Le président Abdel-Fattah Al-Sissi : « Trouver une solution globale pour la crise soudanaise »
Ce sommet se tient à un moment historique et déterminant dans l’histoire du Soudan qui traverse une crise profonde. Celle-ci aura des répercussions négatives sur la sécurité et la stabilité de la région, du monde et en particulier sur les pays voisins qui sont les plus touchés et plus connaisseurs des complexités de la crise. La vision de l’Egypte pour sortir le Soudan de son impasse actuelle repose sur 4 éléments principaux : appeler les parties belligérantes à stopper l’escalade du conflit et à entamer sans délai des négociations sérieuses, faciliter l’accès à l’aide humanitaire et établir des couloirs sûrs, lancer un dialogue incluant les parties soudanaises avec la participation des forces politiques et civiles, ainsi que des représentants des femmes et des jeunes, afin d’amorcer un processus politique global. Autre élément : élaborer un mécanisme de contact pour mettre en place un plan d’action exécutif en vue de parvenir à une solution globale à la crise soudanaise.
Le président sud-soudanais, Salva Kiir Mayar : « Trouver des solutions africaines aux problèmes africains »
Ce sommet arrive à un moment sensible et critique pour nous. Notre priorité est de trouver des solutions africaines aux problèmes africains. Le plus important est de ne pas ignorer la voix du peuple soudanais lors de l’examen des moyens de mettre fin à ce conflit. J’appelle donc à élargir la portée de l’initiative de l’IGAD pour inclure des représentants du peuple soudanais et des pays voisins qui souffrent également des effets de la crise humanitaire générée par le conflit. Nos discussions au sommet ne peuvent être complètes si on n’aborde pas la situation humanitaire. Je profite de cette occasion pour appeler la communauté internationale à présenter les ressources nécessaires pour affronter cette crise humanitaire.
Le président érythréen, Isaias Afwerki : « Empêcher toute forme d’ingérence extérieure »
Ce sommet constitue une opportunité pour entamer une action collective afin de sécuriser le climat au Soudan, pour que tous les pays voisins puissent jouir de la stabilité. Je le répète : sécuriser le climat veut dire empêcher toute ingérence extérieure sous quelque prétexte que ce soit, humanitaire ou militaire, afin d’éviter d’alimenter la guerre. L’initiative égyptienne est une bonne initiative, mais elle marque le début d’un très long chemin. Car la transition de la situation dans laquelle vit le peuple soudanais vers la paix prendra du temps, des efforts et des capacités. Il faut poser des mécanismes clairs avec des références pratiques. Je le répète une autre fois : sans ingérence extérieure.
Le président de la République centrafricaine, Faustin Touadéra : « La sécurité et la paix régionales sont étroitement liées à la paix et à la sécurité au Soudan »
Le conflit armé au Soudan nous éloigne davantage chaque jour de l’objectif : faire taire les armes d’ici 2063, et entrave le développement économique de nos pays. Ce sommet montre que nous accordons une priorité à cet objectif de restaurer la paix au Soudan dans le respect de nos principes et de notre véritable identité africaine. Les répercussions de la guerre au Soudan dépassent les frontières, et nous les sentons en République centrafricaine, à 8 200 km de notre frontière avec le Soudan. Nous avons accueilli une vague de déplacement s’élevant à 14 000 personnes. La sécurité et la paix régionales sont étroitement liées à la paix et à la sécurité au Soudan.
Le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed El-Menfi : « Unifier toutes les initiatives de paix »
Ce qui nous a poussés à nous réunir, ce n’est pas seulement la peur des effets négatifs qui affecteront nos pays et nos peuples à la suite de cette guerre et du conflit qui en découle, mais c’est plutôt la peur pour l’avenir du Soudan, de son peuple et de son intégrité territoriale. Le nombre de personnes déplacées a augmenté pour atteindre près de 3 millions de personnes déplacées, dont près de 700 000 se trouvent dans les pays voisins, sans parler de la destruction de l’infrastructure, du manque de nombreux services humanitaires et de l’interruption des communications. J’appelle à concentrer nos efforts pour unifier toutes les initiatives de paix, afin de créer un consensus global. Il faut mobiliser nos efforts pour contenir les effets humanitaires d’une manière qui n’influence pas la stabilité interne des pays voisins du Soudan, surtout les pays qui souffrent des conditions sécuritaires et politiques particulières, comme mon pays, la Libye.
Le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmad Aboul-Gheit : « Les pays voisins doivent être au coeur des processus et des négociations en cours »
Restaurer la sécurité et la stabilité au Soudan est l’une des priorités principales de la Ligue arabe. Depuis le début de la crise, la Ligue arabe a organisé plusieurs réunions pour discuter les moyens, afin de régler cette crise en coordonnant les efforts avec l’UA et les organisations humanitaires compétentes. Il existe de nombreux déterminants de la position arabe concernant la crise au Soudan, qui peuvent aider dans les mécanismes d’une solution régionale à la crise, dont les plus importants sont : la préservation des institutions étatiques soudanaises, l’opposition à toute intervention extérieure, le soutien au rôle des pays voisins et la fourniture d’une assistance à ces pays pour surmonter les grands défis sécuritaires et humanitaires de la crise. C’est pourquoi les pays voisins doivent être au coeur des processus et des négociations en cours pour désamorcer la crise. La Ligue arabe a lancé une initiative urgente pour sauver la saison agricole soudanaise.
Le président tchadien, Mahamat Déby : « Le droit à la stabilité n’a pas de prix »
Le pays du Tchad souffre de graves conséquences à cause de la crise en cours au Soudan. En une semaine dans l’est du Tchad, nous avons accueilli plus de 150 000 personnes, principalement des femmes et des enfants qui ont fui les combats. Cette dernière vague vient s’ajouter aux 600 000 réfugiés soudanais qui se trouvent au Tchad depuis 20 ans suite à la crise du Darfour. Il faut éviter les répercussions de cette guerre. Car le grand nombre de réfugiés a des répercussions négatives sur les ressources. C’est pourquoi nous avons reçu au Tchad les deux généraux soudanais, afin de parvenir à une solution pacifique. Le droit à la stabilité n’a pas de prix.
Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed : « Créer une plateforme de dialogue »
J’aurais espéré que nous nous rencontrerons pour discuter des questions de développement, et bien sûr, pour le faire, nous devons examiner les crises actuelles. Bien que nous ayons célébré en 2020 un nouveau début pour la démocratie au Soudan, ce pays se glisse aujourd’hui vers le chaos. Malheureusement, cette joie s’est estompée, et maintenant, nous assistons à un conflit politique violent qui a provoqué des centaines de morts et des vagues de destruction et de déplacement. L’absence de plateformes de dialogue a été bien sûr l’une des principales raisons de l’éclatement de ce conflit. Je voudrais souligner que le sommet du Caire et ses conclusions doivent rejoindre tous les mécanismes et initiatives menés par l’Union africaine, qui peuvent créer des canaux par lesquels on peut faire réussir le chemin vers la paix au Soudan.
Le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki :« Les parties concernées sont pleinement disposées à jouer leur rôle »
Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a exigé un cessez-le-feu rapide et un retour à la table des négociations, afin de parvenir à une solution pacifique à la crise. Le rôle joué par les pays voisins est très important, nous avons négocié avec chacun de ces pays pour trouver une solution et faire face aux effets de cette crise dont, en premier lieu, le déplacement de centaines de milliers de personnes qui aspirent à la paix. Nos efforts doivent être coordonnés avec les institutions régionales et les pays voisins du Soudan. Chacun de nous doit jouer un rôle, afin d’éviter que le Soudan se glisse vers le chaos. A cet égard, l’UA est prête à mener à bien son travail et toutes les parties concernées sont disposées à jouer pleinement leur rôle.
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