvernement prévoit d’offrir 70 % des actions de la centrale électrique de Siemens à Béni-Soueif pour un montant entre 1,4 et 1,8 milliard de dollars. Il entend également offrir des actions, à 300 millions de dollars, de la centrale éolienne de Gabal Al-Zeit, ainsi que d’autres dans le parc éolien d’Al-Zaafarana, sans préciser de chiffres. Le programme inclut également l’introduction en Bourse de 4 stations de dessalement d’eau. Actuellement, la société Wataniya Petroleum, appartenant aux forces armées, fait l’objet d’offres d’acquisition par 4 investisseurs arabes — Adnoc et Enoc des Emirats arabes unis, Petromin d’Arabie saoudite et Taqa Arabia — pour une somme préliminaire entre 250 et 280 millions de dollars, selon le site d’information économique Economy Plus.
Certaines transactions seront effectuées en dollar, alors que d’autres le seront partiellement seulement. Le rapport précise que les cinq entreprises de centrales éoliennes et électrique, de Wataniya et Safi (National Co. for Natural Water, appartenant aux forces armées), ainsi que les trois autres annoncées plus tôt, Eastern Company (production de cigarettes), la Banque du Caire et United Bank, sont dans le stade des opérations de « due diligence » qui permet à un futur acquéreur de se faire une idée sur la situation précise de l’entreprise avant de se prononcer sur son investissement.
Le programme gouvernemental a été relancé en juillet en finalisant les dossiers de 7 entreprises d’une valeur de 1,9 milliard de dollars. De mars 2022 à juillet 2023, le montant des transactions de 13 entreprises était de 4,8 milliards de dollars. « Le choix touche à une multitude de secteurs variés et importants. Ceci impliquera davantage le secteur privé dans l’activité économique et stimulera une compétition saine, loin du contrôle de l’Etat. Cette implication changera les impressions sur l’économie égyptienne en général. Ce qui impactera sur le long terme les évaluations des prochaines opérations de vente et, par conséquent, le climat économique », a noté Ahmed Bayoumi, analyste financier au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS).
Mohamed Shadi, macro-analyste au ECSS, indique qu’il existe un enthousiasme évident pour le secteur des énergies renouvelables et de l’électricité. D’autant plus que le pays offre des opportunités d’investissement prometteuses dans le cadre du programme de transition vers les énergies propres inclus dans sa « Stratégie énergétique durable intégrée 2035 » qui vise à produire 42 % d’énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030 au lieu de 2035. « L’éolien, représenté dans les parcs de Gabal Al-Zeit et d’Al-Zaafarana, a une priorité parce que l’attraction des investissements étrangers directs dans la production de l’hydrogène vert est associée aux parcs éoliens et aux grandes quantités d’énergie propre qu’ils produisent », explique-t-il.
Cap sur le secteur bancaire
Le secteur bancaire a également aiguisé l’appétit des investisseurs qui ont multiplié les offres d’achat de la Banque du Caire et de United Bank. Le gouvernement s’apprête à reprendre prochainement les procédures de vente des actions de la Banque du Caire. 49 % des actions de celle-ci seront introduites en Bourse entre émissions primaires et secondaires, à l’adresse des institutions financières au 4e trimestre de l’année. Selon des sources gouvernementales, l’évaluation initiale de la banque se situe entre 550 et 600 millions de dollars. Celle-ci a diminué par rapport à celle définie avant la pandémie, qui s’élevait à 750 millions de dollars.
La Banque du Caire avait reçu 2 offres d’achat en 2006 et en 2020 qui n’avaient pas abouti. « Le plafond du prix que l’on peut estimer ne peut pas aller au-delà de 600 millions car les banques sont alourdies par l’achat de bons de Trésor gouvernementaux dépassant de loin par exemple le taux des crédits », clarifie à l’Hebdo Nader Ashraf, analyste financier auprès de Naeem Holding. Avis partagé par Bayoumi qui voit que le montant estimé de la transaction est adéquat et même s’il augmente ou diminue, les différences seront minimes. « Selon nos calculs, le montant de la vente sera aux alentours de ce chiffre. Ceci s’explique par le fait que tous les revenus et profits de la Banque du Caire sont en livre égyptienne, alors que les évaluations de la vente se font en dollar et prennent en compte l’écart entre les taux de change officiel et du marché noir. Ce qui perturbe totalement les calculs de l’acheteur », rapporte l’analyste.
Quant à United Bank, la Banque Centrale d’Egypte, qui détient 99,9 % de ses actions, a indiqué dans un communiqué de presse qu’un certain nombre d’institutions internationales étaient intéressées par l’achat de la banque et que l’évolution du processus de vente serait annoncée en temps voulu. « La vente sera exécutée selon le calendrier qui lui a été fixé et les opérations de due diligence commenceront fin septembre », lit-on. Dans ce contexte, le site d’information Economy Plus a indiqué que 3 banques étaient intéressées par l’achat de United Bank. Elles sont Mashreq, Crédit Agricole et Al-Ahly Koweit. Mais, plus tard, Crédit Agricole a nié être en lice.
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