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Double impact sur la sécurité alimentaire

Ghada Ismaïl, Mercredi, 19 juillet 2023

Insécurité alimentaire interne, risques pour les pays importateurs : le conflit au Soudan touche de plein fouet le marché de l’alimentation dans la région.

Double impact sur la sécurité alimentaire

« La situation dangereuse à laquelle le Soudan est actuellement confronté ne nuira pas seulement à la sécurité alimentaire du pays, mais aussi à celle des pays arabes », a averti Ahmad Aboul-Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, en appelant à une intervention arabe et internationale immédiate pour sauver la saison agricole au Soudan. Quatre mois après le déclenchement de la crise, les combats ont contribué à la perturbation des projets agricoles, à l’arrêt du transport des marchandises, tout en entraînant une hausse des prix des produits alimentaires.

Mais quelle est l’importance du Soudan pour la sécurité alimentaire régionale ? Le Soudan est d’une grande importance pour les pays arabes qui cherchent à atteindre la sécurité alimentaire. Le Soudan possède environ 200 millions d’acres de terres arables, soit environ les deux tiers de sa superficie. Les principales productions agricoles du Soudan sont le blé, le coton, les haricots, le maïs et le sésame.

En plus, les ressources hydriques sont abondantes au Soudan. Dans ce pays, la richesse en eau est estimée à 433,5 milliards de m3, dont 400 milliards de m3 proviennent uniquement de l’eau de pluie. Cette abondance de ressources a incité de nombreux pays de la région qui souffrent d’une sorte d’insécurité alimentaire à investir dans la sécurité alimentaire au Soudan, que ce soit par l’importation de viande vivante ou congelée et des céréales alimentaires, ou par la création des fermes sur les terres soudanaises. En tête de ces pays figurent l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte. Par ailleurs, le Soudan est une source essentielle de viande pour de nombreux pays arabes et africains. En effet, le Soudan se classe premier au niveau arabe et africain et 6e au niveau mondial, avec une richesse de 103 millions de têtes : 30 millions de vaches, 37 millions de moutons, 33 millions de chèvres, 3 millions de chameaux, en plus de 45 millions de volailles, et une richesse halieutique estimée à environ 100 000 tonnes. Bref, l’agriculture et l’élevage représentent environ 25 % du PIB.

La crise a entraîné une baisse du volume de viande soudanaise exportée. Ce qui représente une pression sur les économies des pays importateurs. En effet, le volume des importations d’animaux vivants de l’Arabie saoudite est estimé à environ 7 millions de têtes par an, dont 65 % proviennent du Soudan. L’Egypte importe environ 200 000 têtes de bétail par an et environ 4 000 tonnes de viande du Soudan, ce qui représente environ 10 % de ses besoins en bétail et en viande vivante. En plus, le Soudan du Sud et l’Afrique centrale dépendent à 70 % des produits alimentaires en provenance du Soudan.

Tous ces pays devront aujourd’hui trouver une alternative au Soudan afin de pouvoir répondre aux besoins locaux de leurs citoyens et couvrir le déficit alimentaire créé par la crise soudanaise. Par ailleurs, selon l’Onu, la crise actuelle au Soudan a aggravé une situation d’insécurité alimentaire déjà désastreuse dans la région. Avant l’escalade du conflit, 30 % de la population du pays avaient besoin d’aide humanitaire et plus de 11 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë ou incapables d’obtenir suffisamment de nourriture. En outre, selon des estimations, une personne meurt de faim toutes les 36 secondes en Ethiopie, au Kenya et en Somalie, au moment où 48 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë en Afrique centrale et de l’Ouest, 37 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique et 18,6 millions de personnes dans la région du Sahel.

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