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Hydrogène vert : L’Egypte au premier rang

Racha Darwich , Jeudi, 24 août 2023

L’Egypte a franchi des pas importants sur la voie de la production de l’hydrogène vert. 11 projets sont actuellement en construction, d’une capacité de 10,3 gigawatts. Explications

Hydrogène vert : L’Egypte au premier rang

L’hydrogène vert est désormais présenté comme le carburant de l’avenir, gagnant de plus en plus d’importance dans les équations énergétiques des différents pays du monde. Selon les prévisions mondiales, il couvrira 24 % des besoins énergétiques de la planète en 2050. En Egypte, l’intérêt pour cette nouvelle source d’énergie a commencé il y a plusieurs années. Pour implanter cette industrie en Egypte et encourager les investissements dans ce domaine, le gouvernement égyptien a commencé en juillet 2021 l’élaboration de la stratégie nationale de production de l’hydrogène vert, alors qu’un projet de loi visant à présenter des incitations à l’investissement dans l’hydrogène vert est en cours d’étude et de nombreux accords avec des partenaires étrangers ont été signés. Elaborée avec la participation de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), la stratégie nationale de l’hydrogène vert s’est donné pour objectif ambitieux l’exportation de 5,6 millions de tonnes d’hydrogène vert par an, soit 8 % du marché global de l’hydrogène vert. Selon les chiffres avancés par le Centre des informations et de soutien de la prise de décision, affilié au Conseil des ministres, l’hydrogène vert devrait ajouter entre 10 et 18 milliards de dollars au PIB de l’Egypte d’ici 2050 et créer près de 100 000 nouveaux emplois. « Avec 3 000 km de côtes sur la mer Rouge et la Méditerranée, d’énormes potentiels d’énergie renouvelable, de vastes zones désertiques, la proximité des principaux marchés de consommation en Europe et une volonté politique qui accorde un intérêt particulier à ce dossier, l’Egypte possède tout le potentiel pour devenir l’un des principaux producteurs de l’hydrogène vert pour l’Europe et le monde », explique Dr Ahmed Sultan, spécialiste du pétrole et de l’énergie.

Plusieurs accords et une première usine

Dans ce contexte, l’Egypte a signé 23 mémorandums d’entente et 9 accords-cadres pour la mise en oeuvre de projets de production d’hydrogène vert et de ses dérivés en marge de la COP27 en novembre dernier. Ces mémorandums se sont transformés, début décembre 2022, en 7 protocoles d’accord sur les projets de production de l’hydrogène vert, entre le ministère de l’Electricité et des Energies renouvelables, la Société égyptienne de transport d’électricité, le Fonds souverain d’Egypte, l’Autorité générale pour le développement de la zone économique du Canal de Suez et des plateformes d’entreprises internationales et locales. Une usine a été inaugurée en novembre 2022 dans la zone économique du Canal de Suez. L’usine, la première sur le continent africain, est construite grâce à une coopération avec la Norvège, a une capacité de production de 100 MW et fonctionne à partir de sources propres et renouvelables. Sa capacité de production est d’environ 15 000 tonnes d’hydrogène vert, qui serviront de matière première pour la production de 90 000 tonnes d’ammoniac vert par an.

« L’Egypte a adopté des mesures sérieuses pour implanter l’industrie de l’hydrogène vert. C’est ainsi que le nombre de projets de production qui devraient être lancés dans la zone économique du Canal de Suez est passé à environ 15 projets. 23 accords-cadres ont été signés, dont 9 sont en cours d’application, d’un coût total de 85 milliards de dollars. Ces projets, mis en place par des entreprises internationales spécialisées dans les énergies renouvelables, visent à établir des complexes industriels pour la production de l’hydrogène et de l’ammoniac vert dans la zone industrielle d’Al-Aïn Al-Sokhna au sein de la zone économique du Canal de Suez. En plus, le gouvernement a approuvé de nouvelles incitations pour encourager les investissements verts, qui s’appliqueront aux projets actuels et futurs d’hydrogène vert », poursuit Sultan.

Incitation aux investisseurs

En effet, en mai dernier, le Conseil des ministres a approuvé un projet de loi pour présenter des incitations aux projets de production de l’hydrogène vert. Le projet présente une incitation à l’investissement de l’ordre de 33 % à 55 % du montant de l’impôt payé, en plus d’une exonération de la TVA sur les équipements, outils, machines, dispositifs, matières premières et moyens de transport.

Les efforts déployés par l’Etat ont commencé à porter leurs fruits. C’est ainsi que l’Egypte arrive au deuxième rang mondial et au premier rang régional en termes d’investissements directs étrangers de semences, selon le cabinet de recherche FDI Insight, vu le volume des investissements injectés dans les projets de production de l’hydrogène vert au cours de l’année. Par ailleurs, l’agence de notation Fitch a noté que l’Egypte est l’un des pays pionniers dans la production de l’hydrogène avec ses 11 projets en construction, d’une capacité de 10,3 gigawatts. Les prévisions de l’agence montrent également que les projets d’hydrogène vert renforceront l’attractivité de l’Egypte pour les investissements étrangers dans les sources d’énergie renouvelable. Dans ce même contexte, l’Egypte se classe 5e dans le monde arabe et l’Afrique du Nord dans l’indice de l’hydrogène vert de Fitch Solutions 2022.

Cependant, de nombreux défis doivent encore être relevés comme le montre une étude publiée par le Centre des informations et de soutien de la prise de décision du Conseil des ministres intitulée « Une feuille de route pour encourager les projets d’hydrogène vert en Egypte ». Elle explique les défis et les obstacles qui entravent la transformation des projets pilotes d’hydrogène vert en véritables projets d’investissement. L’étude résume ces obstacles en 6 principaux points et présente un large éventail de solutions pratiques, de procédures et de politiques qui peuvent être appliquées pour donner une forte impulsion aux investissements dans les projets d’hydrogène vert. Selon l’étude, il s’agirait, entre autres, d’établir une plateforme pour le financement de projets d’hydrogène vert qui comprend à la fois les entreprises, les représentants des institutions publiques et privées et les institutions de financement. Il faudrait aussi créer une demande suffisante sur l’hydrogène vert en fixant des objectifs à son utilisation, notamment celui de parvenir à la neutralité carbone. Il faut aussi assurer une large infrastructure comprenant des facilités pour le transport, le stockage et le commerce de l’hydrogène.

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