Pour la première fois depuis 13 ans, un haut responsable iranien s’est rendu cette semaine en Arabie saoudite. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, s’est rendu le 17 août à Riyad pour son premier déplacement officiel en Arabie saoudite depuis le rétablissement des liens diplomatiques entre les deux pays. « Notre discussion était directe, franche et productive. La coopération grandissante entre les deux pays permettrait l’unité du monde musulman », a affirmé le ministre iranien après sa rencontre avec le prince héritier saoudien, Mohamed bin Salman, tout en insistant sur l’importance des « relations bilatérales stables dans tous les domaines, ainsi que de la sécurité et du développement pour tous dans la région ». Cette visite est un prélude à la rencontre des chefs des deux Etats. Il n’est précisé ni quand le président iranien, Ebrahim Raïssi, se rendrait en Arabie saoudite à l’invitation du roi Salmane, ni quand le prince héritier devrait lui aussi visiter l’Iran.
« Les deux puissances profitent de ces rencontres pour régler les différends qui les divisent depuis des années. Premier résultat de leur entente : l’accord sur le transporteur pétrolier qui était détenu par les Houthis en mer Rouge. Deuxième résultat, les combats au Yémen ont cessé. Il existe des négociations secrètes sur la crise yéménite dans laquelle Riyad et Téhéran sont les principaux acteurs », explique Dr Sameh Rashed, politologue au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.
Régler les différends régionaux
Mais si le réchauffement des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite suscite des espoirs d’apaisement au Moyen-Orient, certains points importants de discorde sont loin d’être réglés. « Plusieurs pays de la région souffrent toujours de crises politiques, économiques et sécuritaires en raison du bras de fer entre Riyad et Téhéran. C’est encore le cas au Liban, en Syrie, en Iraq et au Yémen. Certaines peuvent être réglées plus ou moins facilement s’il y a une entente entre les deux puissances, d’autres moins facilement », dit Rashed. Il explique ainsi qu’il est possible de mettre fin au vide politique au Liban : « L’Iran peut influencer le Hezbollah, et l’Arabie saoudite les sunnites ». La question yéménite est en revanche plus compliquée. Quant à la Syrie, si son retour à la Ligue arabe a été rendu possible par une démarche saoudienne, un règlement total est encore difficile à atteindre.
Ces trois crises étaient au centre des tensions entre l’Iran, à majorité chiite, et l’Arabie saoudite, à majorité sunnite, qui ont longtemps été à couteaux tirés. Les deux pays ont rompu leurs liens officiels en 2016 après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique, en réaction à l’exécution par Riyad d’un influent religieux chiite. En mars, Riyad et Téhéran ont annoncé le rétablissement de leurs relations diplomatiques dans le cadre d’un accord conclu sous l’égide de la Chine. L’Iran a intensifié ces derniers mois ses activités diplomatiques et s’est efforcé de nouer des liens plus étroits avec d’autres pays arabes, afin de réduire son isolement et renforcer son économie.
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