Géographiquement, l’Egypte est africaine et ses relations avec le continent remontent à des centaines d’années. En plus, le Nil est un lien éternel reliant l’Egypte à l’Afrique. Si les soucis relatifs à la sécurité hydrique de l’Egypte ont dominé le comportement de certains dirigeants égyptiens à différentes époques, la vision égyptienne envers l’Afrique a radicalement changé après la Révolution de Juillet 1952, comme l’a décrit le président Nasser dans son célèbre livre La philosophie de la révolution : « Pouvons-nous négliger qu’il existe un cercle africain et que Dieu a voulu que nous en faisons partie ? Dieu a également voulu qu’il y ait un conflit acharné sur son avenir et dont les répercussions se reflèteront sur nous, que nous le voulions ou non ». Nasser a relevé que le conflit se déroule entre les colonisateurs de l’Afrique et ses habitants autour de ses ressources. Les évolutions ont ensuite dévoilé un plan égyptien visant la libération de l’Afrique à travers le soutien diplomatique, médiatique et militaire des mouvements de libération.
Après la mort de Nasser, l’intérêt accordé à l’Afrique a reculé jusqu’à ce que Boutros Boutros-Ghali ait été nommé ministre d’Etat pour les Affaires étrangères, à la fin des années 1970 du siècle passé. Il croyait en la priorité de la dimension africaine dans la politique étrangère de l’Egypte. Pendant que Boutros-Ghali occupait ce poste, la diplomatie égyptienne concernant l’Afrique a connu un essor important jusqu’à ce qu’il ait été nommé secrétaire général des Nations-Unies en 1992. Puis, la tentative d’assassinat du président Moubarak commise en Ethiopie en 1995 a été suivie d’un manque d’intérêt présidentiel envers l’Afrique qui s’est prolongé jusqu’aux événements de Janvier 2011, provoquant la destitution du président. L’Egypte est alors entrée dans une période de désordre qui a atteint son apogée avec l’accès au pouvoir des Frères musulmans pendant une année complète. Et quand le peuple s’est révolté contre eux et que les forces armées ont dirigé la phase transitoire, l’Union africaine a suspendu l’adhésion de l’Egypte. Puis la suspension a été annulée après l’élection présidentielle que Sissi a remportée.
En moins de 10 ans a été appliquée une nouvelle vision pour retrouver la position de l’Egypte en Afrique. Quand il est question de l’activation des rôles étrangers de l’Etat, la vision est plus importante que les moyens, car l’absence de vision peut signifier que les moyens disponibles ne sont pas utilisés comme il faut, ce qui mène au gaspillage des ressources.
Avec les rôles diplomatiques importants que l’Egypte a assumés au niveau africain après son retour au sein de l’Union africaine, comme sa présidence en 2019, ses soutiens techniques se sont poursuivis, alors que les institutions éducatives égyptiennes civiles et militaires accueillent des étudiants africains. Aujourd’hui, de nombreux étudiants africains suivent leurs études dans les universités égyptiennes, phénomène presque absent dans le passé. En plus, l’Académie militaire Nasser et l’Académie de la police assument un rôle important dans la formation des cadres africains. La force douce de l’Egypte, représentée par le secteur des constructions, poursuit actuellement la construction du barrage Julius Nyerere en Tanzanie. Ajoutons à cela un grand nombre d’initiatives égyptiennes importantes comme la route Le Caire-Le Cap et le projet visant à relier les Grands Lacs à la Méditerranée.
En outre, l’Egypte est présidente du NEPAD pour deux ans et a déposé sa candidature pour devenir membre du Conseil africain de paix et de sécurité. Tout ceci prouve que l’Egypte prend au sérieux son rôle en Afrique : le président a visité l’Angola avant le sommet du COMESA et après le sommet, il a effectué la première visite d’un président égyptien au Mozambique. Il a également rencontré les présidents du Kenya et du Malawi en marge du sommet. Au cours de ces rencontres ont été discutés les horizons prometteurs de l’approfondissement des relations égypto-africaines : l’échange commercial, l’investissement et la lutte contre le terrorisme qui constitue une menace réelle pour la sécurité de l’Afrique. Dans tous ces domaines, l’Egypte possède des capacités lui permettant de soutenir l’Afrique.
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