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Barrage de la Renaissance : Un accord à l’horizon ?

Chaïmaa Abdel-Hamid , Jeudi, 20 juillet 2023

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi et le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, se sont entretenus cette semaine au Caire, en marge du sommet des pays voisins du Soudan. Ils ont convenu de finaliser un accord sur le barrage de la Renaissance d’ici quatre mois.

Barrage de la Renaissance : Un accord à l’horizon ?

Une nouvelle lueur d’espoir a émergé cette semaine après la rencontre entre le président Abdel-Fattah Al-Sissi et le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, en marge du sommet des pays voisins du Soudan. Au cours de leurs entretiens, les deux dirigeants ont convenu d’engager des négociations urgentes pour finaliser un accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage de la Renaissance. Dans une déclaration commune, ils ont annoncé qu’ils déploieraient « les efforts nécessaires pour parvenir à un accord dans les quatre mois à venir ». L’Ethiopie a renouvelé son engagement à ne pas porter atteinte à la part de l’Egypte et du Soudan dans les eaux du Nil en remplissant le barrage. Le Caire et Addis-Abeba ont exprimé leur volonté de surmonter l’impasse de longue date et de rechercher une solution à l’amiable pour répondre aux préoccupations sur la pénurie d’eau et l’impact du barrage sur les pays en aval.

Ce n’est pas tout, deux jours après cette rencontre, le premier ministre éthiopien a publié sur son compte Twitter un message de réconfort, selon lequel l’Ethiopie « n’envisage pas de causer du tort aux pays frères du bassin du Nil ». « La volonté de l’Ethiopie d’honorer cet engagement n’a jamais été aussi forte », a déclaré Abiy Ahmed, notant que l’un des avantages de ce barrage est qu’il fournit des quantités suffisantes d’eau pour aider toutes les parties en cas de sécheresse. « Nos besoins en matière de développement ont redoublé en raison de la croissance démographique, ce qui pousse l’Egypte et l’Ethiopie à travailler ensemble pour réaliser le développement durable et construire un véritable partenariat », a-t-il ajouté.

Plus tôt en juillet, Abiy Ahmed a annoncé dans un discours devant le parlement éthiopien que le 4e remplissage du barrage sera prolongé jusqu’à fin août ou début septembre pour répondre aux besoins des pays en aval. Il a également annoncé que l’Ethiopie était prête à reprendre les pourparlers avec l’Egypte et le Soudan pour résoudre le différend. Des propos qui, pourtant, ne soulagent pas les experts égyptiens qui ne voient aucun pas sérieux de la part d’Addis-Abeba, surtout que ce 4e remplissage, en vertu duquel l’Ethiopie va stocker entre 20 et 25 milliards de m3 d’eau, est le plus grand réalisé jusqu’à présent.

Cette rencontre entre le président égyptien et le premier ministre éthiopien représente pourtant une avancée significative sur la longue voie des négociations lancée en 2011 et gelée depuis avril 2021. Les deux responsables se sont croisés sans tenir des entretiens officiels lors du sommet « Pour le nouveau pacte de financement mondial » à Paris tenu le mois dernier, et lors de la COP27 à Charm Al-Cheikh en novembre 2022. Ils s’étaient également rencontrés en octobre 2019 à Sotchi, en marge du sommet Russie-Afrique.

Nouvelle percée

Mohamed Hégazi, ancien vice-ministre des Affaires étrangères pour les affaires africaines, salue l’annonce d’un accord d’ici quatre mois. « C’est une étape positive vers le règlement des problèmes en suspens et le rétablissement de la confiance entre l’Ethiopie et les pays en aval. L’Egypte a constamment démontré son engagement à respecter le droit au développement de l’Ethiopie, tout en soulignant la nécessité de défendre ses droits historiques et ceux du Soudan. Mais le développement en Ethiopie ne peut être poursuivi s’il nuit aux intérêts de l’Egypte et du Soudan ou s’il leur cause du tort », explique Hégazi. Et d’ajouter : « Le fait qu’un délai a été fixé pour la conclusion d’un accord montre le sérieux de cette décision. C’est donc une lueur d’espoir à laquelle nous sommes attachés ».

Hégazi assure que ces négociations concernent autant l’Egypte que le Soudan, qui ont les mêmes revendications et les mêmes objectifs. « Quand le président Sissi s’était entretenu avec le premier ministre Abiy Ahmed, il l’a fait au nom des deux pays en aval. Malgré les troubles que vit le Soudan, une délégation du gouvernement soudanais participera sans doute à ces négociations une fois lancées », souigne-t-il.

L’expert hydrique Nader Noureddine se dit méfiant vis-à-vis des intentions éthiopiennes. « Les agissements éthiopiens depuis plus de 10 ans n’ont jamais permis d’avancer sur le dossier du barrage, ce qui laisse planer des doutes sur les intentions réelles d’Addis-Abeba. Pourquoi les Ethiopiens n’ont-ils pas appelé à ces négociations avant le début du 4e remplissage ? », s’interroge Noureddine. « Le fait que les trois parties se réunissent pour des négociations ne suffit pas. L’Ethiopie doit signer un accord avec ses voisins en aval sur le fonctionnement et les futures étapes de remplissage, pour que l’on puisse parler de bonnes intentions et d’une réelle coopération », conclut-il.

La décision d’engager des négociations accélérées marque sans aucun doute une étape importante dans le règlement du différend entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan sur le barrage éthiopien de la Renaissance. Mais ce règlement ne pourra avoir lieu qu’en présence d’une réelle volonté de toutes les parties de surmonter l’impasse qui persiste depuis des années.

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