Al-Ahram Hebdo : La deuxième édition de la Conférence sur la sensibilisation à l’usage modéré des antibiotiques vient de prendre fin. Qu’a-t-on réalisé jusqu’à présent dans ce domaine ?
Ahmed Al-Sobky : Nous avons soumis à la conférence plusieurs rapports sur la résistance aux antibiotiques dans le cadre de l’engagement de l’Egypte à la Convention de Mascate de lutte contre la résistance aux antibiotiques. La consommation accrue des antibiotiques a fait que notre organisme résiste à ces médicaments et donc ils sont moins efficaces dans le traitement. D’où la nécessité d’une action pour réduire l’usage inapproprié des antibiotiques. Nous disposons d’un système de surveillance complet dans 11 hôpitaux, en coopération avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Nous travaillons également avec le programme Bright Spots pour un usage plus approprié des antibiotiques, en coordination avec l’Organisme égyptien des médicaments, et nous avons lancé plusieurs initiatives de sensibilisation. En plus, nous avons choisi le complexe médical d’Ismaïliya pour qu’il soit le premier centre travaillant sur les moyens de limiter la résistance aux antibiotiques. Une équipe d’experts surveille et identifie les causes de la résistance, notamment dans les unités de soins intensifs. Le complexe publiera les résultats de ses recherches dans des revues scientifiques régionales et internationales. Cela s’ajoute aux projets de formation des équipes médicales dans tous les hôpitaux et les centres médicaux de l’assurance maladie intégrale dans les différents gouvernorats de la République.
— Expliquez-nous ce qu’on entend par « programme pour un usage modéré plus approprié des antibiotiques » …
— La résistance aux antibiotiques constitue l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale et la sécurité alimentaire. Les antibiotiques sont utilisés de manière inappropriée par les êtres humains. Le traitement des infections est aujourd’hui moins efficace en raison de la surconsommation d’antibiotiques, ce qui entraîne un prolongement de l’hospitalisation et une augmentation des frais médicaux de plus de 30 %, selon les estimations de la Banque mondiale, et une hausse des taux de mortalité. L’Egypte a une stratégie claire dans ce domaine et nous avons pris plusieurs mesures, dont la plus importante est la Déclaration de Louqsor sur la gouvernance clinique qui vise à renforcer l’observation et la recherche et à créer une unité chargée d’évaluer l’utilisation des médicaments et leur pertinence en coordination avec l’Organisme égyptien des médicaments. L’objectif est de limiter les risques d’effets secondaires et de réactions indésirables. En outre, nous travaillons sur le renforcement des systèmes de surveillance et de suivi en vue d’une détection précoce de la résistance aux antibiotiques.
— La résistance aux antibiotiques s’est propagée à grande échelle. A qui la responsabilité ?
— C’est une responsabilité partagée entre les individus, les familles, le personnel médical, ainsi que les secteurs public et privé. Des efforts doivent être déployés afin de réduire la résistance aux antibiotiques et mener des recherches pour mieux lutter contre les infections, protéger la santé des gens et leur procurer une vie sûre et décente.
— Quels sont les aspects de la coopération entre l’Organisme de la santé publique et l’OMS ?
— Nous coopérons avec l’OMS pour mettre en oeuvre un programme de résistance aux antibiotiques dans les établissements sanitaires, suivant la tendance mondiale visant à lutter contre l’utilisation inappropriée des antibiotiques. Nous formons le personnel médical de manière à ce qu’il soit au courant des dernières évolutions mondiales dans ce domaine. L’OMS forme les équipes chargées de la lutte contre les infections et les médecins dans les laboratoires de microbiologie. Elle enregistre aussi les résultats des laboratoires de microbiologie pour avoir une indication sur les taux de réussite des traitements et définir les antibiotiques et les médicaments auxquels l’organisme peut résister.
Lien court: