Après plusieurs mois de travail, le Dialogue national a achevé un bouquet de recommandations dans les trois axes politique, économique et social. 13 comités sur les 19 du Dialogue national ont rédigé un ensemble de recommandations résultant des différentes sessions du dialogue. Ces recommandations ont d’ores et déjà été remises au président Abdel-Fattah Al-Sissi, qui a assuré qu’elles seraient transmises au parlement et aux instances étatiques afin de les transformer en lois ou en décrets.
Le coordinateur général du Dialogue national, Diaa Rashwan, a déclaré que « le dialogue a accordé le même intérêt à toutes les questions traitées. Les participants ont fait un effort pour sortir avec les meilleures propositions. Et toutes les idées proposées ne sont pas le produit d’un courant ou d’une idéologie dominante, mais le résultat de discussions réelles et d’échanges de vues ».
Parmi les recommandations les plus importantes, celles relatives aux municipalités. Le comité des municipalités du Dialogue national (axe politique) est parvenu à un consensus sur la nécessité d’adopter la loi sur les conseils municipaux et d’organiser rapidement les élections. Le comité a convenu que le meilleur système électoral est une combinaison entre le scrutin de liste fermée absolue à 75 % et le scrutin de liste proportionnelle incomplète à 25 %.
Les participants recommandent également de revoir les lois en place pour garantir une représentation plus significative des ouvriers et des agriculteurs qui souhaitent se présenter aux municipalités.
Une proposition saluée par Hassan Salama, professeur de sciences politiques, qui affirme qu’il est temps de relancer le dossier des municipalités qui est en suspens depuis 2008. Les recommandations liées à la question des droits de l’homme relèvent d’une grande importance. Celles-ci englobent la révision de la loi sur la détention provisoire, la mise en place d’une nouvelle commission pour lutter contre la discrimination, ainsi que l’adoption d’une nouvelle loi garantissant le libre accès à l’information. A noter que des centaines de détenus ont été libérés depuis le lancement du dialogue par le comité de grâce présidentielle.
Dr Nevine Mossad, rapporteuse du comité des droits de l’homme et des libertés publiques du Dialogue national, a déclaré que le comité avait proposé d’encourager les professeurs et les étudiants à mener des projets de recherche dans les universités égyptiennes et d’établir une collaboration entre les universités, le secteur privé et la société civile pour financer la recherche scientifique.
L’économie et l’enseignement
Le Dialogue national a également approuvé l’intégration de nouveaux services médicaux dans le système global d’assurance maladie dont certains ont trait à la santé mentale.
Le comité de l’éducation a proposé, quant à lui, d’unifier les politiques éducatives et de permettre à la société civile de participer au processus éducatif dans certains domaines. Le secteur éducatif jouit d’une grande importance, étant donné la hausse de la demande sur l’éducation. Dans ce contexte, le Dialogue national a formulé 17 recommandations, dont notamment la mise en place d’un nouveau système pour l’enseignement secondaire, basé sur les penchants et les capacités des élèves.
Le Dialogue national a également préconisé l’intégration des écoles techniques et spécialisées dans les universités égyptiennes, afin de former des techniciens qualifiés. Pour la députée Magda Nasr, ancien membre de la commission de l’enseignement au Conseil des députés, les recommandations de ce comité ont une grande importance, car elles permettront d’« activer certaines décisions et lois qui n’ont jamais été mises en oeuvre. L’intervention du président garantira leur activation », affirme la députée. En ce qui concerne le volet économique, le dialogue a fait des recommandations importantes. Celles-ci comprennent la création de « guides de l’investissement » dans les divers secteurs, l’expansion du nombre de zones libres et l’activation de la loi sur l’investissement. Elles ont également suggéré une conférence annuelle sur l’industrie en présence d’entreprises internationales pour promouvoir les opportunités d’investissement dans le domaine industriel. « Les questions économiques représentent aujourd’hui le grand souci des Egyptiens », explique Hassan Salama, qui estime qu’« il est impératif de concrétiser rapidement les recommandations sous forme de lois et de décrets afin que les citoyens puissent ressentir un changement concret », conclut-il.
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