Trois semaines après leur fameuse poignée de main à Paris, le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi et le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, se sont réunis à nouveau au Caire, mercredi et jeudi, pour discuter de la crise soudanaise, des relations bilatérales et du contentieux autour du barrage éthiopien sur le Nil bleu.
L'annonce majeure issue de ces discussions est l'engagement d'entamer des négociations accélérées en vue de finaliser un accord entre les trois pays concernant le remplissage du Grand barrage de la Renaissance (GERD) et les règles de son exploitation.
Selon un communiqué conjoint publié jeudi, « les deux pays se sont engagés à déployer tous les efforts nécessaires pour parvenir à un accord dans un délai de seulement 4 mois ».
« Durant cette période de négociations, l'Ethiopie s’engage à remplir le GERD au cours de l'année hydrologique 2023-2024, sans causer de préjudice significatif à l'Egypte et au Soudan, de manière à répondre aux besoins en eau des deux pays et à préserver leurs intérêts respectifs », ajoute le texte.
Cette décision revêt une importance capitale alors que l'Ethiopie se prépare à une quatrième phase de remplissage du barrage, sans coordination avec les deux pays en aval, l'Egypte et le Soudan.
Lors de leur rencontre, les deux dirigeants ont réaffirmé « leur volonté politique mutuelle de renforcer les relations bilatérales entre leurs deux pays sur les plan politique, économique et culturel », ajoute le texte.
Ils ont souligné leur désir commun de réaliser leurs intérêts mutuels et d'assurer la prospérité de leurs peuples respectifs, tout en contribuant à la stabilité, à la paix et à la sécurité de la région.
Le GERD fait l’objet de tension entre l'Egypte et l’Ethiopie depuis plusieurs années. L’Egypte craint une réduction de sa part dans les eaux du Nil, ce qui entraînerait des perturbations économiques importantes, d’où les tensions diplomatiques entre Le Caire et Addis-Abeba.
Les négociations sont gelées depuis avril 2021 après l'échec de la médiation de l'Union africaine pour résoudre le conflit, ce qui a poussé l'Egypte à se tourner vers le Conseil de sécurité, qui a émis une « décision présidentielle » appelant à accélérer les négociations et à parvenir à un accord satisfaisant toutes les parties.
Certains médias émiratis avaient fait état, peu avant la réunion de jeudi, d’une avancée résultant d’une médiation secrète menée par la Russie et l'Afrique du Sud, deux pays qui entretiennent des relations étroites avec l'Egypte tout en ayant une influence considérable sur Addis-Abeba, pour mettre fin à ce différend de longue date. L'Hebdo n'a pas été en mesure de confirmer une telle médiation ; cependant, une source gouvernementale a affirmé que Le Caire souhaiterait reprendre les discussions, sur la base de ce qui a été conclu préalablement en vue d’arrêter les mesures unilatérales.
Jusqu’à présent, l'Egypte maintient sa position selon laquelle un accord juridiquement contraignant sur le remplissage et le fonctionnement du barrage est nécessaire pour garantir une exploitation équitable, tandis que l'Ethiopie, estimant qu'aucun préjudice ne sera causé à l’Egypte par le barrage, estime que des recommandations suffisent et souhaite maintenir son approche unilatérale.
Abiy Ahmed était au Caire pour assister au Sommet des Etats voisins du Soudan, sur invitation de Sissi.
La rencontre qui a rassemblé jeudi les sept pays voisins du Soudan avait pour but d’examiner les moyens de mettre fin au conflit armé actuel et à adresser ses répercussions négatives sur le voisinage.
Elle intervient deux jours après une réunion, à Addis-Abeba, de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), un bloc de pays d'Afrique de l'Est qui a tenté en vain de convaincre les belligérants du Soudan à signer un accord de cessez-le-feu, pour une durée indéterminée.
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